SALAUN Pierre

Par Alain Prigent, Gilles Rivière

Né le 23 février 1907 à Scaër (Finistère), décédé en juillet 1983 ; ouvrier papetier ; résistant, interné politique ; élu CGT à la CAF du Sud Finistère (1950-1962) ; membre du comité de la fédération du PCF du Finistère (1946-1968) ; maire de Scaër (1945-1969).

Pierre Salaun était le fils de Michel Salaun, sabotier, et de Marie Louise Bourhis. Il fut adopté par la Nation en 1923. Il se maria avec Marie Gaonac’h le 11 mai 1929 à Scaër.
Forgeron puis mécanicien ou ajusteur, il commença à militer, selon Eugène Kerbaul, à la CGTU et au PC dans la région parisienne à la fin des années 20. Il adhéra en 1935 au Parti communiste dans la région parisienne.
En 1936, il revint dans le Finistère. Embauché aux papeteries Bolloré de Cascadec en Scaër, il contribua à la mise en place des structures syndicales. Il fut élu secrétaire de la IIIe région du syndicat CGT du Papier-Carton, poste qu’il occupa jusqu’au 30 novembre 1938 quand il fut licencié après l’échec de la grève générale. Après quelques mois à Paris, il revint dans le Finistère en 1939. De 1936 à 1939, il avait été membre du bureau fédéral du Parti communiste à Brest.
De 1938 à 1948, il fut également membre de la commission administrative de la Fédération du Papier-Carton CGT et pendant quelques années secrétaire de la 3e région (région Ouest).
Il participa aux débuts de la mise en place de la résistance communiste dans le Sud Finistère. Le 26 avril 1942, il fut perquisitionné (la police trouva un tract des JC), arrêté puis interné à Vôves et Pithiviers. Sa sœur Marie Louise Salaun épouse Baron fut agent de liaison des FTP de Scaër.
Candidat à la députation le 2 juin 1946, il se présenta aussi au conseil général. Élu maire de Scaër le 29 avril 1945 sur une liste de gauche, il fut réélu en décembre 1947 bien que les socialistes aient alors fait alliance avec la droite. Aux élections d’avril 1953, la liste de Pierre Salaün eut quatorze élus contre neuf à l’opposition. Il devait démissionner de ses fonctions municipales le 19 janvier 1969 pour raisons de santé. De 1945 à 1969, il avait appartenu au bureau de la Fédération communiste dont il était l’un des vétérans.
À la Libération en 1944, il reprit son poste d’ajusteur aux papeteries de Scaër qui employaient plus de 1 000 personnes. Redevenu responsable du syndicat CGT des papeteries, il fut élu secrétaire permanent provisoire et délégué à la propagande de l’union départementale CGT du Finistère le 2 septembre 1944 à l’issue de la reconstitution des structures syndicales opérées lors de la rencontre de Landerneau. Il était dans sa tâche dans l’usine de Scaër par Robert Pencréac’h qui siégeait aussi au conseil municipal de la ville. Les papeteries étaient une des usines du Finistère où la syndicalisation à la CGT était forte. En 1976, 460 des 600 salariés de l’entreprise étaient syndiqués à la CGT.
Fort de son engagement dans la Résistance, Pierre Salaun devint vice-président du CDL (comité départemental de la Libération) du Finistère, au titre de la CGT, en août 1944, remplaçant alors Le Coz. Il fut élu membre du bureau de l’union départementale CGT du Finistère à Quimper le 11 mars 1945 à l’issue de la tenue du premier congrès de l’union départementale après la Libération. Candidat CGT à l’élection du 24 avril 1947 au conseil d’administration de la caisse d’allocations familiales du Sud Finistère, il siégea dans cette structure étant élu le 8 juin 1950 puis réélu le 17 novembre 1955 sur la liste CGT qui obtint 6 sièges. Il fut aussi candidat à l’élection du conseil d’administration de la caisse primaire de sécurité sociale du Sud Finistère le 13 décembre 1962.
Il fut élu maire de Scaër en mai 1945 conduisant une liste d’union avec la SFIO. Réélu régulièrement jusqu’en 1965, il démissionna au début de l’année 1969 de son poste de maire et de conseiller municipal pour des motifs personnels évoquant notamment des difficultés internes à la mairie. Il affirma cependant qu’il n’avait aucun désaccord avec la politique du PCF. Militant communiste convaincu, Pierre Salaun siégea dans les instances départementales du PCF jusqu’à la partition de la fédération en deux entités en 1969. Membre du comité départemental de l’amicale des élus communistes, il fut candidat du PCF aux élections sénatoriales dans le Finistère en 1962. Il fut aussi candidat suppléant du PCF aux élections législatives de juin 1968 dans la circonscription de Quimperlé.
Il démissionna au début de l’année 1969 de son poste de maire et de conseiller municipal pour des motifs personnels notamment des difficultés internes à la mairie. Il affirma qu’il n’y avait aucun désaccord entre ses pensées la politique du PCF. Christophe Poulichet, ouvrier boucher, lui succéda.
Il fut candidat aux élections cantonales dans le canton de Scaer à quatre reprises. Il échoua de peu en 1945 dans un duel obtenant 49,9% des suffrages exprimés. Il maintint le score du PCF à des niveaux très élevés en 1951 (35,4%), 1958 (47,4%) et 1964 (42,2%). C. Poulichet, nouveau maire de Scaër, fut élu dans un contexte politique d’union de la gauche en 1970.
Salarié aux papeteries, Pierre Salaun se désengagea progressivement de ses responsabilités au sein de l’entreprise Bolloré. Cependant, en tant que maire, il accueillit les grévistes le 26 janvier 1968 lors de la grève des papetiers. Le déclin de l’usine après le transfert des activités à Odet (Ergué-Gabéric) en 1972 marqua la fin de l’hégémonie communiste sur la ville de Scaër. Le PCF tout en gardant des positions solides perdit la mairie au profit du socialiste Louis Nicolas en 1983. Le communiste Corentin Kerneis reconquit cependant la mairie en 1995.
Le stade municipal porte le nom de Pierre Salaun.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article172980, notice SALAUN Pierre par Alain Prigent, Gilles Rivière, version mise en ligne le 15 mai 2015, dernière modification le 4 février 2022.

Par Alain Prigent, Gilles Rivière

SOURCES : Arch. comité national du PCF. —Composition des comités fédéraux et fichier des élus et des candidats de la Fédération du PCF du Finistère établis par Alain Prigent et Gilles Rivière. — Arch. Mun. Quimper, fonds Alain Le Grand, 22 J 210. — Notre Finistère, supplément de l’Humanité Dimanche. — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). — Eugène Kerbaul, 1270 militants du Finistère (1918-1945), IRM Bretagne, 1985. — François Tanguy, La CGT dans le Finistère (1944-1968), Editions UD CGT Finistère, 1992. — Henri Gilles, Le déclin de Scaër, mémoire de géographie, Université de Paris IV, 2004. —Notes de François Prigent.

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