SANTELLI Claude, Jean, Xavier

Par Aline Garin

Né le 17 juin 1923 à Metz (Moselle), mort le 14 décembre 2001 à Garches (Hauts-de-Seine) ; auteur, producteur et réalisateur de télévision ; président de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) entre 1982 et 1992.

Fils de César Santelli, professeur de lycée, et d’Elisa Franceschi, Claude Santelli est plongé dès l’enfance dans la lecture, la littérature, le théâtre et l’écriture. Très jeune, il a émis le désir de devenir comédien. Son père, César Santelli, inspecteur général de l’instruction publique, connaissait ce milieu (il était romancier et auteur dramatique) mais préféra assurer l’avenir de son fils : il l’inscrivit en classe préparatoire puis en licence de lettres à la Sorbonne. Par la suite, Claude Santelli assura pendant cinq ans des cours de français pour des étrangers à l’Alliance française.

Mais il n’abandonna pas son rêve pour autant. Il fréquentait en parallèle le cours Escande, lié à la Comédie Française, et participa à quelques tournées théâtrales en Allemagne occupée. C’est ainsi qu’il rencontra des comédiens et entra dans la compagnie de Jacques Fabbri dans les années 1953-1954. À un détail près : il ne fut pas interprète mais auteur. Ses deux premières pièces, Le Fantôme adapté de Plaute et La Famille Arlequin, furent un succès. La compagnie obtint d’ailleurs l’ancêtre du prix Molière avec La Famille Arlequin. Sa troisième pièce, Lope de Vega, éloignée du style habituel de Jacques Fabbri, fut un échec qui poussa Claude Santelli à quitter la Compagnie. Le milieu du théâtre lui avait néanmoins permis de tisser quelques liens avec la Radiodiffusion-Télévision-Française (RTF) lorsque furent radiodiffusées des pièces de la troupe Jacques Fabbri. Alors que la télévision était en pleine recherche d’auteurs, Claude Santelli rencontra Marianne Oswald, productrice spécialisée à l’époque dans les émissions enfantines et la radio. Elle lui confia l’écriture de textes pour une série sur les poètes, qui ne vit pas le jour, et le présenta à Bernard Hecht, directeur des émissions dramatiques à la télévision.

Depuis 1952, les programmes de la RTF étaient dirigés par Jean d’Arcy, qui donnait à la télévision la mission de distraire, informer et instruire son public. Une première génération de réalisateurs y avait déjà pris ses quartiers, tous attirés par les disciplines reines qu’étaient le journal télévisé et les dramatiques. Le service des émissions de jeunesse était quant à lui en cours d’élaboration, sous l’impulsion du réalisateur William Magnin, à la tête de la section depuis 1952. Ce fut dans ce service que Claude Santelli fit ses débuts, grâce à Bernard Hecht. Entre 1954 et 1958, il y présenta d’abord le magazine Pile ou face et adapta Le Tour de la France par deux enfants (1957-1958), célèbre manuel scolaire de G. Bruno paru en 1877. Ils envisagèrent la télévision comme un outil permettant d’apporter la culture à un public encore restreint et essentiellement « populaire ». En 1958, lassé de Pile ou Face, Claude Santelli créa un nouveau magazine pour les jeunes, Livre, mon ami, sur le modèle de Lectures pour tous. Il en fut le producteur, l’auteur et le présentateur jusqu’à son arrêt en 1968. Simultanément, il produisit et présenta Le Théâtre de la jeunesse de 1960 à 1968. Il en signa également certaines adaptations : la télévision lui permit enfin de revenir au théâtre. Claude Santelli participa également en tant qu’auteur à quelques autres émissions et fut chargé de la programmation des fêtes de fin d’année de 1964 et 1968.

De simple auteur et adaptateur, il atteignit enfin le but de nombre de ses confrères en 1967 : devenir réalisateur pour un des genres télévisuels majeurs à cette époque, les dramatiques. Son premier téléfilm fut Sarn. Il réalisa dans un premier temps un grand nombre d’adaptations d’œuvres littéraires, notamment dans le cadre de la collection Les Cent livres des hommes (1969-1973) et se passionna pour Jules Verne, Dickens, Hugo et surtout pour Maupassant, dont il adapta nombre de nouvelles. Il fut également le réalisateur de trois documentaires historiques de 1981 à 1985. Claude Santelli le dira lui-même dans un entretien radiophonique : son but a toujours été de « transmettre la culture ».

