SÉNAMAUD Jean, Henri

Par Jacques Girault

Né le 10 août 1917 à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), mort le 26 juin 2005 à Limoges (Haute-Vienne) ; directeur de collège ; résistant ; militant du SNI ; militant SFIO, puis du PCF en Haute-Vienne ; maire de Bonnac-la-Côte (Haute-Vienne).

Jean Sénamaud en 1945 (photo Izis).
Jean Sénamaud en 1945 (photo Izis).

Son père, Jean Sénamaud, après avoir exercé plusieurs métiers manuels, entra aux chemins de fer et prit sa retraite comme chef de gare à Bellac. Il hébergea clandestinement une famille juive d’origine allemande à son domicile pendant plusieurs mois en 1943-1944. À la Libération, il fut maire socialiste de Rilhac-Rancon (Haute-Vienne).

Jean Sénamaud entra à l’École normale d’instituteurs de Limoges et obtint le brevet supérieur. Il devint instituteur à Linards en 1936 et enseigna dans diverses écoles rurales où la langue française était peu pratiquée. Après la guerre, il créa à Châteauponsac le cours complémentaire, qu’il dirigea de 1946 à 1958, tout en enseignant l’anglais et en dirigeant l’école de garçons. Il fut nommé professeur d’anglais au collège du Sablard à Limoges puis, dirigea le collège d’enseignement général d’Ambazac. Après la transformation du CEG en collège d’enseignement secondaire, il en devint le directeur-adjoint et y termina sa carrière.

Il se maria en décembre 1940 à la mairie de Bellac (Haute-Vienne) avec Jeanne Villégier, fille d’un mutilé de la Grande Guerre, militante communiste. Le couple eut cinq enfants.

En 1941, sympathisant socialiste, Jean Sénamaud rejoignit le groupe de Libération-Nord à Bellac. Sous le pseudonyme “Dumas“, il devint par la suite le chef de l’Armée secrète et des Mouvements unifiés de la Résistance du secteur D dans l’arrondissement de Bellac en 1943-1944. Membre du directoire départemental de l’AS, responsable de 11 maquis et 1 200 maquisards qui logeaient chez les habitants avant de monter des baraquements et des tentes au sommet du Puy de Massert à Châteauponsac, il représenta l’AS à la commission militaire régionale après la Libération. Il apporta son aide à des immigrés clandestins, dont le photographe Izis (Israëlis Bidermanas) et le peintre-graveur Frans Masereel.

Adhérent du Syndicat national des instituteurs depuis ses débuts professionnels en 1936, il militait dans la section départementale de Haute-Vienne avec Henri Aigueperse et Fernand Nadalon et signa avec eux dans le Populaire du Centre du 28 septembre 1938 un article intitulé : "On ne sauve pas la paix par la guerre".
À la Libération, quand le SNI se reconstitua légalement, il devint membre du conseil syndical de la section départementale de 1944 à 1947, puis à nouveau en 1951 jusqu’au début des années 1960.

Jean Sénamaud adhéra au Parti socialiste SFIO en 1944 et devint membre de la commission administrative fédérale jusqu’à son exclusion en décembre 1946 pour son action unitaire. Il adhéra alors au Parti socialiste unitaire et devint le secrétaire de sa fédération. En 1955, à Châteauponsac, il adhéra au Parti communiste français et entra au comité de la section puis à son secrétariat. Il fit partie du comité de la fédération communiste de 1959 à 1964.

Jean Sénamaud fut maire de Bonnac-la-Côte où il habitait, élu à la tête d’une municipalité d’union de la Gauche de 1977 à 1983, succédant à des maires socialistes depuis la guerre, avant d’être remplacé par un maire socialiste alors qu’il ne s’était pas représenté.

Il quitta le PCF en 1991 pour rejoindre le mouvement “Alternative Démocratie Socialisme“ de Marcel Rigout.

Au début des années 1950, Jean Sénamaud tint une chronique économique et politique régulière sur les ondes de Radio-Limoges, et rédigea pendant des années des articles pour le quotidien communiste régional L’Echo du Centre.

Militant de la Fédération nationale des déportés, internés, résistants patriotes, il adhérait aussi à l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance dont il était membre de son bureau départemental et de son bureau national. Il représenta l’ANACR lors du procès à Berlin (République démocratique allemande) d’Heinz Barth, officier allemand lors du massacre d’Oradour-sur-Glane. Il fut la cheville ouvrière d’un ouvrage Mémorial de la Résistance en Haute-Vienne, en 1981, édité par l’ANACR qui présentait l’ensemble des monuments, stèles, plaques, en mémoire des morts résistants ou civils et qui connut plusieurs rééditions par la suite. Il participa activement à la création du Musée de la Résistance et de la déportation à Limoges. Dans les années 1970-1990, à la demande de ses enfants, il écrivit des récits ou des nouvelles ayant pour cadre la période de la Résistance, et qui, conformément à son souhait, ne furent pas publiés.

A Châteauponsac, son nom fut donné en 1999 à une salle culturelle municipale, conséquence de son goût (musique) et de son action pour toutes les formes d’expression culturelle dans le milieu rural, ou semi-rural où il avait exercé .

Son épouse, née Jeanne, Marguerite Villégier, le 10 mai 1919 à Mézières-sur-Issoire (Haute-Vienne), fille d’un grand blessé de la Grande Guerre, pupille de la Nation, fit des études en Angleterre et à la faculté des lettres de Poitiers. Elle enseigna à Bellac pendant la guerre, puis à Châteauponsac. Elle milita dans l’Union des femmes françaises, à la Croix-Rouge et dans le Mouvement de la Paix, qu’elle représenta à Londres devant des parlementaires britanniques en 1965. Élue au conseil municipal de Bellac, elle contribua, avec son époux, à la mise en œuvre de manifestations culturelles à Châteauponsac. Elle décéda le 10 mai 1981 à Bonnac-le-Côte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173058, notice SÉNAMAUD Jean, Henri par Jacques Girault, version mise en ligne le 21 mai 2015, dernière modification le 27 mars 2021.

Par Jacques Girault

Jean Sénamaud en 1945 (photo Izis).
Jean Sénamaud en 1945 (photo Izis).

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par ses enfants. — Notes d’Alain Dalançon et de Paul Delanoue.

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