SCHNEIDER Oté [GIUBERTI Oté, épouse SCHNEIDER]

Par Christine Frantz, Sylvain Schirmann, Françoise Olivier-Utard

Née le 9 mai 1917 à Castelnovo Sotto (Reggio Emilia, Italie), morte le 8 mai 2005 à Mulhouse (Haut-Rhin) ; secrétaire puis ménagère ; communiste, militante UFF ; secrétaire départementale de l’UFF du Haut-Rhin (1953-1962), membre du comité national de l’UFF (1953-1974), membre du bureau directeur de l’UFF (1965-1974) ; membre du comité fédéral du PCF du Haut-Rhin (1947-1953) ; membre du bureau fédéral (1953-1969) ; membre du comité central du PCF (1956-1959).

Oté Giuberti naquit en Italie dans une famille de militants, bientôt antifascistes et communistes. Son père, Aristodemo Giuberti, maçon, avait fondé une coopérative de construction en Émilie. Sa mère, Concetta Divini, couturière, possédait un petit atelier de deux, parfois trois ouvrières. Aristodemo quitta l’Italie en 1922 à l’arrivée au pouvoir de Mussolini. Il se réfugia en France, à Marseille tout d’abord, puis en Alsace où il fit venir sa famille en 1924. En 1927, les Giuberti obtinrent la nationalité française. Oté avait deux frères (Eda et Ephrem) et deux sœurs, (Erie et Vandrina). En 1930, sa mère ouvrit une pension de famille qui accueillait une trentaine de réfugiés ou évadés des prisons fascistes italiennes. Oté Guiberti obtint son certificat d’études en 1930, puis fréquenta l’école primaire supérieure de Mulhouse qu’elle quitta avec un brevet commercial pour devenir secrétaire.

En 1936, Oté Giuberti épousa Émile Schneider, cheminot, issu d’une famille chrétienne, qui milita cependant à la CGT et au PC (auquel il adhéra en 1952). Le frère d’Oté, Eda, rejoignit les Brigades internationales malgré une infirmité consécutive à un accident de mine.

Oté Schneider commença son activité militante avant la Seconde Guerre mondiale en participant à des meetings. Pendant l’occupation nazie, elle distribua la presse communiste clandestine. Son mari, incorporé de force dans l’armée allemande et envoyé sur le front de l’est, rentra du camp de prisonniers soviétique de Tambov le 4 février 1946. En 1945, elle fit partie du Comité local de Libération de Bollwiller (Haut-Rhin) et s’opposa à la tonsure de jeunes femmes. Elle adhéra l’année suivante à l’Union des Femmes françaises et au Parti communiste français en mai 1946. Elle s’engagea dès lors activement dans les deux organisations.

A l’UFF, Oté Schneider entra, dès son adhésion en 1946, au bureau départemental du Haut-Rhin. En 1945 il y avait 200 femmes membres du comité de Bollwiller. En 1953, elle devint secrétaire départementale et, la même année, entra au conseil national. Elle était alors employée comptable dans l’entreprise de construction dirigée par son frère. En 1955, elle fit partie de la délégation de l’UFF au congrès mondial des mères à Lausanne (Suisse) et elle participa au Xe anniversaire de la FDIF à Hambourg (Allemagne fédérale). Dans le cadre de ses activités à l’UFF, Oté milita contre la guerre d’Algérie. Elle dirigea la délégation qui se rendit à la préfecture pour transmettre la pétition de 6 000 signatures recueillies auprès des femmes du Haut-Rhin et qui se termina par une altercation entre Rose Haffner* et un policier (qui donna lieu à un procès). En 1959, elle sollicita le Dr Albert Schweitzer afin qu’il préside le comité départemental du Haut-Rhin pour la paix. Elle organisa le comité d’Union des femmes contre l’arme atomique et fit venir Marie-Claude Vaillant-Couturier* pour une conférence à Mulhouse. En 1960, elle fut élue au bureau directeur de l’UFF. Elle participa également à de nombreuses activités à l’étranger : en 1960, elle fut invitée au congrès de l’association des Femmes autrichiennes ; en 1963, elle participa à une tournée en RFA avec Clara Fassbinder, déléguée aux femmes du gouvernement allemand. Elle organisa la première Journée des femmes à Strasbourg, en 1962. Après avoir cédé ses responsabilités départementales à l’UFF en 1962, Oté Schneider entra en 1965 au bureau directeur de l’UFF. Elle fut chargée de la coordination de 10 départements de l’est et fit aussi une intervention de trois mois dans le nord. Elle fut permanente rémunérée jusqu’en 1965, date à laquelle on lui suggéra de chercher un autre emploi. Elle en trouva un dans l’alimentation en gros. Elle abandonna le militantisme à l’UFF quand elle devint veuve, en 1974.

