ROUS Joseph [de Puyvalador] (ROUS Joseph, Paul, Julien ; REYNAUD, BRUNEL, pseudonymes de résistance).

Par André Balent

Né le 20 février 1911 à Puyvalador-Rieutort (Pyrénées-Orientales), mort le 13 mai 1987 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; employé municipal à Perpignan ; militant du Parti socialiste SFIO puis du RPF, de l’UDSR, de l’UNR, de l’UDR ; résistant (Libération-sud, MUR, réseau Brutus) ; maire de Puyvalador-Rieutort (1969-1983)

Joseph Rous
Joseph Rous
collection André Balent

Il ne faut pas confondre, comme cela est trop souvent le cas Joseph Rous, militant socialiste puis gaulliste, résistant, originaire de Puyvalador (Pyrénées-Orientales avec son homonyme originaire de Prades (Pyrénées-Orientales) (Voir Rous Joseph [de Prades]) lui aussi socialiste SFIO.

Joseph Rous naquit à Puyvalador, l’un des deux villages d’une commune du Capcir (Pyrénées-Orientales) partagée entre deux sections. À sa naissance, son père, Jean-Baptiste Rous, charpentier, et sa mère Anna Canal étaient âgés respectivement de quarante et trente-deux ans.

Joseph Rous se maria une première fois le 14 janvier 1938 à Carcassonne (Aude) avec Joséphine Cassaing. Joséphine Cassaing, alias « Georgette » dans la clandestinité fut une résistante, militante de Libération-sud, aux côtés de son mari. Le couple eut une fille, Anne-Marie née à Perpignan le 24 octobre 1939. Ce premier mariage fut dissous le 27 décembre 1959 par le tribunal de grande instance de Perpignan. Rous épousa ensuite Émilie, Ginette, Albertine Campaubet née le 23 mars 1923 à Versailles (Seine-et-Oise). Le mariage fut célébré le 27 décembre 1962 au Paradou (Bouches-du-Rhône).

Engagé volontaire le 27 novembre 1931 au 15e régiment du Génie affecté à la ligne Maginot, il fut classé soutien de famille et réformé temporaire le 27 février 1932. Le 20 décembre 1933, la commission de réforme de Perpignan le déclara « réformé définitif ».

Ayant quitté son Capcir natal et établi à Perpignan après son service militaire, Rous, adhérent de la SFIO, était, à la veille de la Seconde Guerre mondiale trésorier fédéral adjoint de la fédération socialiste SFIO des Pyrénées-Orientales.

Il obtint, le 1er juillet 1935, un poste d’employé municipal auxiliaire à la mairie de Perpignan. Il fut promu cantonnier stagiaire le 1er mai 1937 et titularisé 1er janvier 1938. Le 1er juillet 1938, il accéda au grade de magasinier dont il fut révoqué par la délégation spéciale le 24 décembre 1940. Réintégré parmi le personnel municipal de Perpignan le 23 mars 1941, il fut toutefois rétrogradé, étant reclassé dans le grade inférieur d’expéditionnaire. Il travailla alors au bureau des affaires scolaires, rue Zamenhof, employé à l’entrepôt des fournitures gratuites aux écoles primaires de la ville. Après son arrestation par les Allemands, il fut suspendu sans traitement à partir du 1er juin 1943 en même temps que Gabriel Vidal, archiviste municipal. Déporté rapatrié, il fut reclassé dans le grade de rédacteur avec effet rétroactif à compter du 1er mars 1945. Il fut ensuite promu rédacteur principal le 1er janvier 1946 et chef de bureau le 1er janvier 1948. Malade à son retour d’Allemagne, il eut un congé avec un demi-traitement du 25 juillet au 1er décembre 1945. Ses ennuis de santé récurrents exigèrent mise en congé de longue maladie le 19 mars 1968, renouvelé le 19 septembre 1972. Il accéda à la retraite le 19 mars 1973. À la fin de sa carrière professionnelle, il occupait les fonctions de directeur administratif de l’école municipale des Beaux-Arts de Perpignan et fut, à compter du 21 mars 1960 chargé aussi de la direction du théâtre municipal de la ville. Pendant toute sa carrière Rous obtint de bonnes notes administratives, avant et après sa révocation pour faits de résistance, dans tous les grades et fonctions qu’il occupa successivement.

Après la déclaration de guerre à l’Allemagne, Joseph Rous, fut maintenu, le 26 décembre 1939, réformé définitif par la commission de réforme de Perpignan.

