SAINTENAC Étienne, Jean

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 15 février 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 3 mai 1945 à Lübeck (Allemagne) ; professeur agrégé de philosophie ; résistant déporté.

Fils de Julie Ceccaldi et de Daniel Saintenac (1882-1917), il ne connut pas son père. Pasteur protestant, nommé au Cailar (Gard) de 1908 à 1911, ce dernier s’occupa de “La Gerbe“ (Association générale de la Jeunesse chrétienne-protestante) à Montpellier, puis officia à Lagarde-Barry d’Islemade (Tarn-et-Garonne), jusqu’à sa mobilisation en août 1914. Prisonnier durant deux mois en Saxe, il repartit au front comme infirmier puis aumônier volontaire et trouva la mort le 21 août 1917 à Oeuilly (Marne), tué par un obus.

Étienne Saintenac, pupille de la Nation, effectua ses études secondaires aux lycées Saint-Charles puis Thiers à Marseille, fit sa khâgne au lycée du Parc à Lyon. Admissible à l’École normale supérieure, il obtint une bourse de licence et commença à préparer à Strasbourg l’agrégation de philosophie à laquelle il fut admissible en 1939.

Mobilisé en septembre 1939 dans un régiment de chasseurs à pied, il fut démobilisé comme aspirant à l’été 1940. En octobre 1940, il obtint un poste de professeur délégué au lycée de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il participa avec André Paquot à la création d’un groupe de résistance en 1941 et devint coresponsable du mouvement "Combat". Arrêté en mai 1942 par la police pour "activité patriotique", soupçonné de gaullisme, il passa les épreuves écrites de l’agrégation de philosophie surveillé par un inspecteur de police. Libéré, reçu 6e (la même année que Jean Lecanuet et Maurice Clavel), il fut nommé au lycée de Nîmes (Gard) en octobre 1942.

Toujours membre de "Combat", il devint chef départemental de l’Armée Secrète en mai 1943. Recherché, il alla se cacher durant quelques semaines en Suisse puis reprit son enseignement à Nîmes. Il remplaça le docteur Georges Salan, arrêté le 7 février, à la tête des Mouvements unis de la Résistance en mars 1944.

Arrêté par la Gestapo le 28 mars 1944, transféré à Marseille, puis à Compiègne, le 28 mai, déporté au camp de Neuengamme (matricule 33623) le 4 juin, il mourut lors du bombardement par l’aviation alliée du paquebot "Cap Arcona" qui le transportait avec d’autres déportés en rade de Lübeck, le 3 mai 1945.

Il laissa des poèmes, dont un consacré aux Camisards.

En 1948, le ministère de l’Éducation nationale le proposa pour une citation à l’Ordre de la Nation (3 juin 1949) et pour le grade de chevalier de la Légion d’honneur (3 août 1949). Diverses attestations jointes à son dossier de demande à titre posthume en 1948 évoquent ses actions, notamment dans le service de passage clandestin vers l’Espagne. Un boulevard porte son nom à Nîmes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172565, notice SAINTENAC Étienne, Jean par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 27 avril 2015, dernière modification le 29 avril 2015.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F 17/16084. — Témoignage de Madame de Micheaux, sœur d’E. Saintenac, document fourni pour le colloque organisé à Paris au Palais du Luxembourg (19-21 novembre 1992), « Les protestants durant la Seconde Guerre mondiale », suppl. au Bulletin de l’histoire du protestantisme, n°3, juillet-août 1994. — Grossi Roger, Un homme libre : Etienne Saintenac, résistant, philosophe, poète, Nîmes, Ed. Lacour-Colporteur, 1996. — La Résistance dans le Gard, CDrom de l’Association Mémoire et Résistance en partenariat avec l’AERI, 2009.

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