HUBERT Émile.

Par Jean Neuville

Antheit (aujourd’hui commune de Wanze, pr. Liège, arr. Huy), 19 septembre 1851 – Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 6 octobre 1924. Ouvrier typographe, dirigeant de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes de Bruxelles, dirigeant de la Maison du Peuple de Bruxelles, conseiller communal ouvrier représentant le Parti ouvrier belge de Bruxelles, fils de Victor-Joseph Hubert.

Originaire de Huy, Émile Hubert, fils d’un internationaliste de Lodelinsart (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi) qui a participé activement le 10 avril 1871 aux débats du Congrès de l’Association internationale des travailleurs (AIT) de Liège (pr. et arr. Liège) sur la coopération, succède à Jean Dumont* comme secrétaire de la Ligue des typographes bruxellois de la réforme électorale En Avant !, créée le 24 juillet 1882 afin de réunir les typographes partisans de la lutte en faveur du suffrage universel, la majorité étant hostile à la revendication politique au sein du syndicat. Il est membre de la commission créée en 1887 par l’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes de Bruxelles pour examiner la demande d’adhésion des clicheurs, fondeurs de caractères et stéréotypeurs. La commission conclut par la négative et conseille la création d’une association de clicheurs

Membre de la commission chargée d’étudier la proposition faite par Charles Callewaert le 27 septembre 1888 de créer une section d’adhérents, Émile Hubert est également membre de la commission formée le 19 octobre 1888 pour organiser la section ; commission prématurée puisque le poll rejettera la proposition par 320 voix contre 247. La Section des adhérents est créée le 2 décembre 1890 et Hubert en devient le président le 6 août 1891, succédant ainsi à Charles Callewaert.

Émile Hubert fait partie de la commission de quinze membres décidée le 6 mars 1890 « pour étudier les différentes propositions tendant à augmenter les recettes et à diminuer les dépenses de l’association et de la caisse de retraite ».

Émile Hubert est membre, avec Désiré Vandendorpe et Alfred Dufour, de la délégation permanente mise en place le 19 novembre 1890 pour diriger la grève dans les maisons ne payant pas le tarif de l’Association. En tant que secrétaire de l’Association, il signe, avec Gustave Conrardy, l’appel aux typographes dissidents, les conviant à un meeting le 21 novembre 1890. C’est à cette période que l’Association libre décide de mener une propagande active hors de Bruxelles, dans les régions où les typographes ne sont pas organisés. E. Hubert est envoyé avec L. Fleurman à Charleroi où ils créent une organisation typographique.

Secrétaire de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs-typographes du 3 janvier 1889 au 5 mars 1891 et à partir du 4 septembre 1891, Émile Hubert est un de ses délégués au Conseil général de la Fédération locale de l’industrie du livre de Bruxelles formée le 15 mai 1896. Il représente également l’Association libre au Congrès typographique international à Paris en 1889.

En octobre 1892, Émile Hubert fait partie de la délégation chargée d’examiner, avec la Chambre syndicale des imprimeurs et le Cercle de la Librairie, les clauses devant être inscrites dans le cahier des charges destiné à l’adjudication publique (pour cinq ans) des imprimeries et ateliers de reliure nécessaires à l’État. La délégation demande que soit inscrite la clause imposant le minimum de salaire. Acceptée dans un premier temps, cette demande n’a pas de suite. (voir CONRARDY G., p. 83)

Lors d’un meeting de protestation le 20 avril 1896, Émile Hubert s’oppose, aux côtés notamment de Gustave Conrardy et Désiré Vandendorpe, à l’intention du gouvernement d’introduire dans le projet de loi sur les règlements d’atelier le principe des amendes. Un ordre du jour est voté en ce sens. Il préside en 1901 la commission « chargée d’étudier les moyens efficaces à employer pour retirer des maisons n’occupant pas de syndiqués » et fait partie de la délégation qui, en octobre 1909, négocie avec les employeurs la révision du tarif de main-d’œuvre des typographes en vigueur depuis 1900 et la journée des neuf heures de travail. Un accord est conclu le 29 octobre.