Joseph Rous fut relevé de ses fonctions d’employé municipal le 24 décembre 1940 par la délégation spéciale qui le 1er de ce mois avait remplacé le conseil municipal à majorité SFIO. il écrivit à Pétain afin d’être maintenu dans cet emploi. Il expliqua plus tard qu’il avait besoin de cette couverture légale afin de poursuivre ses activités clandestines dans la résistance qui, en effet, furent très précoces et que Francis Missa, Édouard Froment et Eugène Thomas lui auraient demandé expressément de le faire. Le PCF le lui reprocha en 1946 dans un article du Travailleur catalan. Rous se justifia auprès du maire Félix Mercader — qui pourtant avait été un résistant de Libération-sud du département — en lui communiquant ses attestations de résistant actif. Dès le mois de décembre 1941, Rous avait participé, en qualité de chargé de mission de première classe, aux activités du réseau Brutus, lié aux Comité d’action socialiste (CAS) et au Mouvement Libération-Sud. Il avait été entre-temps contacté par Édouard Froment en même temps que d’autres dirigeants de la SFIO d’avant la guerre, Jean Olibo et Marcel Mayneris.

Si sa citation à l’ordre des Armées pour l’attribution de la Croix de guerre avec palme (14 janvier 1948) et diverses attestations indiquent qu’il fut chef départemental de Libération-sud dès 1941, celui-ci ne fut fondé à Perpignan que le 21 février 1942 et son premier chef dans les Pyrénées-Orientales fut Jean Olibo. Léon-Jean Grégory écrivit dans Le Cri Socialiste du 14 juillet 1945 que Libération-sud avait été créé « chez lui [Rous] ». La réunion fondatrice « officielle » avait été convoquée dans une arrière salle du café de la Font del Gat le 21 février 1942 à 14 heures. Ses participants, tous adhérents de la SFIO avant sa dissolution par Vichy (Joseph Rous, Marcel Mayneris, Brice Bonnery, Jean Olibo, Fernand Berta, Michel Vaqué et Michel Guisset) se réunirent finalement à proximité, au domicile de Joseph Rous, 1 rue Élie Delcros.

À propos de la date de la fondation du mouvement Libération-sud dans les Pyrénées-Orientales, Laurent Douzou (op. cit. dans les Sources, p. 457) indique cependant que Rous avait adhéré à Libération-sud dans le courant du second semestre de 1941, de même que d’autres militants des Pyrénées-Orientales. Des attestations (de Jacques-Philippe Bruschwig-Bordier, de Francis Missa, Édouard Froment, Eugène Thomas, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, du capitaine Jean Fourcaud, indiquent que Joseph Rous a été membre de Libération-sud, du réseau Brutus et du Parti socialiste reconstitué entre le début et la fin de 1941 (le liquidateur du réseau Brutus, Jean Fourcaud, donne le 1er décembre 1941 comme date d’incorporation de Rous au réseau Brutus). Ceci est parfaitement plausible en ce qui concerne son appartenance à Libération-sud avant même la constitution formelle du mouvement, mais, toutefois, pas avant la fin de 1941. Quant au rapport vraisemblablement rédigé par Rous (mais attribué parfois à Olibo) après la Libération concernant la « SFIO clandestine des Pyrénées-Orientales » (c’est-à-dire, en fait, le CAS), il est parfaitement fantaisiste, présentant des effectifs trop nombreux basés sur ceux de l’organisation légale de la fédération départementale avant 1939 et même plus nombreux que cette dernière. Douzou, suivant en cela certaines des attestations de résistants extérieurs aux Pyrénées-Orientales produites a posteriori par Rous indique que ce dernier devint le premier chef départemental de Libération-sud, ce que démentent d’autres sources et qu’a bien établi Jean Larrieu (op. cit., pp. 107-108). Après la manifestation perpignanaise de la résistance à la place Arago de Perpignan (14 juillet 1942), Olibo ayant été assigné à résidence à Estagel (Pyrénées-Orientales), Rous devint alors chef départemental de Libération-sud, fonction qu’il assuma en même temps que celles qu’il avait acceptées dans le réseau Brutus et les CAS. Il réunissait le « comité directeur » départemental du mouvement (qui rassembla à ses côtés Brice Bonnery, Dominique Parsuire, Pierre Tixador, Marcel Bruzy, Michel Guisset, Fernand Baixas, Louis Torcatis, Marcel Mayneris et un agent de liaison Gaston Stellato) dans son bureau, ou quelquefois au Castillet, aux archives municipales dirigées par Gabriel Vidal ou encore au domicile d’un des membres du mouvement. Rous transforma aussi le bureau municipal des écoles de la rue Zamenhof à Perpignan en point de chute pour le réseau Brutus qui organisait des passages clandestins vers l’Espagne. Rous a également été agent de renseignement de renseignement de Brutus (selon Édouard Thomas). D’après les témoignages concordants de Camille Fourquet et de Marcel Mayneris, cette activité clandestine ne se fit pas dans la discrétion indispensable, situation qui s’aggrava après que le département eut été occupé par les forces du Troisième Reich. Rous ne choisit pas judicieusement ses agents de liaison. L’un d’entre eux, le Vendéen Picorit, s’avéra être un agent allemand qui donna des informations sur Libération-sud et Brutus, mais aussi, après leur constitution à Perpignan le 15 février 1943, sur les Mouvements unis de Résistance. Formés localement par Combat, Franc-Tireur et Libération-sud, les représentants des trois mouvements mirent sur pied un comité directeur dans lequel Joseph Rous représentait Libération-sud. L’autre agent de liaison de Rous, Gaston Stellato n’était pas très discret et ses imprudences qui aboutirent le 23 mai 1943 à son arrestation et à celle, le même jour, d’un autre adhérent de Libération-sud, l’archiviste municipal Gabriel Vidal : permirent un vaste coup de filet de la SIPO-SD qui frappa durement les MUR des Pyrénées-Orientales. Comme d’autres militants clandestins en vue, Joseph Rous fut arrêté. Durement torturé par la SIPO-SD à la citadelle de Perpignan, au point, selon Léon-Jean Grégory, d’être transformé « en loque humaine », il fut ensuite transféré à la prison militaire de Montpellier (Hérault) et fut relâché faute de preuves en octobre 1943, comme un autre militant de Libération-sud, Dominique Parsuire. Entre temps, Marcel Mayneris l’avait remplacé à la tête de Libération-sud des Pyrénées-Orientales.

