SANSONETTI Etienne, Marie, Octave

Par Pierre Bonnaud

Né le 2 février 1908 à Saint-Etienne-de-Lugdarès (Ardèche), mort le 12 décembre 1998 à Aubenas (Ardèche) ; instituteur ; militant de la FUE (CGTU), puis du SNI (CGT), secrétaire départemental de 1937 à 1939 (tendance Ecole émancipée) puis du SNI (FEN) ; militant SFIO de 1934 à 1956 ; conseiller municipal puis maire de Lalevade-d’Ardèche de 1965 à 1971.

Le père d’Etienne Sansonetti, Jean, Etienne Sansonetti, était gendarme, sa mère née Eugénie, Sabine Martin, ménagère. Selon leur fils Etienne, le couple n’était pas d’un catholicisme fervent, ni politisé. Cependant Etienne Sansonetti fut baptisé et fit sa première communion. Enfant, à partir de douze ans, pendant les vacances, il participait à des travaux saisonniers pour faire entrer un supplément d’argent dans la famille : berger, ouvrier dans une tuilerie (à Lussas, il gagnait 10 francs par jour), ouvrier agricole (fenaisons, vendanges dans le sud du département).

Elève au collège municipal de Privas, il prépara en seconde le concours d’entrée à l’Ecole normale d’instituteurs de l’Ardèche et devint élève-maitre de 1925 à 1928. Il eut notamment comme professeur Elie Reynier qui l’influença. Cependant, pendant ses années de formation, Etienne Sansonetti était surtout un passionné de sport et de rugby.

En 1928, il fut affecté à Sainte-Eulalie, village du plateau ardéchois, pour son premier poste. Il partit faire son service militaire et fut ensuite nommé à Saint-Julien-du-Gua puis Lavilledieu où il rencontra une jeune institutrice, Yvonne Bonnet, qu’il épousa en 1932 (voir Yvonne Sansonetti*). Le couple occupa ensuite des postes-double à Lachamp Raphaël, Beaumont, Chazeaux, La Souche.

En 1931, adhérent à la FUE-CGTU, Etienne Sansonetti participa à une première réunion du courant « majorité fédérale » (future « Ecole émancipée ») à Saint-Germain (Ardèche). Il rencontra Gilbert Serret. Leur entente fut immédiate. Serret orienta son ami sur la voie du syndicalisme révolutionnaire. L’antistalinisme et l’antifascisme de Serret, qui allait de pair avec un pacifisme ardent, fut pour Sansonetti une révélation.

Les événements de février 1934, la menace fasciste qui se précisait, poussèrent de l’avant Etienne Sansonetti et son épouse dans leurs engagements. Ils participèrent au comité antifasciste local et deux mois avant la victoire électorale du Front populaire, Etienne Sansonetti adhéra au Parti socialiste SFIO. En 1937, il devint secrétaire départemental du Syndicat national des instituteurs qui s’était réunifié au sein de la CGT (l’ancien courant « majorité fédérale » de la CGTU était resté majoritaire en Ardèche et le demeura jusqu’à l’entrée en guerre en 1939. Durant la guerre d’Espagne, les Sansonetti participèrent à l’accueil des réfugiés républicains.

Le jour même où s’ouvrait la conférence de Munich (29 septembre1938) Etienne Sansonetti fut mandaté par l’assemblée générale de la section syndicale pour envoyer un télégramme à Hitler-Mussolini-Chamberlain-Daladier : « sauvez la paix ! » Le 30 novembre, il participa à la grève générale contre les décrets-lois Daladier et fut sanctionné de 8 jours de suspension de traitement avec 258 instituteurs et institutrices du département dont le journal syndical publia les noms dans un « tableau d’honneur ».

Mobilisé en septembre 1939 dans les tirailleurs algériens, puis exempté pour une sévère blessure au pied, Etienne Sansonetti fut affecté en mai 1940 dans un régiment de cavalerie à Orange (Vaucluse) et envoyé sur le front en Alsace. Dans le mouvement de retraite de l’armée française, son régiment se retrouva au Puy-en-Velay (Haute-Loire) puis à Bourg-en–Bresse (Ain) où il dut affronter le mitraillage de l’aviation italienne. (le colonel, furieux de voir ses soldats s’égayer, s’était écrié en direction de Sansonetti : « Si vous n’avez pas plus de courage, vous n’avez qu’à faire instituteur ! »).

Après sa démobilisation, Etienne Sansonetti et son épouse furent déplacés d’office à l’automne 1940, par le régime de Vichy : d’abord à Saint-Barthélémy-le-Plain, dans le Nord de l’Ardèche, puis à Vialas-Lavès en Lozère. Ils continuèrent de correspondre avec prudence avec leurs amis Serret, eux aussi déplacés d’office. En février 1943, ils reçurent une dernière lettre de Gilbert Serret où celui-ci déclarait se sentir « en résidence surveillée » à Balazuc, localité de l’Ardèche où les Serret avaient pu se faire nommer. Lorsqu’il apprit la mort de Gilbert Serret intervenue le 30 juin 1943, Etienne Sansonetti fit un trajet de plus de deux cents kilomètres à vélo pour se rendre aux obsèques de son ami à Ruoms (Ardèche).

A Vialas, les Sansonetti rendirent des services à la Résistance locale.Yvonne Sansonetti participa aux activités du Mouvement de Libération nationale et accueillit des enfants juifs dans le cadre d’une filière de protection. D’août 1944 à février 1945, Etienne Sansonetti fit partie du Comité de libération de Vialas où il fut responsable du ravitaillement. Le couple regagna ensuite l’Ardèche, obtint un poste double à Lalevade d’Ardèche où il se fixa définitivement.

Le 15 avril 1945, Etienne Sansonetti représenta (avec Yvonne Issartel) les instituteurs syndiqués de l’Ardèche au premier congrès d’après-guerre de l’UD-CGT Drôme-Ardèche, à Valence. Il continua de militer dans la tendance « Ecole émancipée » au sein du syndicat après la scission de 1947-1948 et la constitution de la Fédération de l’Éducation nationale mais s’effaça derrière les prises de responsabilités plus importantes de son épouse. Il s’occupa de l’animation sportive de son village, devint président-secrétaire du « Lalevade Sportif », responsable de l’Union sportive de l’enseignement primaire.

En 1956, en désaccord profond avec la politique de Guy Mollet en Algérie, il quitta le Parti socialiste SFIO. En mars 1965, il conduisit sans être adhérent à un parti une liste d’union de la gauche aux élections municipales, devint maire de Lalevade jusqu’en 1971. Il conserva un mandat de conseiller municipal jusqu’en mars 1977.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172584, notice SANSONETTI Etienne, Marie, Octave par Pierre Bonnaud, version mise en ligne le 27 avril 2015, dernière modification le 31 janvier 2022.

Par Pierre Bonnaud

SOURCES : L’Emancipation, bulletin de la section ardéchoise du SNI, (1920-1939 et 1944-1992). — Questionnaire renseigné : entretien et courriers avec l’intéressé. — Etat-civil (mairie de Saint-Etienne-de-Lugdarès). — Notes de Jacques Girault.

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