RUCHOT Jules, Camille

Par Didier Bigorgne

Né le 8 avril 1907 à Nouvion-sur-Meuse (Ardennes), mort le 14 septembre 1995 à Rethel (Ardennes) ; ouvrier d’usine, puis cheminot ; résistant ; syndicaliste CGT ; secrétaire fédéral du Parti communiste des Ardennes (1944-1945), puis secrétaire à l’organisation (1945-1947) ; maire adjoint de Nouvion-sur-Meuse (1944-1945).

Fils de Jules Henri Ruchot, ouvrier d’usine, et de Marie Aline Gillet, sans profession, Jules Ruchot était l’aîné d’une famille de onze enfants. Après l’obtention du certificat d’études primaires en 1920 et trois années d’apprentissage, il devint tourneur sur métaux. Il exerça son métier à l’usine, du 1er avril 1923 au 17 novembre 1933 à Charleville (Ardennes). Il s’installa alors à Sedan pour travailler comme agent d’assurances au groupe Prévoir, du 1er mars 1934 au 30 mars 1937. Il entra à la Compagnie des chemins de fer de l’Est en qualité de tourneur sur métaux le 1er avril 1937. Il travailla au dépôt de Lumes-triage jusqu’en 1949 avec une interruption du 1er novembre 1944 au 1er juillet 1948 pour se consacrer à la rédaction du journal communiste Liberté puis au dépôt d’Amagne-Lucquy jusqu’à sa mise à la retraite le 1er avril 1964. Il reprit une activité professionnelle, d’abord comme magasinier outilleur aux établissements Jansen à Rethel du 13 octobre 1964 au 15 mai 1965, puis comme ouvrier d’entretien à la laiterie de Dom-le-Mesnil du 2 mai 1966 au 30 juin 1969. Jules Ruchot avait épousé Rosa René Demacon, sans profession, le 6 juillet 1929 à Boutancourt (Ardennes) ; de cette union naquirent deux filles.

Dans l’entre-deux-guerres Jules Ruchot était membre du syndicat CGT des cheminots de Lumes. Il militait aussi au Parti communiste à Nouvion-sur-Meuse où il habitait. Mobilisé en 1939, il combattit les Allemands et fut fait prisonnier le 19 juin 1940. Libéré et démobilisé en septembre 1940, il rentra à Nouvion-sur-Meuse et reprit son travail au dépôt de Lumes.
En janvier 1941, Jules Ruchot entra en contact avec Maurice Deloison, cheminot et dirigeant communiste du Nord, pour organiser la Résistance qui vit le jour dès le mois de mai. Avec les cheminots communistes Albert Villemaux, maire révoqué, Arthur Meert et Justin Eloy,il s’activa rapidement par des distributions de tracts et des sabotages de wagons. Dénoncé, il fut arrêté par les Allemands le 19 octobre 1941. Traduit devant un tribunal allemand à Sedan, il fut emprisonné à Charleville avant d’être interné au camp de Royallieu à Compiègne. Dans la nuit du 25 au 26 août 1944, il s’évada en sautant du train qui l’emmenait en Allemagne. Il fut hébergé par les résistants de la commune de Ployron (Oise). Le 23 novembre 1949, le Secrétariat d’Etat aux Forces armées lui attribua le grade fictif de caporal.

À la Libération, Jules Ruchot fut nommé conseiller municipal de Nouvion-sur-Meuse. Elu premier adjoint le 10 novembre 1944, il remplit la fonction de maire en remplacement d’Albert Villemaux toujours détenu en Allemagne. Dans le même temps, Jules Ruchot prit une dimension nouvelle au sein du Parti communiste. En octobre 1944, le secrétaire de la cellule communiste de Nouvion-sur-Meuse devint secrétaire de la région des Ardennes du Parti communiste et le demeura jusqu’au 7e congrès régional qui se tint à Charleville les 16 et 17 juin 1945. Il céda alors son poste à Robert Ninitte et fut nommé secrétaire à l’organisation, responsabilité qu’il exerça jusqu’à la conférence fédérale des 14 et 15 juin 1947. Il continua de siéger au comité fédéral jusqu’au 19 mars 1950.

Jules Ruchot ne connut pas une grande réussite électorale. Aux élections municipales d’avril-mai 1945, il échoua à Nouvion-sur-Meuse sur la liste de son parti en obtenant 434 voix (pour une moyenne de liste de 416 voix) sur 1 193 inscrits et 892 votants. Au mois de juillet suivant, il devint conseiller municipal de Nouvion-sur-Meuse lors d’une élection complémentaire, mais il ne retrouva pas son siège au scrutin du 19 octobre 1947 ; il recueillit 366 voix (pour une moyenne de liste de 315 voix) sur 1 252 inscrits et 954 votants. Le 23 septembre 1945, il représenta le Parti communiste aux élections pour le Conseil général dans le canton de Flize. Avec 1 351 voix sur 5 170 inscrits et 3 956 votants, il arriva en deuxième position au premier tour, devancé d’une voix par son concurrent socialiste SFIO, Henri Clin ; il se désista pour Clin qui fut élu au scrutin de ballottage.

Membre de la commission exécutive de l’UD-CGT des Ardennes depuis le 25 avril 1948, Jules Ruchot participa aux grèves qui paralysèrent les centres ferroviaires ardennais de Charleville, Mohon, Lumes et Amagne. Il fit partie des quarante-huit cheminots inculpés d’entrave à la liberté du travail qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville le 1er juin 1949. Le jugement rendu le 29 juin condamna vingt-et-un grévistes et en acquitta vingt-sept au bénéfice du doute. Jules Ruchot fut relaxé, mais la direction de la SNCF le sanctionna en le déplaçant au dépôt d’Amagne-Lucquy. Il siégea à la commission exécutive de l’UD-CGT jusqu’au 2 avril 1950.

Après cette mutation, Jules Ruchot fut le candidat du Parti communiste aux élections pour le Conseil général dans les cantons ruraux du Rethélois. Le 7 octobre 1951, il obtint 177 voix sur 2 581 inscrits et 1 736 votants dans le canton de Chaumont-Porcien. Le 17 avril 1955, il recueillit 438 suffrages sur 3 993 inscrits et 2 347 votants dans le canton de Novion-Porcien.

Jules Ruchot était veuf depuis le 2 août 1979 quand il mourut. Il était toujours membre du Parti communiste et de l’ARAC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173428, notice RUCHOT Jules, Camille par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 31 mai 2015, dernière modification le 6 septembre 2015.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 1 M 14 et 15 ; 3 M 7, 8 et 9. — Liberté, 1944 à 1952. — L’Humanité-Dimanche, 2 août 1964, et 9 août 1964. — L’Ardennais, 2 juin 1949 et 30 juin 1949. — Presse locale. — Témoignage de Jules Ruchot à Henri Manceau.— Renseignements et documents fournis par les filles de l’intéressé.

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