Libéré, Rous trouva sa maison pillée. Mais il participa à nouveau à l’action clandestine, toujours dans le cadre des MUR. Camille Fourquet, devenu entre-temps membre du directoire départemental des MUR, expliqua dans son témoignage autobiographique sur la Résistance dans les Pyrénées-Orientales que Rous qu’il avait invité, ainsi que d’autres résistants arrêtés le 23 mai et libérés — comme Gilbert Brutus —, de s’abstenir pour des raisons de sécurité de toute activité clandestine l’avait accusé de vouloir l’évincer et était, par dépit, devenu, avec Brutus, un propagandiste du Front national. Rous fut à nouveau arrêté le 3 mars 1944 en même temps que, entre autres, Michel Carola et Gilbert Brutus des MUR puis interné à nouveau à la citadelle de Perpignan et à la prison militaire de Montpellier. D’après Léon-Jean Grégory auteur d’un article du Cri socialiste (Perpignan), il subit à nouveau une série de tortures très dures, dont celle de la baignoire. Toujours d’après le même article, on lui perça avec une foreuse électrique sept dents jusqu’à la chair vive. Ses bourreaux ne réussirent pas à soutirer de Rous le moindre renseignement. Le chef adjoint de la SIPO-SD de Perpignan lui aurait déclaré : « Vous êtes un diable infernal, mais je vous admire quand même ».

Parti de Compiègne (Oise), le 27 avril 1944 au matin avec le « convoi des tatoués » en compagnie de François Paulin, Joseph Payri, résistants socialistes de Perpignan et Georges Brousse directeur du quotidien perpignanais L’Indépendant. Ce convoi était le troisième de non Juifs expédié directement à Auschwitz. Arrivé à Auschwitz le 30 avril au soir, il fut affecté au « Canada » de Birkenau. Le 12 mai, la plupart des « tatoués » (1561) furent transférés à Buchenwald. Rous fut ensuite affecté ensuite aux fonderies et mines de fer de Bochum (Ruhr). Rous, avec 600 déportés de Bochum, fut à nouveau évacué à Buchenwald. La libération du camp le sauva in extremis de la mort. Il fut rapatrié le 7 mai 1945 dans un état physique lamentable ainsi que l’ont décrit plusieurs témoins. D’ailleurs, il fut très souvent malade (troubles cardiaques, syndromes dépressifs récurrents, problèmes broncho-pulmonaires, arthrose) et contraint, régulièrement, de prendre des congés de maladie. Son médecin traitant habituel était un autre résistant des Pyrénées-Orientales, le docteur Henri Durrieu de Madron qui avait participé avec lui aux activités du réseau Brutus. Pour ses activités dans le réseau Brutus, Rous considéré comme membre des FFC, reçut le 14 octobre 1948 le grade de capitaine.

