MESNARD Georges [Val-de-Marne]

Par Daniel Grason

Né le 4 octobre 1910 à Arcachon (Gironde), mort le 7 mars 1989 à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) ; riveur à l’entreprise CAPRA à La Courneuve ; militant communiste de Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine) ; déporté à Buchenwald (Allemagne) ; conseiller municipal communiste de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

Fils de Maurice et de Germaine Marie Dupuy, Georges Ménard vivait au 4 rue Martinat à Levallois-Perret (Seine, Hauts-de-Seine). Il épousa le 5 août 1933 Gisèle Sirot en mairie de Levallois-Perret, le couple habita 2 bis rue Marjolin dans la même ville. Tous deux se séparèrent l’année suivante, tout en vivant séparément dans le même immeuble. Il travailla du 20 janvier 1936 au 23 juillet 1938 en tant que vendeur aux magasins du Louvre à Paris. En 1939 la direction licencia une partie du personnel, il s’inscrivit au chômage. Il a été embauché en qualité de riveur à la société CAPRA, rue Neuve à La Courneuve (Seine, Seine-Saint-Denis). En juillet 1939, il logea 16 ter rue Collange toujours à Levallois-Perret.
Au cours des mois de janvier ou février 1940, un militant communiste Courant lui aurait demandé un service, il s’agissait d’aller à Clichy-la-Garenne, ville voisine de Levallois-Perret et de lui ramener un paquet. Courant l’ayant fait embaucher à l’usine CAPRA à La Courneuve, il se sentit redevable et accepta de lui rendre ce service.
Le 12 mars 1940, il fut interpellé par des policiers pour infraction au décret du 26 septembre 1939, son domicile à l’hôtel, chambre 18 au 16 ter, rue Collange à Levallois-Perret fut perquisitionné, sans résultat. Le 13 mars 1940, il était interrogé par la commissaire André Baillet. Il déclara : « Je travaille dans le même atelier que Courant, je suis riveur à la CAPRA ». Il expliqua : « Il y a environ un mois, Courant m’a dit : « Ce soir tu iras au rond-point Victor-Hugo tu trouveras une dame. Tu t’essuieras le nez trois fois. Elle te remettra un paquet. Tu porteras ce paquet au coin de la rue Marjolin et de la rue Aristide Briand à un petit gars qui aura un pantalon de golf et un béret. » Il affirma que « C’était la première et dernière fois » qu’il faisait ce travail.
Questionné sur les militants de l’usine Capra, il affirma « les principaux militants ont déjà été arrêtés ». Une vingtaine d’exemplaires d’un numéro de L’Humanité clandestine avait été diffusé au cours du mois de février 1940.
Une confrontation eu lieu le 13 mars 1940 entre Edmond Courant, Georges Mesnard et Cécile Sacco. Le premier affirma « C’est à madame Sacco que je me suis adressé et à elle seule, pour obtenir les tracts qui circulaient en particulier sur Honel, ex. député. C’est Mesnard que j’ai envoyé au rendez-vous ». Georges Mesnard confirma ses déclarations, il reconnaissait Cécile Sacco. Celle- ci reconnaissait l’existence du tract sur Maurice Honel.
Il a été écroué à la prison de la Santé du 13 mars au 10 juin 1940. D’autres militants : Courant, Husson, Riquier, Chocu, Haye, Chenuil et Perez impliqués dans la même affaire, furent jugés par le Tribunal militaire de Périgueux en Dordogne et condamnés : Courant deux ans, Husson dix-huit mois, Riquier, Chocu, Haye, Aristide Chenuil et Perez à huit mois.
Le 15 juin 1940 ils partirent de Cépoy en colonne, en direction de Neuvy-sur-Loire. Ils furent rejoints par des soldats allemands. Ces derniers leurs donnèrent l’ordre de rentrer à leur domicile. Georges Mesnard habita au 44 rue Martinat à Levallois-Perret.
