SACCO Cécile, Françoise, Joséphine née CASARO

Par Daniel Grason

Née le 29 juin 1896 à Turin (Italie), morte à une date inconnue ; gérante des bains-douches municipaux ; militante communiste et du Comité Mondial des Femmes contre la guerre et le fascisme de Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine) ; déportée à Ravensbrück (Allemagne).

Cécile Sacco née Casaro alias Garnier
Cécile Sacco née Casaro alias Garnier

Fille d’Hector, matelassier et de Pierrette, femme au foyer, Cécile Casaro arriva en France avec ses parents à l’âge de deux ans, la famille comptait sept enfants. Elle devint française par son mariage avec Étienne Sacco le 28 octobre 1928 en mairie de Clichy-la-Garenne. Elle milita au Parti communiste et au Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme.
Le couple était sans enfant et assura la gestion d’un établissement de bains douches de 1922 à 1926 pour la société Guy et Carton au 13 boulevard Jean-Jaurès à Clichy-la-Garenne, puis rue Simmoneau où étaient les bains douches municipaux de la Ville de Clichy. Pendant la guerre en Espagne, de nombreux brigadistes étrangers y furent domiciliés, Étienne Sacco combattit dans les Brigades internationales de février à septembre 1937.
En 1940, la police nota qu’ils recevaient « de nombreux adeptes des théories révolutionnaires ». En dépit de l’interdiction du Parti communiste Cécile Sacco et son mari continuaient à militer. Elle transmettait des exemplaires de L’Humanité et de La Vie ouvrière à Albert Husson pour reproduction.
Interpellée, le 16 mars 1940 elle fut inculpée d’infraction au décret portant dissolution des organisations communistes, ainsi que dix autres militants, elle a été incarcérée à la prison de la Roquette. Le Juge d’instruction inculpa Cécile Casaro et sept autres prévenus à comparaître devant Tribunal militaire permanent de la 12ème Région à Périgueux.
Le 3 avril 1940 elle était interrogée par un commandant juge d’instruction du Tribunal militaire. Il lui demanda si elle reconnaissait « avoir remis à Mesnard le 20 ou 21 février, à 19 heures, au Rond-Point Victor Hugo, un rouleau contenant les stencils » de deux tracts qu’il lui présenta : « Daladier et Chamberlain » et « Traîtres Lâches » qui figuraient au dossier. Elle répondit « J’affirme n’avoir jamais vu les tracts » et « n’avoir jamais dit à Courant que je lui procurerai un tract sur Honel, ni être allé à un rendez-vous au rond-point Victor Hugo, Courant et Mesnard mentent en affirmant le contraire ».
Le 26 septembre 1940 un Juge d’instruction du Tribunal militaire de de la 12ème Région à Périgueux délivra un mandat d’arrêt à son encontre pour infraction au décret interdisant l’activité du parti communiste.
Elle comparut le 19 juin 1941 devant le Tribunal militaire permanent de la XIIe Division militaire à Périgueux (Dordogne), en compagnie de Georges Mesnard pour « Infraction au décret portant dissolution des organisations communistes, distribution de tracts d’origine ou d’inspiration étrangère de nature à nuire à l’intérêt national et distribution d’écrits ne portant pas le nom et le domicile de l’imprimeur ».
Le tribunal se dessaisissait au profit du tribunal de droit commun de la zone occupée. Elle comparaissait le 5 décembre 1941 devant la Section spéciale en compagnie de Georges Mesnard pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, puis le 9 mars 1942 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, elle fut condamnée à dix-huit mois d’emprisonnement et cent francs d’amende pour activité communiste. Le 16 mars, elle sollicita l’autorisation de correspondre avec son mari… qui était consigné administrativement au Dépôt.
Le maire de la ville de Clichy nommé par Vichy apprenant la nouvelle par la presse demanda confirmation au préfet de police : « afin » écrivit-il « que je puisse prendre un arrêté [la] suspendant de ses fonctions ». Elle regagna son domicile quelques mois plus tard.
Le 9 mars 1942 des inspecteurs de la BS1 se présentèrent à son domicile, son mari déclara qu’elle n’était pas là. Au cours de la perquisition, elle fut découverte alors qu’elle se cachait dans une cabine de douche. Étienne Sacco interrogé, affirma sans convaincre qu’il n’avait jamais été membre du parti communiste, il fut laissé en liberté. Le jour même Cécile Sacco comparut devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris et était condamnée à dix-huit mois de prison, cent francs d’amende et au maximum de la contrainte par corps pour « détention et distribution de tracts communistes ».
Emprisonnée, internée au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis), le 29 août 1943, elle était dans un convoi de 143 femmes à destination de Ravensbrück (Allemagne), les détenues arrivèrent le 2 septembre. Sa sœur Marcelle épouse d’Honoré Galli était dans le même camp de concentration. Cécile Sacco fut affectée à un kommando de travail dans une usine d’aviation. Le 30 avril 1945 l’armée Soviétique délivra le camp de Ravensbrück et les différents Kommandos. Cécile Sacco fut elle libérée sur son lieu de travail ou à l’issue d’une marche de la mort ? Matricule 22347, elle était vivante, rentra à Clichy-la-Garenne au cours du mois de mai.
Cécile Sacco survécut aux épreuves. En 1954, elle entreprit des démarches auprès du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre pour obtenir la reconnaissance de « déportée politique ». Cécile Sacco fut homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172977, notice SACCO Cécile, Françoise, Joséphine née CASARO par Daniel Grason, version mise en ligne le 22 octobre 2021, dernière modification le 22 octobre 2021.

Par Daniel Grason

Cécile Sacco née Casaro alias Garnier
Cécile Sacco née Casaro alias Garnier

SOURCES : AN Z-4-20 dossier 166. – Arch. PPo. 1W 0163, 1W 0897, BA 2056. – Bureau Résistance GR 16 P 109908. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.

Photographie : Arch. PPo. GB 145 (D.R.)

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