Après 1945, Joseph Rous adhéra à nouveau à la SFIO pendant une brève période. Mais bientôt, il rejoignit les rangs du RPF dont l’implantation dans les Pyrénées-Orientales fut anecdotique. Il fut un moment vice-président départemental de la formation gaulliste. Il fut candidat du RPF aux élections municipales de Perpignan du 19 octobre 1947 et fut élu conseiller municipal avec 8434 voix (le deuxième des dix élus du RPF). Cette élection posa problème. En effet, le préfet pensait que Rous, employé municipal, ne pouvait de ce fait continuer de siéger au conseil municipal de Perpignan prit des dispositions afin de déférer son cas devant le conseil de préfecture. Le 24 octobre 1947, il écrivit à Félix Mercader), réélu maire, de lui indiquer quelles fonctions il exerçait en sa qualité de d’employé municipal et si, entre temps, il avait démissionné de son mandat. Mercader lui répondit dès le 30 octobre que Rous n’avait pas démissionné.

Rous fut candidat du RPF aux élections sénatoriales des 17 octobre et 7 novembre 1948. Il était le colistier de Joseph Dunyach, officier en retraite. Tous deux ne recueillirent que 31 voix. Léon-Jean Grégory (Union républicaine, SFIO) et Joseph Gaspard (Union républicaine, radical) obtinrent respectivement 379 et 381 voix et furent élus. Par ailleurs les communistes Gaston Cardonne conseiller de la République sortant et Antoine Miquel obtinrent en moyenne 102 voix, le socialiste dissident Louis Chargès et le radical dissident François Bouyonnet, 52 et 25 voix chacun.

Le 20 mars 1949, Rous brigua aussi, pour le RPF, le siège de conseiller général du canton de Sournia qui fut pourvu dès le premier tour par le radical René Argelliès qui bénéficiait de l’appui du sortant SFIO Lucien Piéchon. Rous n’obtint que 52 voix contre 550 à Argelliès et 211 à Vidal (PCF).

Plus tard, dans les années 1950, Joseph Rous prit ses distances avec le RPF et donna son adhésion au groupe départemental de l’UDSR. Il y retrouva son ancien camarade de clandestinité du réseau Brutus, Henri Durrieu de Madron, par ailleurs son médecin personnel. D’après Christian Raynal qui le côtoya à l’UDSR, il fut promu président d’honneur du groupe. Par la suite, dans les années 1950, il fut proche de la mouvance gaulliste de gauche, confidentielle dans les Pyrénées-Orientales et finit par rejoindre l’UDR. Il fut, avant 1969, président du comité départemental pour le soutien de l’action du général de Gaulle. En 1969, il était le délégué pour les Pyrénées-Orientales de l’Association pour la Ve République et président de l‘Association départementale pour le soutien de la candidature de Georges Pompidou à la présidence de la République (élections du 1er et 15 juin 1969).

Pendant de nombreuses années, Joseph Rous fut l’inamovible président départemental de la FNDIR. À son initiative, cette association créa une colonie de vacances, le Bon air, à Puyvalador dans un local qu’elle avait acquis. Pendant plusieurs années, Joseph Rous et sa femme en assurèrent la direction et le fonctionnement. Un jeune élève instituteur de la Creuse, Jean-Michel Auxiètre, y fut embauché comme moniteur en 1958. Dans un ouvrage autobiographique publié en 2014, il relata l’expérience amère de son séjour au Bon air et fit un portrait peu flatteur du directeur, Joseph Rous, qu’il nomme « M. Icks ». En février 1965, la FNDIR décida à l’initiative de Rous de louer le Bon Air pour une occupation tout au long de l’année à l‘Association des normaliens de Toulouse (Haute-Garonne).

Dix-neuf ans après la Libération, Rous fut contraint, avec d’autres résistants ou anciens prisonniers de guerre employés municipaux de Perpignan (Léon Bourrat, Mathieu Py, Marius Rascagnères, Joseph Broch, Jean Mir et Eugène Schmidt), de saisir le tribunal administratif de Montpellier (Hérault) contre le préfet des Pyrénées-Orientales qui avait annulé le 21 février 1963 les arrêtés du maire (Paul Alduy) les faisant bénéficier d’un accès à l’échelon exceptionnel de leur grade, à l’indice 650, avec effet le 1er février 1963 ; le 11 juillet 1964, la justice administrative leur donna raison.