Il vécut avec Alice, vendeuse chez un marchand de chaussures à Levallois-Perret avenue du Président Wilson. La gendarmerie recherchait Georges Mesnard qui fut prévenu par sa famille. Des gendarmes l’interpellèrent, entendu pendant six heures, il était remis en liberté.
Le 20 ou 21 février 1941 vers 19 heures au rond-point Victor-Hugo à Clichy, Cécile Casaro lui remettait des stencils et deux tracts ainsi intitulés : « DALADIER - CHAMBLERLAIN MUSSOLINI FRANCO ET PIE XII » et « TRAITRES – LACHES ET BIFTECKARDS ». Dans ce dernier tract, il était notamment écrit : « Monsieur HONEL, VOUS ETES DECHU, MALGRE CETTE TRAHISON, comme ceux qui vous ont précédé et suivi dans la voix [voie] de l’abjection, comme les Gitton, Naile, et les autres ».
Le 7 mai 1941 à 5 heures 30 du matin, des gendarmes l’interpellèrent, il exprima sa surprise, déclara sur procès-verbal : « J’ai été arrêté le 12 mars 1940 et incarcéré à la prison de la Santé, que nous avons évacué le 11 juin, pour nous rendre à Cépoy. » Il fut incarcéré à nouveau à la Santé. Georges Mesnard écrivit au Procureur de la République, il lui demandait où en était son affaire.
Le Tribunal militaire de Paris jugea le 2 juin 1941 les militants impliqués, tous étaient condamnés : Courant deux ans de prison et 100 francs d’amende ; Hayes huit mois, 16 francs d’amende ; Husson dix-huit mois et 16 francs d’amende ; Chenuil ; Chocu et Riquier huit mois, 16 francs d’amende. Les cas de Georges Mesnard et Sacco étaient disjoints.
Il comparut le 5 décembre 1941 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, l’audience se déroula à huis-clos. Il était accusé d’avoir propagé « les mots d’ordre de la troisième internationale », et d’avoir « distribué ou détenu en vue de la distribution des écrits ou tout matériel de propagande tendant à propager les mots d’ordre de la troisième Internationale Communiste ou des organes s’y rattachant ».
Il fut condamné à quatre ans de prison et 100 francs d’amende, plus les frais de justice. Il fut interné à la Santé, à Fresnes, à Clairvaux, à Melun et à Compiègne, avant d’être déporté. Il était le dans le convoi de 2073 hommes à destination de Buchenwald en Allemagne (matricule 51229), 55 % d’entre eux ne survécurent pas aux épreuves. Georges Mesnard était parmi les survivants. Il fut évacué par les nazis devant l’avancée des américains puis libéré le 11 avril 1945. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Georges Mesnard habita Champigny-sur-Marne (Seine, Val-de-Marne) à partir de 1948 où il travailla comme chef d’équipe dans une fabrique de peinture. Il épousa le 28 mai 1960, à Champigny, Simone Savu, conseillère municipale, veuve de Jean Savu fusillé au Mont-Valérien le 23 octobre 1943.
Georges Mesnard était conseiller municipal de l’équipe de Louis Talamoni, élu le 14 mars 1954. En raison cette union, il démissionna de son mandat le 15 juillet 1960.
Il fut président de la section de Champigny-sur-Marne des vétérans du PCF.
Il mourut le 4 octobre 1910 à l’âge de 78 ans à Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173464, notice MESNARD Georges [Val-de-Marne] par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 octobre 2021, dernière modification le 3 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : AN Z/4/20 dossier 166. – Arch. PPo BA 2056. Arch. Dép. Val-de-Marne, 1 Mi 2426, 3 M 7377 (listes électorales). – Le Réveil du Val-de-Marne, n° 167, 14 mai 1970. – Notes de François Lonchampt, Annie Pennetier et Claude Pennetier. – Bureau Résistance GR 16 P 413397. – Fondation pour la Mémoire de la Déportation. – Site internet Match ID.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable