SAUVAGEON Jean, Victorin

Par Jacques Girault

Né le 30 janvier 1930 à Saint-Uze (Drôme) ; instituteur puis principal de collège dans la Drôme ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste, adjoint au maire de Romans ; militant associatif ; auteur d’études historiques.

Délégation de la Drôme au congrès du SNI à Paris en 1960,
Délégation de la Drôme au congrès du SNI à Paris en 1960,
de gauche à droite : Robert Serre, Jean Sauvageon, Marcel Aubert, Suzanne Buix, Jean Calvier en grande partie caché.

Fils d’un ouvrier dans une scierie et d’une couturière, Jean Sauvageon reçut les premiers sacrements catholiques. Élève du cours complémentaire de Saint-Vallier, il entra à l’École normale d’instituteurs de Valence (Drôme) en 1946, obtint le baccalauréat (série « Sciences expérimentales ») en 1949 et fut instituteur dans des communes rurales de la Drôme à partir de 1950 (Montaulieu, commune alors non électrifiée, La Baume de Transit d’octobre 1951 à avril 1952). Il effectua le service militaire d’avril 1952 à juin 1953 comme élève-officier de réserve à Nîmes (Gard), et le termina à Valence comme sous-lieutenant.

Il reprit un poste d’instituteur à Claveyson de 1953 à 1957. Après une année de formation au lycée agricole d’Ondes (Haute-Garonne), titulaire du certificat d’aptitude à l’enseignement post-scolaire agricole, il retrouva son poste d’instituteur à Claveyson en 1958-1959. Puis il devint instituteur spécialisé dans la prise en charge de jeunes agriculteurs de quatorze à dix-huit ans, en apprentissage dans la ferme familiale du secteur post-scolaire agricole de Saint-Jean-en-Royans puis dans des centres professionnels polyvalents ruraux de Saint-Vallier et de Châteauneuf-sur-Isère. Avec la prolongation de la scolarité à seize ans, les cours post-scolaires agricoles étant supprimés, il suivit en 1970-1971, le stage préparatoire aux classes de transition à l’ENI de Valence. Il devint de 1971 à 1976 maître en classes de transition puis de 1976 à 1979, PEGC (sciences naturelles) au collège d’enseignement secondaire Debussy de Romans-Nord. Après un stage de formation des chefs d’établissement en avril-juin 1979, il devint principal du collège de Saint-Donat-sur-l’Herbasse jusqu’à sa retraite en 1985. Particulièrement intéressé par les difficultés des jeunes à trouver du travail, il assuma les tâches de conseiller de secteur pour l’emploi des jeunes, pour la Drôme nord, d’avril 1983 à septembre 1984.

Jean Sauvageon se maria en juillet 1951 à Crest (Drôme) avec une institutrice décédée en 2010. Le couple eut trois filles.

Membre du Syndicat national des instituteurs depuis 1949, il militait dans le courant « cégétiste ». Animateur des luttes pour l’école laïque, membre du conseil syndical, il fut élu en 1959 à la Commission administrative paritaire départementale. En 1961, la tendance « Unité et Action » devint majoritaire dans la section départementale au sein de laquelle il fut trésorier de 1961 à 1968, secrétaire général adjoint (1968-1977) et secrétaire général pour l’année scolaire 1977-1978. Responsable, à partir de 1965, de la consultation départementale pour l’élection du bureau national du SNI, il resta membre de la CAPD jusqu’en 1979 tout en étant membre du Comité technique paritaire et du Conseil départemental. De 1961 à 1979, il représenta le SNI à la commission administrative départementale de la Fédération de l‘Éducation nationale. De 1981 à 1985, il fut élu suppléant de la Commission administrative paritaire nationale des chefs d’établissements. Dans le même temps, il fut membre de la commission administrative de la section départementale de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale.

Membre du Parti communiste français depuis 1949, secrétaire à l’organisation de la section communiste de Romans, Sauvageon fut élu conseiller municipal sur une liste d’union de la gauche à Romans en 1983. Adjoint au maire, délégué à la formation professionnelle, il créa la Mission locale pour l’emploi des jeunes. En 1989, alors que les communistes de Romans proposaient sa reconduction comme adjoint au maire, devant l’opposition de la fédération du PCF, il démissionna du PCF avec les deux autres adjoints communistes. Réélu comme « personnalité de gauche », il fut adjoint à la culture et, pendant son mandat, présida notamment à la construction d’une salle de spectacles.

Moniteur de colonies de vacances jusqu’en 1949, directeur de sessions d’un mois de la Fédération des œuvres laïques de 1959 à 1963 à la Maison familiale de Buis-les-Baronnies, Sauvageon anima aussi les amicales laïques et entraîna des équipes de basket-ball dans diverses communes. De 1960 à 1970, il créa puis anima un Groupement de vulgarisation agricole pour aider les petits agriculteurs.