La retraite, effective de fait depuis 1968, fut l’occasion pour Joseph Rous de se consacrer à sa commune natale en se faisant élire maire de Puyvalador-Rieutort. Le décès d’Henri Ribeil, maire (SFIO) de la commune le 19 avril 1969 provoqua une élection partielle. Seul candidat, Rous fut élu conseiller municipal le 19 avril 1969 avec 30 voix sur 31 exprimés. Dans la foulée, il fut élu maire le 24 mai 1969. Lors du scrutin de renouvellement général des conseils municipaux du 14 mars 1971, les listes qu’il présenta, sans concurrents, dans les deux sections de Puyvalador et Rieutort, furent élues. Pendant ses mandats il s’efforça de concrétiser son grand projet, la réalisation d’une station de ski dans le territoire de section de Rieutort — chacune des sections élit ses conseillers — alors que lui-même était l’élu de Puyvalador. Dès mars 1971, le plan de masse d’une vaste station de sports d’hiver et d’été concernant les communes de Puyvador-Rieutort, Fontrabiouse-Espousouille, Formiguères, en Capcir (Pyrénées-Orientales), Le Pla et Quérigut, en Donnezan (Ariège) fut déposé en mairie de Puyvalador. À la suite de sa réélection, il évoquait encore « le complexe de sports d’hiver et d’été de la partie nord du Capcir », sans toutefois mentionner ses extensions dans le Donnezan ariégeois. Lors de son élection aux cantonales de septembre 1973, son ami Jean Zenenski qui le soutint publiquement évoquait dans un article de L’Indépendant du 20 septembre 1973 la future station de ski de Puyvalador, « une œuvre touristique grandiose entre Puyvalador et l’Ariège » qui semblait limitée à la seule commune de Puyvalador-Rieutort. Rien n’était encore mis réellement en route, à l’issue des élections municipales du 14 mars 1977. Le 17 mars, dans ses remerciements aux électeurs, Rous n’évoquait que l’aménagement du massif du Ginebre, dans le territoire de la section de Rieutort. La déclaration d’utilité publique de ce projet revu à la baisse ne fut en effet accordée qu’en 1977. Comme la commune n’avait pas les moyens financiers suffisants pour mener à bien ce laborieux projet, Rous traita avec un promoteur privé, « Pippi frères » de Blagnac (Haute-Garonne). Les remontées mécaniques furent installées sur des parcelles de la section de Rieutort et non de la commune comme il fut consigné de façon erronée sur un acte du 24 mars 1981. Afin de desservir les pistes Rous utilisa une piste forestière établie sur des terrains privés appartenant à des habitants de cette section qu’il fit élargir et transformer en route goudronnée dès juin 1981, avant l’inauguration de la station de ski, le 5 février 1982 et l’expropriation des propriétaires. Cette création à la hussarde fut à l’origine d’une profonde crise communale qui trouva des prolongements dans les années 1990, après la mort de Joseph Rous. En 2015, alors que l’avenir de la station de ski est incertain, les séquelles de ce conflit perdurent.

S’étant éloigné momentanément du parti gaulliste mais ayant regagné ses rangs, Joseph Rous, maire d’une commune du Capcir, pensa qu’il pouvait briguer le siège de conseiller général du canton de Mont-Louis, le sortant Vincent Chicheil ayant pris ses distances avec le parti gaulliste et ayant perdu beaucoup de crédit. Il se présenta aux élections cantonales du 23 septembre 1973 avec l’étiquette « apolitique » d’Union républicaine de défense des intérêts du canton de Mont-Louis ». Le scrutin, très ouvert, suscita cinq candidatures dans le canton de Mont-Louis. Outre Rous et Chicheil, conseiller sortant, se présentaient également : un candidat de l’UDR, Jacques Pagès, qui fut soutenu par Jacques Chirac alors ministre de l’Agriculture ; le socialiste Guy Malé qui se présenta sans étiquette et avec le soutien de l’ « homme fort » du conseil général, Léon-Jean Grégory ; le cheminot communiste Jean-Louis Alvarez, maire de Fontpédrouse. Rous eut le soutien de gaullistes « historiques » du département, le bâtonnier Paul Sacase et Joseph Zenenski. Avec 133 voix dont 44 dans sa commune, Puyvalador, et 41 dans la commune voisine, Formiguères, où il se plaçait cependant en deuxième position, derrière Jacques Pagès, il fut distancé par les quatre autres candidats. Au second tour, il se retira et se désista implicitement en faveur du candidat de l’UDR qu’il présentait comme « le candidat de l’Union, du progrès et l’intérêt de notre beau canton de Mont-Louis ».

