SCHNEIDER François

Par Françoise Olivier-Utard

Né le 6 février 1921 à Lipsheim (Bas-Rhin), mort le 4 juillet 2012 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; ouvrier métallurgiste à Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin) ; militant CGT depuis 1936, communiste ; délégué du personnel de 1949 à 1966, , membre du comité fédéral du parti communiste du Bas-Rhin de 1948 à 1949, puis de 1950 à 1959, membre du bureau fédéral en 1949.

François Schneider reçut le prénom de son père, décédé quelques mois avant sa naissance. Sa mère, Louise Heckmann éleva seule ses quatre enfants. Elle était de gauche et ne pratiquait aucune religion. Il fit ses études à l’école primaire des communes de Lipsheim/Fegersheim (Bas-Rhin), jusqu’au certificat d’études, passé en 1934 avec la mention Bien alors qu’il n’était pas francophone de naissance. Il entra comme apprenti tourneur à la SACM (Société alsacienne de constructions mécaniques), dans l’usine de Graffenstaden (banlieue sud de Strasbourg ). C’était une très grosse entreprise qui employait 2000 ouvriers. Il passa son CAP en 1937 et fut embauché sur place.

Il s’était syndiqué à la CGT en 1936 et avait adhéré aux Jeunesses communistes la même année. L’usine ne participa guère aux grands mouvements de grève du Front populaire malgré la réunification syndicale. En 1939, la section JC de Fegersheim, qui regroupait une trentaine de jeunes, organisa une grande collecte de fonds pour les républicains espagnols.
Quand l’Alsace fut annexée, en juin 1940, la SACM fut reconvertie en usine de guerre et fabriqua des pièces détachées de toutes sortes. François Schneider qui continua à y être employé, échappa ainsi au RAD, le service du travail obligatoire du Reich de six mois. Il distribuait des tracts clandestins qu’il allait chercher chez les Ott* à Duttlenheim (Bas-Rhin) et collectait de l’argent pour les familles touchées par la déportation.

Il fut incorporé de force dans la Wehrmacht en octobre 1944 et affecté en Allemagne à Ludwigsburg, puis Bamberg et enfin Nuremberg, d’où il s’évada le 11 février 1945. Il se cacha chez un coiffeur bavarois, jusqu’à l’arrivée des Américains, le 17 avril 1945. Il rentra à Strasbourg le 7 mai et retrouva son emploi à la SACM. Il adhéra au parti communiste à la fin de l’année 1945.
La scission de la CGT ne divisa pas la section syndicale de la SACM mais la direction en profita pour créer un syndicat maison, en 1947, auquel adhérèrent un certain nombre d’employés, ce qui rendit plus difficile la lutte syndicale. F. S. fut élu délégué du personnel de 1949 à 1966 et membre de l’Union Syndicale des Travailleurs de la Métallurgie (USTM) du Bas-Rhin.

François Schneider suivit l’école fédérale communiste d’un mois à Barr en octobre 1948. Elle était dirigée par Alphonse Boosz*. Une cellule d’entreprise fut créée en 1949. François Schneider entra au comité fédéral en 1948, au bureau fédéral l’année suivante. A la conférence suivante, en 1950, il retourna au comité fédéral et y fut réélu jusqu’en 1959. Lors du procès de Bordeaux, qui jugeait le massacre d’Oradour, il prit position en faveur de la ligne officielle : il fallait juger les criminels de guerre, allemands et alsaciens. En 1959 il devint membre de la commission de contrôle financier du CF.

Il avait participé en 1958 à un voyage syndical en Hongrie et rédigea un rapport critique, publié dans L’Humanité d’Alsace et de Lorraine, mais retiré de la diffusion de masse dans les entreprises au dernier moment. En 1961, il fit un autre voyage à Dresde (RDA).

En 1962 un vaste plan de licenciements fut annoncé. CGT et CFDT organisèrent la grève des heures supplémentaires. La lutte aboutit mais le licenciement des plus anciens ne put être évité (la pré-retraite n’exista qu’à partir de 1972).
Se sentant mal soutenu par la CGT et le parti lors des élections de délégués du personnel, il démissionna de la SACM en 1966 et abandonna ses fonctions de militant. Il quitta le parti la même année, avec discrétion mais amertume. Il occupa ensuite divers emplois jusqu’à sa retraite, en 1981.

Marié le 2 novembre 1945 à Madeleine Remetter, née le 23 mars 1923 à Fegersheim (Bas-Rhin). Le couple eut un fils.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172646, notice SCHNEIDER François par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 15 mai 2015, dernière modification le 15 mai 2015.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Entretien du 3 février 1999. — Arch. comité fédéral du Bas-Rhin.

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