CLÉMENT Paul

Par Gilles Pichavant, complétée par Marie-Cécile Bouju

Né le 5 janvier 1902 à à Paris (XXe arr.), mort le 30 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ; ouvrier sellier, convoyeur des messageries de la presse ; communiste ; résistant, mort en déportation.

Article de {Ce Soir} 22 août 1946.
Article de {Ce Soir} 22 août 1946.

Paul Clément naquit à Paris XXe, fils de Pierre Clément et Augustine Nicaud. Domicilié 52, rue des Maraîchers à Paris (XXe arr.), les recensements de 1931 et 1936 indiquent chef de ménage, célibataire.
Il exerça plusieurs métiers : sellier, poseur de voies, manœuvre. Il connut une période de chômage à la fin des années trente ; au début de la Seconde guerre mondiale il travaillait comme convoyeur pour les Messageries Hachette.
En 1937, il adhéra au Parti communiste, et fut délégué au Congrès des amis de l’Humanité.

D’après le site Mémoire vivre, vers la fin de septembre 1940, sous l’occupation, Paul Clément décida, avec quelques militants du XXe arrondissement, la reconstitution d’une cellule du Parti communiste, alors clandestin. Les réunions se tinrent généralement le dimanche matin chez Gabriel Buyse*, 109 rue des Grands-Champs (vers la rue du Volga), en présence de Pierre Bertolino, René Faure* et Roger Houdard. À l’issue de ces rencontres, Gabriel Buyse remettait à chacun une dizaine de tracts à diffuser dans leur voisinage et quelques “papillons” à coller à la vue des passants.

Dans la même période, Paul Clément convainquit René Gaymard*, dit « Marius », domiciliés dans le secteur de la “zone”, de participer comme agent de liaison à un réseau de diffusion de propagande. Celui-ci garda en dépôt dans son appartement quelques centaines de tracts et de brochures, mais diffusa également un petit nombre de tracts dans son voisinage et colla quelques papillons boulevard Davout.

Début 1941, l’activité du groupe les conduisit de l’autre côté des « Fortifs ». C’est ainsi que Paul Clément distribua des tracts sur un marché de Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) avec Pierre Bertolino, René Faure et Roger Houdard, de Paris XXe.

Le 19 janvier 1941, à 18 h 30, à la suite d’une perquisition de la brigade spéciale anticommuniste (BS1) des Renseignements généraux opérée le 17 janvier, chez Raymond Luauté, ancien secrétaire de la section d’arrondissement, qui amena la découverte de documents relatifs à l’organisation clandestine du parti communiste clandestin, Paul Clément fut arrêté à son domicile par deux inspecteurs de la BS1. La perquisition opérée chez lui n’amena la découverte d’aucun imprimé clandestin, mais – néanmoins – de papier utilisable pour l’impression de tracts et de quatre feuilles de papier carbone ayant servi à la reproduction de deux lettres ouvertes adressée l’une par André Marty à Léon Blum (5 septembre 1939) et l’autre par Florimond Bonte à Édouard Herriot, président de la Chambre des députés (1er octobre 1939). Au moment de son arrestation, il était toujours domicilié au 52, rue des Maraîchers à Paris XXe (vers la rue des Grands-Champs).

Le jour même, 19 janvier, au vu du rapport des inspecteurs et après les interrogatoires de Paul Clément, Pierre Bertolino, Gabriel Buyse et Robert Vonet, considérant que leur activité avait pour but la diffusion des mots d’ordre de la IIIe Internationale communiste ou d’organismes s’y rattachant, par la reconstitution illégale de cellules dissoutes et par la détention en vue de la distribution et la distribution de tracts, de papillons et de brochures à tendance communistes, André Cougoule, commissaire des renseignements généraux, officier de police judiciaire, les inculpa conjointement d’infraction aux articles 1, 2 et 3 du décret du 26 septembre 1939 et les fit conduire au Dépôt (la Conciergerie, sous le Palais de Justice, dans l’île de la Cité) à disposition du procureur de la République.

Le lendemain, Paul Clément fut conduit à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris XIVe.
Le 31 mars 1941, la 12e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine jugea Raymond Luauté et les neuf personnes interpellées à la suite, Paul Clément fut condamné à un an de prison pour infraction au décret du 26 septembre 1939, comme Pierre Bertolino et Roger Houdard. Le 18 avril, il fut transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes. Le 3 juin, la 10e chambre de la Cour d’appel de Paris confirma la condamnation de Paul Clément (défendu par Maître Georges Pitard) et, le 16 octobre, la Cour de cassation rejeta son pourvoi.
À l’expiration de sa peine, le 20 octobre, Paul Clément ne fut pas libéré : le préfet de police de Paris signa l’arrêté ordonnant son internement administratif. Il fut probablement conduit au Dépôt, comme Pierre Bertolino.

Le 10 novembre, Paul Clément fit partie d’un groupe de 58 militants communistes transférés au « centre de séjour surveillé » (CSS) de Rouillé (Vienne). Le 2 mars 1942, il fut conduit à Angers (ou à Poitiers). Le 22 mai 1942, il fit partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Paul Clément fut sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes, et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs, dont la déportation avait été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus furent conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train partit une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le voyage dura deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrirent principalement de la soif. C’était le convoi dit « des 45000 » nom donné à partir de leurs matricules.

Le 8 juillet 1942, Paul Clément fut enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45375 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Il mourut à Auschwitz (Pologne) le 30 septembre 1942, d’après les registres du camp. Son décès a été ajouté en mention marginale de son acte de naissance le 6 mai 1994 (pas de transcription en mairie du XXe de 1942 à 1967).

Son nom figurait sur la plaque commémorative en l’honneur des employés des messageries de presse mort pendant la Seconde Guerre, inaugurée le 21 août 1946 à Paris. Cette plaque ayant disparu, à l’initiative de l’Institut CGT de l’Histoire Sociale du Livre Parisien, le 28 mars 2019, au 111, rue de Réaumur, fut inaugurée une nouvelle plaque en hommage aux ouvriers résistants des messageries morts pour la France.

Voir liste des victimes des Messageries Hachette

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173280, notice CLÉMENT Paul par Gilles Pichavant, complétée par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 26 mai 2015, dernière modification le 24 mars 2022.

Par Gilles Pichavant, complétée par Marie-Cécile Bouju

Article de {Ce Soir} 22 août 1946.
Article de {Ce Soir} 22 août 1946.

SOURCES : Le Site Mémoire Vive http://www.memoirevive.org/paul-clement-45375/ . — SHD Vincennes, pas de dossier. — Notice de Paul Clément par Claudine Cardon-Hamet. Déportés politiques à Auschwitz. Le convoi du 6 juillet 1942 dit des 45 000 [en ligne]. — Yann Volant. « L’hommage aux résistants des messageries morts pour la France », HistoLivre, octobre 2019, p. 6-9. — Recherches de Sylvie Pepino : recensements, état civil, photos.

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