Au Parti communiste, Oté Schneider adhéra à la cellule de Bollwiller en 1946, à l’insu de son mari et en fut trésorière. Elle fut candidate aux élections législatives de 1947, ce qui provoqua la colère de son époux, qui n’était pas encore membre du parti. Elle fut déléguée au XIe congrès du PCF à Strasbourg (25-29 juin 1947) et suivit deux écoles d’un mois en mars (école central des femmes) avril et mai 1952. À l’issue de ces écoles, Gaston Plissonnier* écrivait : "Cette camarade a bien travaillé et donné de bons résultats. Très bonne compréhension de la politique du Parti. Bon esprit de Parti. Elle est intelligente et réfléchie tout en ayant assez de sureté d’elle-même. Elle possède déjà une bonne expérience et l’esprit de responsabilité politique. Doit être près des femmes. Il semble que cette camarade mériterait d’être particulièrement suivie car elle présente encore de grandes possibilités de développement comme dirigeante politique". Gravissant le échelons de la reconnaissance au sein du parti, elle suivit une école centrale de 4 mois du 14 octobre-16 février 1957. Le rapport fut alors plus circonspect : "Camarade qui fait de gros efforts dans le travail. Avait des connaissances moyennes : semble avoir beaucoup appris car cette camarade avait tendance à ramener toutes les questions à l’UFF et aux problèmes d’Alsace-Lorraine. Bonne camarade, modeste sans être timide."

Elle était entré au comité fédéral du Haut-Rhin. C’était la seule femme. Le 17 juin 1951, elle fut 5e sur la liste communiste aux législatives et 4e à celles du 2 janvier 1956. Elle entra en 1953 au bureau fédéral du Haut-Rhin lorsque sa famille vint s’installer à Mulhouse. Oté resta membre du bureau fédéral jusqu’en 1968 puis passa au comité fédéral jusqu’en 1974.

Convoquée par télégramme au XIVe congrès du Parti communiste au Havre (18-21 juillet 1956), alors qu’elle n’était pas déléguée, Oté Schneider entra au comité central comme membre suppléante sur recommandation de Claudine Chomat-Casanova. Elle participa à une école centrale de quatre mois et fut chargée de « suivre », pour le CC, la fédération du Jura. Sa mère s’occupait de la maisonnée. Elle fit partie en 1957 d’une délégation du CC en Albanie avec Jeannette Vermersch* et Léon Feix*. En mai 1958, Oté Schneider se plia aux directives sécuritaires du parti et quitta son domicile pour quelque temps. Son fils Ephrem fut appelé au service militaire en Algérie. Non réélue en 1959 au comité central, Oté Schneider continua de militer au sein des structures départementales. En 1961, elle participa à la création d’un comité France-RDA à Mulhouse et travailla au rapprochement entre la cité alsacienne et Karl-Marx Stadt (Chemnitz). Cette activité se concrétisa en 1981 par la signature d’une charte d’amitié entre les deux villes. Le gouvernement de la RDA remit alors à Oté Schneider la médaille d’or pour l’amitié entre les peuples. En 1989 elle se rendit à Karl-Marx Stadt dans la délégation de la ville de Mulhouse.

Elle passa 5 semaines à Merlebach (Moselle) en 1963 lors de la grande grève des mineurs. Pour la première fois les femmes accédaient aux luttes et se faisaient entendre pour soutenir leurs maris. Elle servit de traductrice à l’UFF lors d’une visite en Allemagne à Heidelberg et Hambourg.

Elle figura en 9° position sur la liste d’Union ouvrière et démocratique aux élections municipales de Mulhouse en mars 1965.

Sans arrêter son activité militante, Oté Schneider abandonna ses nombreuses responsabilités entre 1972 et 1974. De 1977 à 1983, elle devint dame de compagnie. Le flambeau militant fut repris par l’un de ses trois enfants : Ephrem Schneider. Une fois à la retraite, Oté Schneider se consacra à la tapisserie et à la rédaction de ses mémoires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172762, notice SCHNEIDER Oté [GIUBERTI Oté, épouse SCHNEIDER] par Christine Frantz, Sylvain Schirmann, Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 3 mai 2015, dernière modification le 8 septembre 2015.

Par Christine Frantz, Sylvain Schirmann, Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Arch. Dép. Haut-Rhin, 756W, OD 132. — Archives de l’Institut d’histoire sociale CGT-Alsace, Strasbourg. — Arch. comité national du PCF, questionnaire biographique du 28 août 1953 et divers rapports. — Interview d’Oté Schneider, interview de son fils Ephrem. — Archives de la Fédération communiste du Haut-Rhin. — Notes de Claude Pennetier.

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