SIREDEY André, Marcel, Lucien

Par Alain Dalançon.

Né le 28 août 1932 à Tananarive (Madagascar) ; professeur ; militant syndicaliste du SNET et de la FEN dans la Marne, puis du SNES, secrétaire du S3 de Reims (1972-1976), secrétaire national responsable du secteur politique scolaire et laïcité (1979-1983) ; militant associatif, président du comité départemental de la Savoie de l’Appel des cent.

André Siredey
André Siredey
Assises de la vie scolaire Snes 1982 (coll. IRHSES)

André Siredey naquit à Madagascar où son père, Marcel, était sous-officier dans la « coloniale ». Ce dernier, fils naturel d’une jeune paysanne dans un village de Bourgogne, avait travaillé de bonne heure comme garçon de ferme de 12 à 18 ans ; après la guerre de 1914-1918 à laquelle il avait participé à partir de 1917, il s’était engagé dans l’infanterie coloniale où il fit carrière (Maroc, Chine, Madagascar, Syrie) pour terminer comme adjudant-chef. Démobilisé en zone-sud de la France à l’été 1940, il travailla ensuite comme comptable au ministère du Ravitaillement puis dans une maison de transports et enfin comme gardien de nuit à la Samaritaine à Paris. Sa mère, fille d’un ouvrier imprimeur parisien, avait commencé elle aussi à travailler à 12 ans comme apprentie dans une maison de haute couture dans la capitale, où elle était devenue couturière avant son mariage ; elle avait ensuite suivi son mari dans ses différentes affectations, puis, de retour en France, elle fit des ménages jusqu’à la retraite.

André Siredey fut élevé dans cette famille modeste qui habitait un deux pièces-cuisine au 6e étage d’un immeuble sans ascenseur, sur les pentes de la butte Montmartre. Ses parents le firent baptiser mais il refusa d’aller au catéchisme ; ils ne se préoccupaient pas de politique ; ils voulaient surtout que leurs trois enfants (dont André était l’aîné) travaillent bien à l’école pour atteindre une bonne situation sociale.

Après l’école communale dans le XVIIIe arrondissement, André Siredey passa en 1943 le diplôme d’études primaires préparatoires qui lui permit d’entrer au cours complémentaire et d’y suivre une scolarité complète jusqu’en 3e. En 1947, il obtint le nouveau diplôme du BEPC (brevet d’études du premier cycle du second degré) qui lui ouvrit la porte du collège Chaptal de la ville de Paris (devenu lycée en 1950), où il entra en classe de seconde pour préparer le concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de Paris-Auteuil, comme le souhaitaient ses parents. Reçu, il obtint la première partie du baccalauréat « moderne » M’ à l’ENI en 1949, puis revint effectuer sa terminale au lycée Chaptal pour obtenir la seconde partie du baccalauréat mathématiques élémentaires. Toujours normalien, il effectua deux années d’études en classes préparatoires dans le même lycée et réussit en 1952 le concours d’entrée à l’École normale supérieure de l’enseignement technique. Elève de la section A1 (1952-1955), il acquit le professorat de l’enseignement technique, major de sa promotion.

Il rencontra à l’ENSET Colette Lassabe, elle-même boursière d’ENI, élève de la même promotion dans la section A2, sœur cadette de Jacqueline, qui avait épousé Paul Berger, également anciens élèves de l’ENSET ; ils se marièrent le 16 juillet 1955 à Reims (Marne), à leur sortie de l’école. Ils eurent trois enfants : Yves, né en 1959, devenu ingénieur de génie civil ; Rémi, né en 1958, professeur agrégé de chimie ; Nathalie, née en 1964, maître de conférences en physique.

Le couple commença sa carrière à Reims ; elle comme professeur certifiée de physique-chimie au collège puis lycée technique Libergier, et lui comme professeur certifié de physique au collège puis lycée technique Roosevelt. Il y exerça jusqu’en 1976, chargé notamment de la classe préparatoire à l’ENSET puis d’une classe de technicien supérieur préparant au nouveau BTS électronique ; il écrivit un manuel pour cette filière. Il donna en outre des cours au centre associé au CNAM. 

