SANTUCCI Jacques, François

Par Gérard Leidet

Né le 19 août 1893 à Toulon (Var), mort le 19 juin 1945 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; instituteur dans les Bouches-du-Rhône ; militant du SNI ; historien local et provençaliste.

Fils d’un préposé des douanes, originaire de Pietralba (Corse), Jacques Santucci poursuivit ses études à l’École normale d’instituteurs d’Aix-en-Provence dont il sortit major de sa promotion en 1914. Après la Grande guerre, il fut nommé instituteur à Roquevaire (Bouches-du-Rhône) et adhéra au syndicat. Indiqué comme sergent major au troisième régiment d’Infanterie, il se maria le 19 août 1919 à Digne (Alpes-de-Haute-Provence) avec Marie, Marguerite, Michel, sans profession, originaire d’une commune voisine de Digne. En 1921, il obtint sa mutation pour le village voisin de La Bouilladisse, comme instituteur adjoint d’abord, puis en 1926 il devint directeur de l’école primaire du boulevard de la gare.

Secrétaire de mairie, il animait la sous-section du Syndicat national (CGT) de Roquevaire dont le délégué cantonal était Lombard, enseignant à Auberge-Neuve, un hameau voisin du Bassin minier.

Passionné par son métier, fier de la réussite de ses élèves, il organisait des cours du soir gratuits afin d’aider les familles étrangères, très nombreuses dans le bassin minier, à s’intégrer au village : « J’ai essayé de cheviller dans l’âme des petits provençaux qui m’étaient confiés leur attachement à ce coin de France qui les a vu, parfois, naître et grandir… », écrivait-il alors dans son journal. Son enseignement, très apprécié, était novateur, précédant en cela celui d’Eugène Costa, instituteur au début des années 1930 à Auberge-Neuve, adepte des techniques Freinet et futur secrétaire général de la section du Syndicat national des instituteurs (1950-1953). Il intégrait notamment dans son travail de classe l’étude de la langue et de la culture provençale. Il lui arrivait en effet de participer avec ses élèves aux fêtes de villages environnants. Ainsi en 1934, à l’occasion d’une manifestation artistique organisée à Gémenos par le Syndicat d’initiative de la vallée de Saint-Pons, avec le concours du : ”Calen de Marselha” (“La lampe à huile de Marseille”), foyer de culture provençale fondé en 1925 et dirigé par son ami Jòrgi Reboul, sa classe obtint onze prix (médailles, « cigales », fleurs en argent, « gâteries » etc.) dans le concours de poésies provençales agrémenté de chansons telles que la Coupo Santo ou Jan de Gonfaroun de Frédéric Mistral. Au mois de juillet, après le certificat d’études primaires, Jacques Santucci et ses élèves participaient la distribution des prix, fête scolaire avec chants et danses où la Provence était à l’honneur. La petite troupe jouait sur la place de la Bouilladisse et dans les villages voisins : « toute la population nous prêtait son concours » rappelait-il dans ses Monographie. Très lié avec Jòrgi Reboul, Santucci était proche du « Grop Marselhés d’Occitania » qui devint ensuite le Partit Provençau. Ces groupes et mouvements, d’inspiration libertaire et autonomiste, animés par J. Reboul et Paul Ricard rassemblaient notamment des jeunes félibres de gauche, constituaient une des composantes du Front populaire dans la région.

Jacques Santucci quitta La Bouilladisse en 1938 et fut nommé directeur du Centre de formation professionnelle « La Floride » à Marseille, puis directeur de l’école primaire de la rue Escat où il termina sa carrière d’enseignant. Dans la cité phocéenne, il mourut tragiquement écrasé par un tramway.

Son parcours d’instituteur et de secrétaire de mairie à La Bouilladisse permirent à Jacques Santucci d’acquérir une connaissance précise du village, de ses habitants et de leurs préoccupations. Il écrivit plusieurs ouvrages.

Très estimé dans son village d’adoption le souvenir de Jacques Santucci y demeura vivace. Jòrgi Reboul lui dédia en 1937 un poème intitulé “Per un panier de rasims” (Pour un panier de raisins) :

« A Jaume Santucci de Bolhadissa/ (À Jacques Santucci, de La Bouilladisse).
Totei lei rims deis endémiadas…/ (tous les raisins des vendanges…).
Vènon à mon còr farandolar / …/ (viennent danser la farandole autour de mon cœur)… »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172589, notice SANTUCCI Jacques, François par Gérard Leidet, version mise en ligne le 27 avril 2015, dernière modification le 10 juin 2015.

Par Gérard Leidet

ŒUVRE : Monographie de La Bouilladisse , êtymologie par le Provençal à l’école primaire, Recueil de chansons provençales commentées, Gallicismes et provincialismes.

SOURCES : Arch. Mun. de La Bouilladisse. — Isidore Gautier, Francis Pélissier et René Teule : La Bouilladisse, histoires de mon village, Roquevaire, 1980. — Bulletin du syndicat unique des institutrices et instituteurs des Bouches-du-Rhône (1937). — section départementale du SN. — Notes de Glaudi Barsotti et René Merle.

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