SEFF Paul

Par Jacques Girault

Né le 16 novembre 1925 à Paris (XIIe arr.), mort le 6 avril 2013 à Toulouse (Haute-Garonne) ; professeur en Haute-Garonne ; militant communiste.

Fils d’un couple de juifs non-religieux lituano-polonais habitant Fontenay-sous-Bois (Seine), dont le mari, proche des communistes, était ouvrier vernisseur devenu artisan ébéniste à Vincennes (Seine), Wollf (devenu, par décision de Justice en 2002), Paul (prénom qu’il avait choisi pendant la guerre) Seff quitta Paris avec sa famille à la veille de la rafle du Vel’d’Hiv’ pour se réfugier dans le Sud-Ouest. Elève du lycée Voltaire à Paris, il poursuivit sa scolarité au lycée Pierre de Fermat à Toulouse. Dans le Gers, en 1944, où ses parents s’étaient réfugiés, il appartint à un groupe de jeunes résistants FFI. Maître d’internat au lycée Marcellin Berthelot à Toulouse, il adhéra au Parti communiste français en 1944.

Il se maria en juillet 1948 à Toulouse avec une institutrice, fille du directeur du Crédit municipal de Toulouse, socialiste SFIO. Le couple eut trois enfants.

Inscrit à la Faculté des Lettres de Toulouse, licencié, il devint adjoint d’enseignement à Brive (Corrèze) et à Foix (Ariège). Titulaire du CAPES de Lettres modernes en 1960, nommé professeur de lettres à l’Ecole normale d’instituteurs de Montauban (Tarn-et-Garonne), il obtint sa mutation comme professeur de lettres au lycée Marcellin Berthelot et y enseigna jusqu’à son départ à la retraite en 1986. A partir de la fin des années 1960, il fut secrétaire de la section locale (S1) du Syndicat national des enseignements de second degré. Des années 1970 à 1990, il donna un enseignement de culture générale et de philosophie en classes préparatoires de l’École supérieure de commerce de Toulouse.

Membre-fondateur du groupe d’étudiants communistes à la Libération, secrétaire de la section communiste Toulouse-Nord, il entra au comité et au bureau de la fédération communiste en 1957 et en demeura membre jusqu’en 1967. Militant du Syndicat national de l’enseignement secondaire, en octobre 1960, avec d’autres intellectuels communistes, il signa l’appel de la Fédération de l’Éducation nationale dans la lutte pour la paix en Algérie qui ne pourrait être établie que par une concertation de toutes les forces algériennes. Ils furent critiqués lors de la réunion du comité fédéral en octobre 1960, Seff notamment qui “ défendait l’idée que l’appel de la FEN contenait des points négatifs mais que les points positifs étaient supérieurs ", selon le rapport sur la réunion envoyé à la direction du PCF. Il fut réélu seulement au comité fédéral en 1962, membre de la commission des intellectuels et animateur de l’Université nouvelle dont il fut un des fondateurs. Il présidait aussi au milieu des années 1960 le cercle laïque

Suppléant aux élections législatives de 1958 dans la circonscription Toulouse-Nord, il fut candidat en1961 au Conseil général dans le canton de Cintegabelle.

Paul Seff commença à « être ébranlé dans ses convictions » après l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie et l’exclusion de Roger Garaudy, dont il partageait les analyses « mais pas sa façon de faire ». Il annonça sa décision de quitter le PCF en octobre 1977. Sa démission fut rendue publique six mois plus tard (lettre au Monde qui en publia des extraits, les 16-17 avril 1978, entretien dans L’Autan, journal communiste local, le 18 avril 1978). Par la suite, engagé dans le mouvement des « rénovateurs », il soutint la candidature de Pierre Juquin à la Présidence de la République.

Paul Seff, déiste, initié à la Franc-Maçonnerie en 1979, effectua de nombreux travaux dans le cadre de sa loge. Il conserva des liens étroits avec les milieux laïques, contribuant à des ouvrages sur la laïcité, et la Ligue des droits de l’homme. Après sa retraite, il présida la Société de Philosophie de Toulouse. Auteur d’un texte sur Friedrich Engels dans l’ouvrage collectif de la collection « Les grands révolutionnaires » (Editions Martinsart, 1978), il collabora régulièrement à la revue Parcours créée par l’association “ Groupe de Recherches pour l’Education et la Prospective " (Midi-Pyrénées) dont il était adhérent, puis administrateur et vice-président. Entre 1993 et 2013, il écrivit une vingtaine d’articles sur le marxisme, sur divers aspects de la réflexion philosophique (travail, société de consommation, éthique, utopie, nationalisme, Sartre etc …). Il collabora aussi à la revue locale Planète Libertés sur Jaurès et publia en 2007 Pour une philosophie de l’universel (Toulouse, Editions universitaires du Sud).

Lors de son décès, Parcours lui dédia son numéro de 2012-2013.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173036, notice SEFF Paul par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 mai 2015, dernière modification le 23 juin 2015.

Par Jacques Girault

ŒUVRE : Parmi ses contributions à Parcours, citons : en 1993, « A travers les idéologies de notre temps. Le Marxisme. L’idéologie des droits de l’homme ». — en 1994, « Crise et déclin des valeurs ». — 
en 1995, « Philosophie de la société de consommation ». — 
en 1996, « Pourquoi l’exigence éthique ». — en 1997, « Le besoin d’utopie ». — en 1999, « De l’affaire Dreyfus au Front National : radiographie d’une idélogie fasciste à la française ». — 
en 2009, « Déclin du nationalisme et de l’idée nationale ». — 
en 2010, participation à l’hommage à Jean-Paul Sartre.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par sa fille Isabelle Seff. — Notes de Christian Clastres et de Rémy Pech.

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