SCHWAB-SOMMER Marguerite [née SOMMER Marguerite, Anna, Céline]

Par Alain Dalançon

Née le 29 janvier 1888 à Baumes-les-Dames (Doubs), morte le 11 novembre 1972 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) ; professeure agrégée d’Histoire ; militante féministe, laïque et syndicaliste du S3, du SPES puis du SNES à Paris ; secrétaire de la Société des agrégées, membre du CSEN de 1934 à 1940 puis de 1946 à 1954.

Marguerite Sommer appartenait à une vieille famille d’israélites alsaciens, dont la plupart des membres s’installèrent en France en 1871. Son père, Léon Sommer, membre actif de la Ligue des droits de l’homme, procureur de la République, fut pris à partie le 2 février 1898 en pleine affaire Dreyfus, alors qu’il était en poste à Mulhouse. Sa demeure fut constellée d’inscriptions : « À bas les juifs, À bas Zola, Vive l’Armée ! ». Il fut muté comme juge à Rouen (Seine-Inférieure) où sa fille Marguerite effectua ses études secondaires au lycée et obtint le baccalauréat en 1905. Élève de l’École normale supérieure de Sèvres de 1909 à 1912, elle obtint la licence ès lettres à la Sorbonne en 1911 et fut reçue au certificat d’aptitude au professorat.

Admissible à l’agrégation féminine d’Histoire en 1912, elle enseigna comme professeur déléguée au collège de jeunes filles d’Armentières (Nord) en 1912-1913. En congé sans traitement entre 1913 et 1917 – officiellement pour raisons de famille –, elle effectua diverses suppléances de professeur aux lycées Charlemagne et Fénelon à Paris. Elle souhaitait rester dans la capitale et y préparer l’agrégation à laquelle elle fut reçue à la session de 1917.

Elle fut nommée au lycée de filles de Limoges (Haute-Vienne), où elle noua des amitiés qui lui sauvèrent la vie pendant l’Occupation, en lui procurant une sûre retraite. Puis elle rejoignit le lycée de garçons de Nevers (Nièvre) mais seulement d’octobre 1918 à janvier 1919. L’entrée des jeunes professeures dans le cadre parisien, fussent-elles agrégées et anciennes normaliennes, était en effet extrêmement difficile. Elle épousa le 3 novembre 1920 à Paris (VIIIe arr.) un ingénieur, Georges, Simon Schwab. Ils habitèrent la capitale, n’eurent pas d’enfants mais adoptèrent une fille en 1938. Pour rester à Paris, elle se mit donc à nouveau en congé de 1920 à 1929, se contentant de suppléances plus ou moins longues dans divers lycées parisiens, sauf en 1926-1927 où elle accomplit l’année scolaire entière au lycée Molière. Il lui fallut attendre la rentrée 1930 pour être nommée près de la capitale, au lycée de jeunes filles d’Amiens (Somme), avant d’obtenir enfin sa mutation au lycée Jules Ferry à Paris en 1933, où elle enseigna jusqu’à la guerre.

Marguerite Schwab-Sommer était une militante féministe engagée pour l’égalité des droits entre hommes et femmes et plus particulièrement fonctionnaires masculins et féminins. Elle militait à l’Union française pour le suffrage des femmes. Proche du parti radical-socialiste, elle figura aux côtés de Cécile Brunschwicg au congrès radical-socialiste de 1924, pour réclamer la possibilité pour les femmes d’adhérer à ce parti.

Militante de l’Association des femmes françaises diplômées de l’Université, elle était active dans le Syndicat des professeurs de lycées et de l’enseignement secondaire féminin (S3) et la Société des agrégées présidée par Catherine Schulhof, dont le parcours était similaire et dont elle partageait les orientations. Élue membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique en 1934, elle demanda par exemple, avec Valentine Doudelez, un concours unique d’entrée dans les ENS « pour qu’il ne puisse plus être question de différence de niveau ou de valeur entre les deux concours : « Une école, deux hôtelleries » suivant la formule même de M. le Directeur ». En 1937, partisante de l’adhésion du S3 à la CGT, elle démissionna du syndicat et fut réélue au CSIP soutenue par le nouveau Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire affilié à la FGE-CGT.

Elle militait par ailleurs dans la commission féministe de la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Au congrès national du « Front laïque » en 1937, placé sous la présidence d’honneur de Paul Langevin, président de la Fédération des Comités d’Action Laïque, et sous la présidence effective de Joseph Brenier, président de la Ligue de l’Enseignement, elle présenta un rapport sur la nécessité de l’éducation laïque des femmes.

En 1940, Marguerite Schwab-Sommer fut nommée à titre provisoire au lycée de Montpellier (Hérault) d’octobre à décembre, puis fut rayée des cadres en application de la loi anti-juive, et dut faire valoir ses droits à la retraite en janvier 1941. Elle fut dénoncée comme juive en 1942 dans La Fausse Éducation nationale. L’emprise judéo-maçonnique sur l’école française.

Réintégrée à la rentrée 1944 au lycée Lamartine puis Jules Ferry, avec rétablissement financier rétroactif, elle prit sa retraite en 1954. Elle participa à la création du nouveau Syndicat national de l’enseignement secondaire ; elle était membre de sa commision pédagogique sans faire partie de la commission exécutive en 1945-1946. Elle fut élue sur la liste du syndicat membre du Conseil du second degré en 1946, réélue en 1950, et siégea au Conseil supérieur de l’Éducation nationale. En février 1948, elle signa l’appel à passer à la CGT-FO.

Secrétaire adjointe de la Société des agrégées, elle accepta et prépara la fusion en 1948 des sociétés masculine et féminine aux côtés de la présidente Catherine Schulhof, et devint secrétaire du Bureau unifié. Elle remplaça cette dernière qui démissionna en 1955 de la présidence de la Section des intérêts féminins créée dans la Société des agrégés unifiée. Elle posa néanmoins la question de la légitimité du maintien de la SIF qui disparut en 1956.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173394, notice SCHWAB-SOMMER Marguerite [née SOMMER Marguerite, Anna, Céline] par Alain Dalançon , version mise en ligne le 30 mai 2015, dernière modification le 25 juillet 2018.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat., F17 17820, 25662 ; site de Fontainebleau, base Léonore, n° de notice c-245690. — Arch. IRHSES. — Notice nécrologique, L’Agrégation, n°199, janvier 1973, p. 200. — Pierre Birnbaum, Les Fous de la République. Histoire politique des juifs de Gambetta à Vichy, Fayard, 1992, chap. XX. — Yves Verneuil, « La Société des agrégées, entre féminisme et esprit de catégorie (1920-1948) », Histoire de l’éducation, 115-116, 2007, p. 195-224. — Notes de Jacques Girault et Yves Verneuil.

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