SAUDER Lucien

Par Jean François Lassagne

Né le 8 mai 1930 à Creutzwald (Moselle), mort le 13 juillet 1990 à Saint-Avold (Moselle) ; ouvrier mouleur en sable aux Houillères du Bassin de Lorraine ; militant de la CGT ; délégué de surface suppléant de 1961 à 1967, puis titulaire de 1967 à 1973 ; membre du secrétariat régional du Syndicat des Mineurs de charbon, responsable des installations du jour ; membre du conseil National de la Fédération Nationale des Travailleurs du Sous-Sol ; membre de la commission administrative de l’Union départementale de Moselle ; administrateur suppléant de la Société de Secours Minière de Sarre-et-Moselle ; membre du Parti communiste ; élu conseiller municipal à Creutzwald en 1971 ; candidat aux élections cantonales en 1972 et 1973.

Lucien Sauder en 1975
Lucien Sauder en 1975

Lucien Sauder était le second des quatre enfants, dont une fille, de la famille Sauder. Son père Joseph, né le 22 mars 1900 à Creutzwald (Lorraine annexée), y fut policier municipal avant la seconde guerre mondiale, à l’issue de laquelle il devint ouvrier à la centrale électrique Paul Weiss de Carling (Moselle). Sa mère, Madeleine Aubertin, née le 29 septembre 1905, femme au foyer, était également originaire de Creutzwald. Comme la plupart des Creutzwaldois, la famille Sauder fut évacuée à Saint-Savin dans la Vienne en 1939, avant de retourner à Faulquemont (Moselle) en 1940, puis à Creutzwald en 1945. C’est là que Lucien Sauder entra à l’âge de 15 ans, en apprentissage à la fonderie du siège 1 du puits de La Houve des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) à Creutzwald, et au bout de 3 ans, il devint ouvrier mouleur en sable. Par la suite, il exerça aux ateliers du Puits 6 à L’Hôpital (Moselle) jusqu’en 1980, toujours en qualité d’ouvrier mouleur.

Le 9 février 1953, il épousa Marie-Thérèse Engler originaire de Creutzwald où elle était née en novembre 1926. C’est là qu’ils s’installèrent, avant la naissance, en avril 1957 de leur fils Pascal, qui fut lui-même ETAM aux HBL de 1981 à 2005 puis en CCFC (congé charbonnier de fin de carrière). Après leur divorce en 1975, Marie Sauder dut travailler et fut embauchée en mai 1975 dans l’entreprise locale de fabrication de téléviseurs Grundig à Creutzwald, jusqu’en 1986, date de son départ en FNE. Militante du Mouvement de la paix, adhérente à la CGT puis à la CFDT, elle partit à la retraite en 1991 à 65 ans. Elle fut alors membre de la section locale des retraités de la CGT de Creutzwald et environs, jusqu’à son décès le 22 août 2007.

Lucien Sauder, quant à lui, vécut à Saint-Avold après leur divorce. Syndiqué à la CGT dès son entrée aux HBL en 1945, Lucien Sauder était membre de la section syndicale du Puits 6 au siège Sainte Fontaine. C’est là qu’il devint le suppléant du délégué de surface Charles Stross en1961, et réélu à ce poste en mai 1964 en rassemblant 57,7% des suffrages exprimés, puis élu lui-même délégué de surface en mai 1967 avec près de 60% des suffrages pour le Lavoir du Puits 5, le Chemin de Fer des HBL, les ateliers de Sainte Fontaine, les ateliers du Puits 6 et l’atelier central 4. En mai 1970 jusqu’en 1973 il conserva son mandat en atteignant plus de 70% des suffrages exprimés, avec pour suppléant Jean-Marie Verdin-Pol (Délégués de Surface et Délégués Mineur sont des Délégués du Personnel et de la sécurité, professionnels, élus par le personnel et exerçant sous la contrôle du service des Mines, rémunérés par celui-ci). En 1968, il entra au Comité d’Entreprise des Houillères du Bassin de Lorraine. Élu à la commission administrative de l’UD de la Moselle par le congrès départemental de 1963. En octobre 1968, au 57e congrès de la FNTSS-CGT tenu à Pau (Pyrénées Atlantiques) il fut élu titulaire au conseil national de la fédération. En mai 1971, au 58e congrès de la FNTSS-CGT tenu à Gassin (Var) il fut réélu à la même fonction, puis renouvelé au congrès de Saint-Etienne jusqu’en 1977. À partir de 1970 il devint membre du secrétariat régional du Syndicat des Mineurs, au sein duquel il eut la responsabilité des installations et services du jour. Membre de la Commission des Bourses des Mines de Charbonnages de France, administrateur suppléant de la Société de Secours minière de Sarre-et-Moselle de 1975 à 1980, il fit également partie de la délégation de la CGT (pour les emplois du jour) lors des renégociations de la convention collective et des emplois en 1970.

En 1973, il perdit son mandat de délégué mineur, par l’application de la « règle des voleurs » : les élections de délégués mineurs n’attribuaient pas forcément le poste au candidat ayant pourtant recueilli la majorité des suffrages de la circonscription. Lucien reprit alors son emploi d’ouvrier mouleur aux ateliers du puits 6 et fut de tous les combats syndicaux et politiques jusqu’en 1980, quand, atteint d’une polyarthrite très invalidante, il partit en retraite anticipée à l’âge de 50 ans. Militant communiste à la cellule de Creutzwald, il se trouva être à l’origine, avec René Hoffmann, de la première liste d’opposition municipale au député-maire de droite Félix Mayer en 1971. Têtes de liste, tous deux furent élus avec un troisième colistier. Candidat communiste aux élections cantonales partielles de 1972 dans le canton de Bouzonville (Moselle), il obtint 16,3% des voix au premier tour. Seul représentant de la gauche au second tour, il obtint 17,2 % des voix dans un scrutin qui vit l’élection de Roger Hesse (UDF). Candidat communiste aux élections cantonales des 23 et 30 avril 1973 dans le même canton, il obtint 995 voix sur 10 223 suffrages exprimés pour 10 463 votants et 18 634 électeurs inscrits. Il fut battu par le maire de Creutzwald, André Bohl (démocrate-chrétien) qui totalisa 5 645 suffrages. Très mobilisé avec le Mouvement de la paix, il œuvra également pour l’amitié franco-allemande. Il mourut le 13 juillet 1990 à Saint-Avold (Moselle).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173369, notice SAUDER Lucien par Jean François Lassagne, version mise en ligne le 30 mai 2015, dernière modification le 15 janvier 2022.

Par Jean François Lassagne

Lucien Sauder en 1975
Lucien Sauder en 1975

SOURCES : Notes de Pierre Schill. Archives départementales de la Moselle : 499 W 49. Archives des HBL : Vt53-B3 ; Vt421-B27. – Le Droit minier, n° 11, novembre 1968 et n° 7-8, juillet-août 1971. — Le Républicain Lorrain, 24 septembre 1973. — Frédéric Niedzielski (avec la collaboration de Christiane Massel et Serge Masson), 25 ans de vie politique en Moselle. Les chiffres pour comprendre, Sarreguemines, Editions Pierron, 1987, 142 p. — Dominique Andolfatto, La syndicalisation en France depuis 1945. Annexe : l’Union départementale CGT de la Moselle (de la Libération à nos jours), CERAT, Université Pierre-Mendès-France, Saint-Martin-d’Hères, 1996, 173 p. — Archives personnelles et témoignages de Pascal Sauder et de René Hoffmann.

ICONOGRAPHIE : Portrait (1975), collection personnelle de Pascal Sauder.

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