Sa carrière professionnelle fut interrompue par le service militaire. Sursitaire jusqu’en 1957, classé en « service auxiliaire » à la suite d’une opération chirurgicale, il fut incorporé dans l’Armée de l’air à Reims, terminant son temps au grade de sergent. Il ne partit donc pas en Algérie pour participer à une guerre qui ne disait pas son nom et qu’il réprouvait.

C’est l’opposition à cette guerre qui détermina le plus les débuts de ses engagements militants. S’il fut tenté d’adhérer au Parti communiste français dont il approuvait les positions anticolonialistes, les révélations sur le stalinisme l’en écartèrent. Par la suite, il voulut toujours garder sa liberté de penser et d’agir sans jamais adhérer à aucun parti, ce qui convenait bien au militantisme syndical et associatif auquel il voua une grande partie de sa vie.

Syndiqué au Syndicat national de l’enseignement technique depuis l’ENSET, il fit ses premières armes dans la section départementale de la Fédération de l’Éducation nationale de la Marne, section atypique qui s’était prononcée contre le départ de la CGT en 1948 et qui avait été ensuite un des porte-drapeaux du courant « unitaire » dans la fédération autonome, tout en réfutant la lutte sclérosante des tendances et en défendant l’existence de syndicats uniques départementaux à côté des sections des syndicats nationaux. À cette école, André Siredey fit son apprentissage au bureau départemental, à partir de 1960, aux côtés de Jean Gaydier, Michel Pierre, Clément Authier. C’est aussi dans cette section, très active en mai-juin 1968, qu’il participa au mouvement social.

André Siredey militait également au nouveau Syndicat national des enseignements de second degré, se reconnaissant dans le courant « Unité et Action ». Secrétaire de la section (S1) du lycée technique Roosevelt de 1967 à 1972, il s’impliqua beaucoup dans le nouveau conseil d’administration en défendant les positions syndicales. Le recteur voulut le sanctionner administrativement ; un recours fut déposé, avec l’appui de la direction nationale du SNES, devant le Conseil d’État qui lui donna raison, ce qui permit l’instauration d’une jurisprudence protégeant les élus syndicaux dans les CA.

Dans la commission administrative de la section académique (S3), il s’affirma, fut élu suppléant à la CA nationale en 1971 et succéda en 1972 au secrétariat général à André Ménager. Il anima une équipe très solidaire avec les secrétaires des sections départementales (S2) (Jean-Louis Peudon dans l’Aube, Saintier dans la Marne, Claude Lecuivre dans les Ardennes, Veillerette en Haute-Marne), en faisant confiance à de jeunes militant(e)s : Serge et Françoise Parisel, Jean-Claude Durdux, Pierre Fontugne, Claude Rigollot, James Pelle… En 1976, il demanda et obtint sa mutation pour le lycée technique Monge à Chambéry (Savoie) et passa le témoin de la direction du S3 à Jean-Claude Durdux.

Sa carrière syndicale ne s’arrêta pas là, puisqu’il fut appelé en 1978 à la direction nationale (S4) pour travailler au secteur politique scolaire et laïcité dirigé par Bernard Flageollet*, secteur qui prenait la succession de la commission laïque, dont le secrétaire avait été depuis 1967 son beau-frère, Paul Berger, et où ce dernier collaborait toujours. Il fut ainsi le co-rapporteur de la longue motion du congrès de 1978 : « Compétence et rôle des enseignants dans l’équipe éducative et dans la gestion démocratique du service public d’enseignement », soulignant bien la transversalité des préoccupations du secteur, en lien avec les revendications corporatives et pédagogiques.

En 1979, Bernard Flageollet étant devenu secrétaire administratif, André Siredey devint secrétaire national, responsable du secteur et membre du bureau national. Son expérience de secrétaire de S3, sa puissance de travail, son rigueur intellectuelle et morale et sa modestie firent de lui un dirigeant respecté. Au congrès de 1980, la motion qu’il rapporta avec son équipe développa un sujet nouveau abordé en 1978, celui de la décentralisation démocratique, condition de l’efficacité de la mise en œuvre d’une politique nationale démocratique du service public, résumée à travers la formule : « l’école affaire de tous, prise en charge par tous ». Au congrès de mars 1981, le thème dont il fut co-rapporteur insista sur un second degré qui soit à la fois de masse et de qualité : une attention précise fut portée aux conditions nécessaires pour aider tous les enfants à réussir leur scolarité, en particulier les enfants d’immigrés et les jeunes exclus du système solaire.

