ROTHÉ Edmond, Ernest, Antoine

Par Léon Strauss

Né le 13 octobre 1873 à Paris, mort le 28 août 1942 à Lezoux (Puy-de-Dôme) ; universitaire à Strasbourg ; membre fondateur de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) à Strasbourg, du Cercle Jean Macé, du CVIA, président du Rassemblement (Front) populaire du Bas-Rhin en 1936.

Son père, militaire de carrière, et sa mère étaient originaires de Strasbourg mais avaient choisi de s’installer à Paris pour éviter l’annexion allemande après 1870. Edmond fut donc élevé dans le milieu des Alsaciens optants établis à Paris. Il savait l’allemand et parlait le dialecte alsacien. Il passait ses vacances en Alsace, chez son oncle pasteur. Il fit ses études secondaires au lycée Henri IV et ses études supérieures de mathématiques et de physique à la Sorbonne.

Agrégé de sciences physiques en 1899, il enseigna aux Facultés des Sciences de Grenoble(1903-1905), puis de Nancy, où il devint professeur titulaire de Physique générale (1910). Il s’y spécialisa dans l’étude de l’atmosphère et dans celle des tremblements de terre. Mobilisé de 1914 à 1919, il termina la guerre comme sous-lieutenant du génie, chef du service aéronautique de la direction des inventions du ministère de l’Armement. En janvier 1919, à sa demande, il fut nommé professeur de physique du globe à Strasbourg, chargé de la direction du Service météorologique d’Alsace et de Lorraine, président de l’association internationale de séismologie. Il fut le doyen très énergique de la Faculté des Sciences (1929-1935).

Il avait été en 1919, l’un des fondateurs de la section de Strasbourg de la Ligue des droits de l’Homme et , en 1927, du Cercle Jean Macé de la Ligue de l’Enseignement, qu’il présida jusqu’en 1929. Sans appartenir à un parti politique, il fut président de la section de Strasbourg du Comité des intellectuels antifascistes créée en 1934. Il s’attira beaucoup d’hostilité à l’université et en dehors d’elle en devenant président du Comité départemental du Rassemblement (Front) populaire du Bas-Rhin, qui organisa notamment une grande manifestation le 14 juin 1936 pour célébrer l’arrivée au pouvoir du gouvernement de Léon Blum. On vit Edmond Rothé en tête du défilé, aux côtés du syndicaliste CGT Joseph Mohn*. Le 12 août il présida dans la salle de l’Aubette un meeting de soutien à l’Espagne républicaine : la salle déborda sur l’escalier. Replié avec son université à Clermont-Ferrand en 1939, il fut mis à la retraite le 24 juin 1941 avec effet immédiat dans des conditions peu élégantes : le secrétaire d’Etat à l’Education nationale, J. Carcopino, lui interdit en effet de faire passer les examens à ses derniers étudiants et lui refusa le titre de professeur honoraire. Rothé payait ainsi ses engagements politiques passés. L’honorariat lui fut attribué à titre posthume après la Libération par René Capitant.

Il avait épousé la fille d’Émile Tilly, graveur sur bois. Le couple eut trois enfants.
Légion d’honneur : chevalier à titre militaire (1918), officier(1929).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172575, notice ROTHÉ Edmond, Ernest, Antoine par Léon Strauss, version mise en ligne le 25 mai 2015, dernière modification le 18 novembre 2022.

Par Léon Strauss

SOURCES : Arch. Dép. du Bas-Rhin, dossier Rothé. — G. Dubois, "La vie et l’oeuvre d’Edmond Rothé, géophysicien", extrait des Annales de l’Institut de Physique du Globe de Strasbourg, 1948, p.71-79. — Bulletin hors série 1936 en Alsace, Institut d’histoire sociale CGT Alsace, 1986, p. 41. — Nouveau Dictionnaire de Biographie alsacienne. — Notes de Françoise Olivier-Utard.

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