Depuis 1980, membre du conseil d’administration et du bureau de l’Association universitaire d’études drômoises, Sauvageon rédigea de nombreux articles pour la revue Études drômoises. En 1985, il participa à la création du Groupe de recherche et d’études sur la Révolution dans la Drôme animé par Roger Pierre, qu’il continua d’animer après le décès de ce dernier, regroupant des chercheurs en histoire, communistes ou ex-communistes. Le GRERD, en 1982, devint le Groupe de recherches, de publications sur l’histoire de la Drôme. Il fut le secrétaire du GRERD puis du GREPHiD. Furent publiés aux éditions Notre Temps de Valence, en 1986, 240 000 Drômois. La fin de l’Ancien Régime, les débuts de la Révolution, en 1989, 240 000 Drômois aux quatre vents de la Révolution, en 1996, 240 000 Drômois de Robespierre à Bonaparte, en 1999, Les Drômois sous Napoléon. 1800-1815, en 2002, Du patriote enthousiaste au poilu résigné. Je suis mouton comme les autres. Lettres, carnets et mémoires de poilus drômois et leurs familles.

Il créa, avec d’autres, en 2002 une Association pour l’élaboration d’un DVDRom sur la Résistance édité dans le cadre de l’Association des études sur la Résistance intérieure, continué par le Musée virtuel de la Résistance (museedelaresistanceenligne.org). Avec d’autres chercheurs, il publia un ouvrage sur les camps d’internement de la Drôme.

Sauvageon participa aussi à ACCES-Université populaire où il anima un groupe de travail qui publia en 2001 aux éditions Notre Temps-Peuple Libre, deux ouvrages fondés sur des témoignages mémoriels sous le titre Les Romanais, Romans et la chaussure,150 ans d’histoire. Suivi des Mémoires de Maurice Javelot et de Paroles de bouifs.

Il créa et anima la Société des amis de Rosalie et Marc-Antoine Jullien (du nom d’un député montagnard de la Drôme à la Convention, et de son épouse) qui comprenait une trentaine de personnes. Ce groupe transcrivit des centaines de lettres écrites à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe (lettres déposées aux Archives Nationales, aux archives municipales de Romans, à l’Institut du marxisme-Léninisme de Moscou, notamment). Des extraits de cette correspondance parurent sous le titre, Les affaires d’État sont mes affaires de cœur en attendant sa publication intégrale en projet.

Sauvageon, ancien membre du conseil d’administration national de la Société des Amis de Louis Aragon et d’Elsa Triolet, devint membre de son comité d’honneur. Organisateur en 2004 d’un colloque à Romans, il écrivit des articles sur leur séjour à Saint-Donat pendant l’Occupation de juillet 1943 à septembre 1944 (dont une étude de La Drôme en armes, le journal créé par Louis Aragon et Elsa Triolet, en 1944, dans ’Les Annales, n° 12, de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet en 2010). Par la suite, régulièrement, étaient organisées à Saint-Donat des manifestations commémoratives avec notamment des promenades littéraires avec lectures de textes écrits pendant leur séjour drômois.

Depuis 2008, secrétaire du comité de Romans-Bourg-de-Péage de l’Association nationale des anciens combattants et amis de la Résistance, Sauvageon prit part au recueil de témoignages parus dans un ouvrage qu’il coordonna en 2012 sous le titre 1939-1945 … Et se leva le vent de la liberté, entre Drôme des Collines et Vercors présenté par lui sur le site de L’Impartial de la Drôme. Un autre ouvrage sur la Compagnie Daniel était en préparation en 2013.

Le conseil municipal à majorité de droite de Romans ayant décidé de supprimer le musée de la Résistance, inauguré en 1974, et de transférer sa documentation aux archives communales, un comité de défense du musée présidé par Jean Sauvageon se constitua en 2021.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172613, notice SAUVAGEON Jean, Victorin par Jacques Girault, version mise en ligne le 27 avril 2015, dernière modification le 3 septembre 2022.

Par Jacques Girault

Buix, Jean Calvier en grande partie caché. "> Délégation de la Drôme au congrès du SNI à Paris en 1960,
Délégation de la Drôme au congrès du SNI à Paris en 1960,
de gauche à droite : Robert Serre, Jean Sauvageon, Marcel Aubert, Suzanne Buix, Jean Calvier en grande partie caché.
 Jean Sauvageon lors d'une conférence en 1987
Jean Sauvageon lors d’une conférence en 1987
 Jean Sauvageon lors d'une conférence en 1990
Jean Sauvageon lors d’une conférence en 1990

ŒUVRES : Aux ouvrages collectifs cités dans le texte, ajoutons la participation à
Des indésirables, Les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre mondiale (avec Vincent Giraudier, Hervé Mauran et Robert Serre), Préface de Denis Peschanski, Valence, Éditions Notre Temps et Peuple Libre., 1999.

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé. —Presse syndicale. — Notes de Robert Pénelon.

Iconographie : Nombreuses photographies sur Internet et aussi www.dailylotion.com/videos/xr3pkn.

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