Joseph Rous était décoré de la médaille de la Résistance, de la médaille du déporté résistant, de la médaille des combattants volontaires de la Résistance, de la Croix du combattant volontaire, de l’ordre national du mérite. Officier de la Légion d’honneur le 17 mai 1951, il accéda successivement aux grades de commandeur le 17 juin 1955, de grand officier le 31 juillet 1958. Il reçut la dernière de ces décorations en mars 1959 lors d’une cérémonie solennelle de la main du général Miquel dans la grande cour d’honneur de la citadelle de Perpignan. Il obtint également des décorations étrangères : la Medal of Freedom (USA), la Medal of courage du roi George V, la médaille de la Reconnaissance de la reine des Pays-Bas.

Ses obsèques religieuses eurent lieu le 15 mai 1987 en la cathédrale Saint-Jean Baptiste de Perpignan. L’inhumation du corps au cimetière de Puyvalador fut précédée d’une bénédiction dans l’église du village.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173009, notice ROUS Joseph [de Puyvalador] (ROUS Joseph, Paul, Julien ; REYNAUD, BRUNEL, pseudonymes de résistance). par André Balent, version mise en ligne le 19 mai 2015, dernière modification le 21 avril 2022.

Par André Balent

Joseph Rous
Joseph Rous
collection André Balent

SOURCES : Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 1419 W 19, affaires municipales de Puyvalador, 1966-1969. — Arch. com. Perpignan, 55 W 61, dossier Joseph Rous. — Arch. com. Puyvalador-Rieutort, état civil, acte de naissance de Joseph Rous et mentions marginales. — Arch. privées André Balent, témoignage écrit de de Marcel Mayneris, concernant la résistance et le mouvement Libération-sud dans les Pyrénées-Orientales, 10 juillet 1983). — Antigona, Saint-Béton. Journal de guerre, tome I, La corruption décentralisée. Un cloaque nommé…essai de résistance, mode d’emploi, Caudiès-de-Fenouillèdes, Fenouillèdes Impression, 1995, 749 p. [pp. 301 sq., 359 sq., 616 sq.]. — Jean-Michel Auxiètre, Petits bonheurs anciens, Paris, Publibook, 2014, 166 p. [pp. 76-81]. — Roger Bernis, Roussillon politique, du réséda à la rose, t. 1, Le Temps de Quatrième (1944-1958), Toulouse, Privat, 1984 [pp. 67, 230]. — Laurent Douzou, La désobéissance. Histoire du mouvement Libération-Sud, Paris, Odile Jacob, 1995, 480 p. [p. 452, p. 457]. — Émilienne Eychenne, Les portes de la liberté. Le franchissement clandestin de la frontière espagnole dans les Pyrénées-Orientales de 1939 à 1945, Toulouse, Privat, 1985, p. 111, 217. — Camille Fourquet, Le Roussillon, sous la botte nazie, tapuscrit inédit, 1965, 208 p. (copie, archives André Balent) [pp. 18-20, 51-52]. — Léon-Jean Grégory, « Nos déportés. Joseph Rous », Le Cri socialiste, 14 juillet 1945. — Ramon Gual Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II a, Els alemanys fa (pas massa)… temps, Prades, Terra Nostra, 1996, p. 199. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, pp. 428, 442, 450, 451, 1076. — Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la résistance catalane, I, Chronologie des années noires, Prades, revue Terra nostra, 1994, pp, 107-108, 111, 122, 164, 168, 170, 185, 250. — Le Cri socialiste, hebdomadaire de la SFIO des P.-O, 19 octobre 1946. — Le Républicain, Perpignan, 11, 12 et 21 octobre 1947, 21 mars 1949. — L’Indépendant, 5 mars 1959, 15 février 1965, 12, 16 et 18 mars 1971, 8 au 16 septembre 1973, 17 mars 1977, 6 février 1982, 12 février 1982, 14 et 15 mai 1987. — Midi-Libre, 10 février 1982. — Entretien avec Christian Raynal, Saint-Estève, 23 septembre 2010. — Entretien avec téléphonique avec Antoine Glory, 17 mai 2015. — Site de la Fondation pour la mémoire de la déportation (http://www.bddm.org/liv/index_liv.php ) consulté le 21 mars 2015.

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