DÉRANLOT Michel, Christian, Alexis

Par Roger Faist

Né le 10 février 1930 à Poitiers (Vienne) ; ingénieur Arts et Métiers, chef de division des achats du groupe PSA ; secrétaire général du Syndicat national CFTC puis CFDT des ingénieurs et cadres de l’automobile SNICA (1961-1971).

Fils de Rémy Déranlot (1906-1983), artisan peintre à Poitiers et de Marcelle Fraudeau (1908-2002), associée à l’activité professionnelle de son mari, Michel Déranlot eut un frère Jean-Claude Déranlot. Élevé dans la tradition chrétienne, il fréquenta l’école primaire confessionnelle puis entra en 1941 au collège technique de Poitiers. Admis à l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers à Angers en 1948, il obtint le diplôme d’ingénieur à l’issue de la quatrième année à Paris. Il fit dix-huit mois de service militaire : six mois en EOR (école d’officiers de réserve) puis douze mois en régiment, comme sous-lieutenant.

Il entra aux Automobiles Peugeot à Sochaux (Doubs) en mai 1954. Ingénieur à la direction qualité pendant huit ans, il suivit ensuite une formation d’un an au service approvisionnements de la direction des achats à Paris, en vue de sa mutation qui fut effective en 1963. Il y occupa différentes fonctions et y fut nommé chef de division, en 1981, lorsque furent regroupés les services achats de Peugeot, Citroën et de Chrysler dans le cadre de la réorganisation centralisée du groupe PSA. Il occupa cette fonction jusqu’à sa retraite en 1990.

Michel Déranlot avait adhéré en 1956 au syndicat des ingénieurs et cadres CFTC de Franche-Comté, alors animé par Jean Fol et Paul Bour. Parallèlement, il s’engagea au niveau de la vie civique locale dans une équipe qui contribua à l’élection d’André Boulloche, polytechnicien, socialiste, comme maire de Montbéliard en 1965, puis comme président du District urbain du pays de Montbéliard et député du Doubs de 1967 à 1978, date de sa mort accidentelle.

Arrivé à Paris en1963, Michel Déranlot accepta, à la demande de la direction Automobiles Peugeot, de cesser toute activité syndicale dans l’entreprise. Il s’investit alors au plan national et contribua, au rapprochement des ingénieurs et cadres affiliés à la CFTC tant à la Régie Renault que dans l’entreprise Berliet avec ceux de Peugeot. Il participa à la création du Syndicat national des ingénieurs et cadres de l’automobile : SNICA-CFTC, dont il fut élu secrétaire général. Dès sa création, le SNICA fut affilié à la Fédération CFTC de la Métallurgie : FGM-CFTC et à la Fédération française des syndicats d’ingénieurs et cadres : FFSIC-CFTC. Il participa de ce fait au conseil fédéral de la FGM. En 1964, le SNICA approuva à l’unanimité l’évolution de la CFTC en CFDT.

Dans les années soixante, Michel Déranlot fut élu sur proposition de la CFDT à l’assemblée générale de la caisse de retraite complémentaire des cadres de la métallurgie CAPIMMEC et nommé par l’Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT au conseil d’administration de l’APEC, l’« Association pour l’emploi des cadres ». Bien qu’ayant arrêté, lors de sa nomination à Paris, toute activité syndicale au niveau de l’entreprise, il devint suspect auprès de la majorité des membres de la direction de « Automobiles Peugeot ». Les évènements de mai 1968 au cours desquels il y eu deux morts à Sochaux-Montbéliard durcirent la position de la direction à l’égard des syndicats et du SNICA en particulier. Elle jugeait insupportable la présence de cadres proches des syndicats considérés comme « ouvriers ». La direction créa une revue mensuelle interne, visant l’amélioration du climat à Sochaux. Elle avait pour titre Vite et bien. Au printemps 1971, le SNICA-CFDT distribua largement à Sochaux un tract critique intitulé : « un peu vite et un peu loin ». Ceci déclencha une réaction brutale de la direction. Les responsables de la section SNICA de Sochaux : Henri Desloges, Jean-Marie Philippe et Gaston Frenay furent convoqués le 8 juin1971 par la direction du site exigeant une lettre d’excuses adressée au PDG. Il est vraisemblable que la Direction générale considéra que Michel Déranlot, en poste à Paris, était la « taupe » de l’opération. Le directeur général, Georges Taylor demanda à Michel Déranlot de démissionner des deux mandats que lui avait confiés la CFDT, à la CAPIMMEC et à l’APEC. Parallèlement, le 4 octobre 1971, le nouveau directeur du personnel, le général Feuvrier lui imposa le choix : démission de la CFDT ou démission d’Automobiles Peugeot. Le contexte familial le contraignit à quitter alors la CFDT et l’action syndicale.

Michel Déranlot avait épousé le 23 avril 1954, à Angers (Maine-et-Loire), Paulette Menand, employée en pharmacie. Leur couple résida à Montbéliard (Doubs) jusqu’en 1963 puis à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) et donna naissance à trois enfants : Pascal (1955) ; Jean-Philippe (1956) ; Christophe (1965).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173180, notice DÉRANLOT Michel, Christian, Alexis par Roger Faist, version mise en ligne le 23 mai 2015, dernière modification le 25 mai 2015.

Par Roger Faist

SOURCES : Arch. de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres UCC-CFDT et du Syndicat national des ingénieurs et cadres de l’automobile : SNICA-CFDT. — Entretiens écrits et oraux avec Michel Déranlot (2014-2015). — État-civil.

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