Par ailleurs, Claude Santelli devint très tôt un homme engagé. Deux de ses professeurs, dont Charles-André Julien, étaient proches du Front Populaire et ce fut sous l’impulsion d’un autre de ses enseignants, Pierre Favreau, que, sous l’Occupation, Claude Santelli rejoignit la Résistance en distribuant des journaux clandestins. Il se trouva heureusement en vacances lors de l’arrestation de son groupe. Plus tard, il participa aux grèves de 1968, à la télévision. On le sanctionna en lui retirant Le Théâtre de la jeunesse, ce qui ne l’empêcha pas de devenir réalisateur quelques mois plus tard. Son engagement s’exprima alors dans deux œuvres : 1936 ou la mémoire d’un peuple (1977) et L’An Quarante : un peuple et ses fantômes (1983).

Engagé, il le fut aussi professionnellement, en occupant à plusieurs reprises le poste de président de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) entre 1982 et 1992, puis de la Fondation Beaumarchais.

En 2001, alors qu’il était toujours en plein travail de création et préparait La Flûte enchantée dans un cirque, Claude Santelli décéda des suites d’un accident. Il est entré dans la mémoire de la télévision comme étant l’un de ses pionniers, ou plutôt, comme il se plaisait à le dire, un de ses « inventeurs ».

Marié le 21 avril 1949 à Paris (VIe arr.) avec Andrée Françoise Collet, Claude Santelli s’était remarié en seconde noces le 25 avril 1994 à Froberville (Seine-Maritime) avec Michèle Prune Delons.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173407, notice SANTELLI Claude, Jean, Xavier par Aline Garin, version mise en ligne le 29 juin 2015, dernière modification le 29 juin 2015.

Par Aline Garin

ŒUVRE CHOISIE :
Présentation et production : Pile ou face, magazine hebdomadaire pour les enfants, 1954-1957 ; Livre, mon ami, émission littéraire, 1958-1968 ; Le Théâtre de la jeunesse, magazine, 1960-1968
Adaptations : Le Tour de la France par deux enfants, d’après G. Bruno, 1957-1958 ; - Boudet, Alain (réa.), Quatre-vingt treize, d’après Hugo, 1962 ; Cravenne, Marcel (réa.), David Copperfield, d’après Dickens, 1965 ; Cravenne, Marcel (réa.), Les Mystères de Paris, d’après Sue, 1965 ; Cravenne, Marcel (réa.), Les Grandes espérances, d’après Dickens, 1968.
Réalisation : Série La Nuit écoute, 1964-1970 ; Sarn, d’après Mary Webb, 1968 ; Collection Gustave Doré raconte, 1968-1969 ; Collection Les Cent livres des hommes, 1969-1973 ; Collection La Légende du siècle, 1968-1977 ; Histoire d’une fille de ferme, d’après Maupassant, 1973 ; La Confession d’un enfant du siècle, d’après Musset, 1974 ; Le Père Amable, d’après Maupassant, 1975 ; 1936 ou la mémoire d’un peuple, 1977 ; Le Neveu de Rameau, d’après Diderot, 1980 ; La République nous enseigne : l’école gratuite obligatoire laïque a cent ans, 1981 ; L’An Quarante : un peuple et ses fantômes, 1983 ; L’Année terrible et La Semaine sanglante, 1985 ; Berthe, d’après Maupassant, 1986 ; Mademoiselle Fifi ou Histoire de rire, 1992 ; Jean Giono, collection Un siècle d’écrivains, 1995

SOURCES : Télé notre histoire : Claude Santelli, en deux parties, entretien-portrait télévisé réalisé par Dominique Froissant, produit par l’Institut national de l’audiovisuel (Ina). 51 mn, 1999 ; Claude Santelli, collection À voix nue : grands entretiens d’hier et d’aujourd’hui, entretien radiophonique en cinq parties de Gérard Henri Durand, France Culture, 29 mars 1999 - 2 avril 1999 ; Christian Bosséno, "200 téléastes français", CinémAction, 1989, n° hors-série, [Télérama, Condé-sur-Noireau], p. 21-30 ; Jérôme Bourdon, Agnès Chauveau, Francis Denel, et al., La Grande aventure du petit écran : la télévision française 1935-1975, [Nanterre, Musée d’histoire contemporaine, 1997], [320 p.] ; Marie-Angèle Félicité, Les émissions télévisées pour la jeunesse de Claude Santelli (1955-1968) : une introduction à la littérature, mémoire de master en histoire, [Pau : Université de Pau et des pays de l’Adour], 2006, [246 p.] ; Marie-Françoise Lévy, « Claude Santelli », dans Jeanneney, Jean-Noël (dir.), Chauveau Agnès (collab.), L’écho du siècle : dictionnaire historique de la radio et de la télévision en France, Hachette littératures, Issy-les-Moulineaux : ARTE éd., 2001, p. 418-420. — État civil.

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