Après l’élection en mai 1981 de François Mitterrand à la présidence de la République, le SNES souhaita pratiquer un syndicalisme « actif, vigilant et constructif ». André Siredey s’inscrivit dans cette démarche en rappelant durant la première année les revendications. La décentralisation démocratique devait devenir un axe principal de l’action syndicale : elle devait entraîner une évolution des pratiques et des structures : à la fois administratives (création de comités techniques paritaires à tous les échelons, élargissement des droits syndicaux) et syndicales (création de sections FEN d’établissement). Mais il ne tarda pas à souligner le manque de clarté des objectifs de la politique de l’Éducation nationale, ses incohérences et l’insuffisance de ses moyens. Ainsi, avec son équipe, présenta-t-il un dossier exigeant la mise en œuvre d’une véritable planification pour la révision de la carte scolaire à l’horizon 1990. Avec Francis Berguin*, il analysa le budget 1983 où l’éducation n’était pas retenue parmi les grands investissements sociaux, thème qui allait être mis au centre de la plate-forme du syndicat ; quant au IXe Plan, il était marqué par une contradiction majeure : comment prétendre faire de la rénovation du système éducatif une priorité sans lui accorder les moyens nécessaires ?

L’autre grand sujet de débat était la réalisation d’un grand service public de l’Éducation nationale (SPULEN) figurant parmi les 110 propositions du candidat Mitterrand. Au congrès de la FEN du début de l’année 1982, André Siredey exposa les positions du SNES : mener de pair la construction du grand service public laïc démocratisé et la nationalisation laïque. Il eut l’occasion de préciser dans divers articles et aux « Assises de la vie scolaire » organisées par le SNES en mai 1982, que la décentralisation signifiait souplesse de fonctionnement, diversité enrichissante mais pas reconnaissance d’un quelconque « caractère propre » mis en avant par les groupes de pression de l’enseignement privé, dont il analysa dans un dossier la diversité, les résultats et les personnels, en soulignant leur désir majoritaire d’intégration, point d’appui pour l’unification. Aussi le SNES se félicita-t-il de la création du SNUDEP (Syndicat national unifié des personnels de l’enseignement privé) dans la FEN. Après les premières propositions du ministre Alain Savary du 20 décembre 1982, il écrivit avec Jean-Louis Auduc* un article « Pour une véritable unification du service public » qui résumait la position du SNES : profonde rénovation du service public mais refus de toute sorte de « dualisme ».

André Siredey n’eut pas l’occasion de continuer à être le porte-parole du SNES sur cette question, car en juin 1983, il quitta la direction du syndicat, laissant la responsabilité de son secteur à ses jeunes collaborateurs. Il retourna dans sa nouvelle académie de Grenoble. Pas tout à fait à la base, car il assura le secrétariat de son S1 de 1984 à 1989 et siégea à la CA du S3. Il reprit un service complet d’enseignement en terminale F2 (électronique) et termina sa carrière en 1992 au grade d’agrégé obtenu par liste d’aptitude.

Après sa retraite, André Siredey, fut membre du bureau départemental de la Fédération générale des retraités de la fonction publique. Il intervint vigoureusement avec Clément Guillet auprès du S4 pour que les professeurs certifiés partis en retraite avant 1989 puissent bénéficier d’une péréquation prenant en compte la revalorisation de l’accord de 1989, ce qui ne fut jamais obtenu. Il continua par ailleurs à militer beaucoup au sein de l’Appel des cent dont il devint le président du comité départemental.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173433, notice SIREDEY André, Marcel, Lucien par Alain Dalançon., version mise en ligne le 31 mai 2015, dernière modification le 30 décembre 2018.

Par Alain Dalançon.

André Siredey
André Siredey
Assises de la vie scolaire Snes 1982 (coll. IRHSES)

ŒUVRE : Électronique. Préparation au Baccalauréat de technicien en électronique, Dunod, plusieurs éditions entre 1966 et 1975.

SOURCES : Arch. IRHSES (SNES, fonds du secteur politique scolaire, L’Université syndicaliste). — Témoignages divers dont celui de Paul Berger. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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