NICOLLE Charles, André, Jean. Pseudonyme dans la résistance : Karl

Par Jacques Defortescu

Né le 21 mai 1920 au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), mort le 14 novembre 2000 au Havre ; instituteur, professeur ; résistant, militant communiste, militant syndical CGT, artiste peintre, créateur du Salon des artistes ouvriers du Havre.

Un des cinq dessins exposés aux Archives Départementales de la Dordogne, dans l’ espace sur la résistance.

Charles Nicolle, fils de Charles Nicolle, menuisier, et de Suzanne Ménéléon, étudia à l’école des Beaux-Arts du Havre au début des années 1930. Très sportif, adhérent au Club nautique havrais (CNH) en 1936, il partit aux jeux olympiques de Barcelone, et à son retour, il fut élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Rouen. de 1937 à 1940,

Charles Nicolle fut nommé instituteur à la rentrée scolaire de 1940 au Havre, à l’école de la rue Dicquemare, puis à Saint-Étienne-du-Rouvray dans la banlieue rouennaise , en janvier 1941 jusqu’en 1942.

Dès 1940, il entra dans la Résistance et adhéra au PCF en janvier 1943. En juin 1942, tuberculeux, il alla au sanatorium des instituteurs à Sainte-Feyre dans la Creuse. Il y intégra l’appareil technique des FTP, ses responsabilités étaient très précises : assurer la production de journaux et de tracts, suivre plusieurs maquis, participer à des opérations militaires. En mai 1944, il partit au sanatorium de Clair vivre en Dordogne. Là, il rejoignit le groupe de résistance FTP « Stalingrad- 1er régiment » ; il prit alors le surnom de Karl. Dans un livre sur les FTP, paru en Dordogne, on retrouve trace de « Karl » à l’occasion de ratissages organisés par la division allemande Brehmer qui, au début 1944, encercle à Cantillac des maquisards (photo de Karl dans l’église). Charles Nicolle prit une part active dans la libération des poches de l’Atlantique à Royan et La Rochelle.

En 1947, Charles Nicolle rentra au Havre, où il devint professeur au lycée Jules Siegfriedt : il y enseigna tour à tour le français, l’anglais, l’histoire-géographie et même le latin.

Président de l’Union havraise des Arts Plastiques (UHAP) qu’il créa en 1956, Charles Nicolle prit alors une place de plus en plus importante dans l’art pictural havrais, avec Roger Guerrant, Claude Gaignoux et son professeur à l’école des Beaux-Arts : Albert Copieux.

En 1950, militant syndical dans l’enseignement, il accordait beaucoup d’importance à la formation des militants syndicaux.

En décembre 1950, Charles Nicolle exposait à Rouen à une manifestation organisée par l’Union départementale CGT de Seine-Inférieure. Il lui vint alors l’idée de créer au Havre quelque chose du même type. Relayé par Louis Eudier, secrétaire du syndicat de la métallurgie CGT et soutenu par le Parti communiste, il proposa un thème d’exposition sur la défense de la Paix aux exposants : « Ce thème doit être compris dans le sens le plus large, chaque artiste exprimant sa volonté de paix, son amour de la vie, son horreur de la guerre, selon ses sentiments personnels et son propre tempérament ». Il fut aussi décidé de décerner un prix par un jury. Dans des conditions difficiles, du fait de la vétusté des locaux et du manque de moyens matériels et financiers, malgré un accrochage qui s’apparentait beaucoup à du bricolage, cette première exposition obtint un grand succès. Le rapporteur au 3e congrès de l’union locale CGT du Havre du 21 décembre 1952, faisant le bilan de cette expérience, la trouva très positive en déclarant : « n’est-ce point aussi un touchant symbole que cette réunion, dans une même galerie d’artistes, de conditions fort différentes : dockers, maçons, métallos, employés, instituteurs, etc…, aux techniques extrêmement diverses et inégalement évoluées. Là tous sont admis, les meilleurs voisinent avec les moins cultivés, et se trouve ainsi réalisée une véritable fraternité, préfiguration de la société sans classe où les mêmes chances, les mêmes perspectives sont ouvertes à tous. »

Dès 1952, plus aucun thème ne fut imposé, certains artistes parlant de leur métier, de leurs peines, de leurs luttes, c’est spontanément qu’ils le firent et la plupart des visiteurs, les critiques spécialisés en particulier reconnaissaient la sincérité des exposants. La commission administrative de l’Union des syndicats CGT du Havre, après bien des débats, en 1957, ayant refusé dans un premier temps le terme « Salon » jugé trop bourgeois, décida de dénommer celui-ci le « Salon des Artistes Ouvriers du Havre et de la Région ». Au fil des ans, l’exposition prit sa place dans la culture havraise, où des artistes de renommée régionale pour le moins sont venus exposer et on obtenu des prix. En 1992, à l’occasion du 40e anniversaire du Salon, celui-ci se tint dans les grands salons de l’hôtel de ville du Havre. En 2002, pour son cinquantième anniversaire, il fut décidé de consacrer un hommage spécial au créateur du salon : Charles Nicolle. Dans les année 2010, chaque année, entre 170 à 200 peintres et sculpteurs exposent au Salon des Artistes Ouvriers.

Charles Nicolle épousa au Havre le 10 août 1961, Line Freichey, née le 19 décembre 1922, décédée le 3 novembre 2012. Ils eurent deux enfants : Daniel, né le 9 septembre 1950 à Villeneuve- le-Roi, et Françoise, née le 23 janvier 1952 et décédée le 1er septembre 1982 au Havre.

Depuis 2012, une vingtaine de toiles de Charles Nicolle sont visibles au Musée de l’Ancien Havre, Hôtel Dubocage de Bléville, 1 rue Jérome Bellarmato, au Havre.
En 2020, cinq dessins de « Dordogne en armes » en 1945 furent exposés dans l’Espace Résistance et Déportation aux Archives Départementales de la Dordogne (voir ci- dessous)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173430, notice NICOLLE Charles, André, Jean. Pseudonyme dans la résistance : Karl par Jacques Defortescu, version mise en ligne le 31 mai 2015, dernière modification le 13 avril 2022.

Par Jacques Defortescu

Charles Nicolle en août 1961
Charles Nicolle en août 1961
Un des cinq dessins exposés aux Archives Départementales de la Dordogne, dans l’ espace sur la résistance.

SOURCES : Entretien avec Daniel Nicolle, avril-mai 2015. — Cultures Havraises » Jean Legoy – EDIP éditeur-1986. — Le fil rouge, revue de l’IHS Cgt 76- n° 44- été 2012

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