DELESTRE Jacques Pierre

Par Gilles Pichavant

Né le 27 novembre 1909 à Fulham (Grande-Bretagne), mort le 1er septembre 1942 à Auschwitz-Birkenau (Pologne) ; docker ; syndicaliste CGT à Dieppe (Seine-Inférieure) ; communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant, mort en déportation.

Jacques Delestre naquit le 27 novembre 1909, officiellement à Fulham, comté de Londres (Royaume-Uni) ; selon la mémoire familiale, il naquit sur un bateau assurant la liaison Dieppe-Southampton, sur lequel ses parents travaillaient. Il était fils de Pierre Thomas Bertolino, né en France, italien par ses parents, cuisinier, et de Marie Delestre, femme de chambre, alors domiciliés au 5, Cranbury Road à Fulham. Ses parents n’étant pas encore mariés, il reçut le nom de sa mère, selon la loi anglaise, la reconnaissance paternelle ne permettant pas la transmission du nom.

Il eut trois frères : l’ainé, Jean Bertolino, né le 6 mars 1906 à Paris 14e, mort à Auschwitz ; Pierre Bertolino*, né le 28 septembre 1912 à Saint-Martin-le-Gaillard (Seine-inférieure, Seine-Maritime), mort à Auschwitz ; et Daniel, plus jeune ; et une sœur, Jeanne.

Leurs parents se marièrent le 30 décembre 1909 à Fulham, après la naissance de Jacques et leur mariage fut retranscrit en janvier 1910, à l’état civil de Rocca de’ Baldi, province de Cunéo (Italie). Marie Delestre, devenant épouse Bertolino, perdit alors sa nationalité française, et prit celle de son mari. Elle retrouva la nationalité française quand son époux obtint sa naturalisation, le 10 janvier 1940, par décret du Président de la République. À cette date, ils tenaient un hôtel-restaurant, Le Café de la Paix, rue Notre-Dame au Tréport (Seine-Inférieure)).

En 1930, Jacques Delestre devint responsable des Jeunesses communistes à Dieppe (Seine-inférieure, Seine-Maritime), quand Charles Pieters y adhéra. Tous les dimanches, le groupe vendait L’Avant-Garde. Il fit son service militaire dans l’aviation. Marié, ayant adhéré au PCF, il partit de Paris le 21 novembre 1936 combattre dans les Brigades internationales, et arriva sur place le 18 décembre 1936, avec Albert Leroy. Il fut affecté à la 14e brigade, au 1er groupe R. (de renfort ?). Il combattit dix mois sur le front, où il fut blessé. Considéré comme un "très bon camarade", il rentra à Dieppe le 4 décembre 1937, avec Albert Leroy. En 1939 il habitait 7 rue Saint-Rémy.

Membre de la direction de la section du parti communiste de Dieppe, il fut aussi à la direction du Syndicat des Dockers aux côtés de Charles Pieters. Il le demeura dans la clandestinité. Au cours de la drôle de guerre, lors d’une permission de celui-ci, il participa à une réunion au 40 rue Guerrier, avec celui-ci, Victor Dolé* et Marcel Dufriche, pour faire le point sur la situation politique du pays.

En août 1940, après l’invasion allemande et la débâcle, il reconstitua le premier groupe communiste clandestin de Dieppe avec Charles Pieters et trois autres militants. Ils diffusèrent l’appel de Jacques Duclos et Maurice Thorez, imprimé chez un nommé Giffard, rue du Bœuf.

Jacques Delestre avait été inscrit sur une liste de 48 personnes établie en juin 1940, qui comportait 33 anciens militants du parti communiste dissout ; 8 sympathisants communistes, presque tous dockers ; 3 militants socialistes. Elle indiquait, outre les noms et les prénoms, la date et le lieu de naissance, leur domicile, leur profession avant l’occupation, leur situation de famille. Après plusieurs vérifications de leurs résidences, elles furent toutes arrêtées. Le 17 ou le 18 juillet 1941, "par ordre des autorités d’occupation", le commissaire de police de Dieppe procèda à l’arrestation de Jacques Delestre à Saint-Aubin-sur-Mer (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), de Robert Lefranc et d’Emmanuel Lenormand*, qui furent interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise). Jacques Delestre y retrouva un de ses frères, Pierre Bertolino, arrêté à Paris le 19 janvier 1941, qui fut déporté avec lui. Le 6 juillet 1942 à l’aube, un millier de détenus furent conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train partit à 9 h 30. Le 8 juillet 1942, Jacques Delestre fut enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45444.

Les trois frères, Jacques Delestre, Pierre et Jean Bertolino moururent en déportation. Pierre Bertolino, mourut à Auschwitz, probablement avant la mi-mars 1943.Jean Bertolino, son frère ainé, fut, lui aussi déporté, mais à Mauthausen. Affecté au Kommando de Gusen, il mourut le 19 avril 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173215, notice DELESTRE Jacques Pierre par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 24 mai 2015, dernière modification le 7 février 2017.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : site Mémoire Vive des convois des 45000 et 31000 d’Auschwitz-Birkenau, http://www.memoirevive.org/jacques-delestre-45444/. — Dieppe et sa région face à l’occupant Nazi, de Jean Belloq, imprimerie Bertout, 1979. — Arch. RGASPI 545.6.44/4 (Moscou).— Fonds ancien de Dieppe, liste électorale de Dieppe de 1939.

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