Émile Hubert est l’un des collaborateurs du journal de La Fédération typographique belge qui succède en au Typographe, dont le premier numéro parait le 1er août 1877.

L’Association libre des compositeurs et imprimeurs typographes est proche du mouvement socialiste. À la séance du 6 mars 1890, Émile Hubert fait partie de la délégation formée pour s’entendre avec la Fédération bruxelloise du Parti ouvrier belge (POB) sur la participation de l’Association à la manifestation du 1er mai sont le but est la réduction du temps de travail à huit heures.
Sur le plan syndical, il représente son organisation aux Congrès de la Commission syndicale de Belgique (interprofessionnelle). Lors du Congrès de 1903, Hubert, également membre du conseil des prud’hommes, présente un rapport sur « l’extension de la juridiction des conseils de prud’hommes à tous les salariés et salariées », et à celui de 1904 un rapport sur l’enseignement professionnel. Il a longtemps siégé au conseil des prudhommes de la capitale, dont il a été le vice-président.

Émile Hubert est particulièrement actif au sein de la coopérative, la Maison du peuple de Bruxelles. En 1892, il seconde Romain Van Loo au service médico-pharmaceutique dont il devient le secrétaire. En 1902, Hubert devient contrôleur vérificateur du service médico-pharmaceutique et de l’assurance mutuelle de la coopérative. Vers 1907, il fait partie de son conseil d’administration. Après la Première Guerre mondiale, il est président de la caisse primaire (service médico-pharmaceutique) de la Fédération des mutualités socialistes du Brabant, puis administrateur de la Fédération des mutualités socialistes et syndicales de l’arrondissement de Bruxelles.

Lors de la campagne électorale pour les législatives de juillet 1896, Alfred Dufour, permanent de l’Association libre, accepte une candidature sur la liste libérale « hostile aux réformes ». En réaction, l’Association organise un meeting public le 25 juin. Lors de ce meeting présidé par Émile Godts, Émile Hubert regrette la participation de A. Dufour : « La place du confrère Dufour n’était pas sur une liste d’hommes qui n’ont qu’un but : avilir le salaire des ouvriers et exploiter les malheureux. » (CONRARDY G., p. 29)

Le 3 juillet 1898, alors que l’Association libre rejette toujours l’action politique directe, Émile Hubert est élu conseiller communal représentant le POB à Bruxelles. Cette élection fait suite aux événements qui ont amené le Conseil communal à déchoir G. Conrardy (il est devenu patron) et deux autres conseillers de leur mandat de conseiller communal (voir CONRARDY G., p. 133-135). Il conserve ce mandant jusqu’à sa mort. Il est également conseiller provincial du Brabant de 1915 à 1924.
Selon L. Bertrand, jusqu’à la fin de sa vie, Émile Hubert aimait chanter en particulier La Plébeienne à l’issue des réunions.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173145, notice HUBERT Émile. par Jean Neuville, version mise en ligne le 22 mai 2015, dernière modification le 6 décembre 2021.

Par Jean Neuville

ŒUVRE : Historique de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs-typographes de Bruxelles, Bruxelles, 1892.

SOURCES : HUBERT E., Historique de l’Association libre des compositeurs et imprimeurs-typographes de Bruxelles, Bruxelles, 1892, p. 185, 203, 232, 240, 241, 251, 254, 261 − CONRARDY G., Histoire de la Fédération locale, Bruxelles, 1921 − BERTRAND L. , Histoire de la coopération en Belgique. Les hommes - Les idées - Les faits, t. 1, Bruxelles-Paris, 1902 (icono) − SERWY V., La coopération en Belgique, t. IV : La vie coopérative - Dictionnaire biographique, Bruxelles, 1952 − PEIREN L., « Hubert Émile », dans Site Web : odis.be.

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