SELVA André

Par Rémy Gaudillier

Né le 16 janvier 1922 à Introbio (région de Côme, Italie) ; militant CGT, trésorier de l’UL Saint-Claude (Jura), membre de la commission exécutive ; puis syndicaliste CFDT des pipes ; résistant ; militant chrétien membre du MPF, MLP, MLO, UGS, PSU puis du PS.

André Selva en 1982, lors de la remise de la médaille de l’Ordre national du mérite (archives familiales)

La famille d’André Selva était en contact depuis fort longtemps avec la région de Saint-Claude où son grand-père venait travailler à la morte saison. Après avoir tenté sa chance en Argentine, son père Paul arriva à Avignon-les-Saint-Claude en 1921 comme bûcheron. André, venu à Saint-Claude avec sa mère en 1922 habita à partir de 1923 avec sa sœur le quartier du Valèvre marqué par une importante population italienne, logée dans des maisons de bois isolées avec de la sciure et recouvertes de papier goudronné. André Selva suivit d’abord les cours de la communale où il supporta les lazzi que lui valait sa qualité d’italien. Son père, catholique occasionnel, embauché à l’Ebonite, dut, à la demande de son patron, placer son fils à l’école privée où il obtint le CEP.

Sa formation dut beaucoup à la JOC. Préjociste dès l’âge de 10 ans, il devint en 1938 secrétaire du groupe du Sacré-Coeur (équipe Baillard). Il y découvrit la dignité ouvrière et la nécessité d’agir pour l’émancipation des travailleurs. Mal à l’aise dans le milieu san claudien fortement marqué par le clivage rouge-blanc, il rêva très vite d’unité ouvrière.

Embauché chez Delacour en 1938, puis chez Verguet, il perdit son travail au début de la guerre avec la fermeture de cette maison anglaise et dut pour vivre accepter une série de petits boulots. Il participa alors à l’action menée par le MPF en faveur du ravitaillement. Incorporé aux chantiers de jeunesse de Chatelard en 1942, il y rencontra des jeunes résistants de Chambéry et dut à une libération anticipée en tant que soutien de famille d’échapper au départ en Allemagne. Réfractaire au STO, il fut planqué par l’organisation jociste dans la ferme Moyne à Vadans. Il y fit connaissance de Claire, la fille de la maison, qu’il épousa en septembre 1944. Le couple uni dans un même idéal de vie eut quatre enfants. Fin 1943, André Selva rejoignit le camp "Cyrus" des maquis du haut Jura. Devenu "Martin", il participa aux combats de Dortan, Chancia, Morez, les Rousses.

Il s’engagea pour continuer la guerre en Allemagne avec le 4e puis le 27e RI. Son activité lui valut la médaille de CVR et la carte de combattant. Membre de l’ANACR, il a siégé depuis au bureau de l’UFAC.

La volonté d’André Selva de revenir à Saint-Claude fut contrecarrée par l’impossibilité d’y trouver un logement pour la famille demeurée à Vadans. Après une expérience malheureuse au château de Chevry chez Gros, émule autoproclamée de Barbu en 1947, un travail de huit mois à Arbois, la famille put enfin emménager sous le Pré à Saint-Claude, en 1950, au 4e sous-sol, à condition de prendre en charge de la conciergerie.

Ouvrier chez Miflex, André Selva relança le syndicat CGT. Sa responsabilité de délégué syndical et d’élu au comité d’entreprise l’amena à prendre la défense de camarades et d’être licencié au premier prétexte en 1955. De 1955 à 1961, il travailla successivement chez Cauchon, Vuillard, Crétin-Jacquet, Mordelli, Wauffrey, Lavenna, Monzoni avant d’entrer chez Wuillet lapidaire où il resta jusqu’en 1970. Il termina sa carrière chez Hostorero, usine de pipes en 1980.

Pendant toute cette période, il se montra un militant syndical actif et dévoué, trésorier de l’UL CGT, secrétaire du syndicat du bois et des matières plastiques en 1953 (jusqu’en 1960), membre de la commission exécutive du bureau de l’UD (1962), secrétaire adjoint de l’UL en 1965, membre du bureau national de la CGT bois-papiers-cartons-matières plastiques en 1955-1956, élu à la CAF 1955-1958, membre à ce titre de la commission départementale du logement à partir de 1960, président de la commission de secours de Saint-Claude, membre de l’office d’HLM.
Après avoir joué un rôle dirigeant lors des grèves de 1968 à Saint-Claude, il quitta la CGT à laquelle il reprochait un alignement trop important sur les thèses du PC depuis les évènements de Hongrie en 1956. Passé à la CFDT, il devint responsable du syndicat des pipiers.

La retraite ne mit pas fin à ses activités. André Selva fut de 1979 à 1991 représentants des salariés au conseil des prud’hommes de Saint-Claude dont il devint président et assistant de salariés de 1991 à 1999 chargé de la défense des licenciés.

Chrétien, André Selva milita au MPF, au MLP, s’engagea dans l’association familiale du mouvement, au mouvement de la paix, dans le combat contre les guerres coloniales. Après un passage au MLO, il rejoignit le PSU, puis à partir de 1974 le PS dont il devint secrétaire de la section de Saint-Claude en 1980-1981. Depuis 1982, André Selva est chevalier de l’ordre national du mérite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173569, notice SELVA André par Rémy Gaudillier, version mise en ligne le 3 juin 2015, dernière modification le 10 mai 2021.

Par Rémy Gaudillier

André Selva en 1982, lors de la remise de la médaille de l’Ordre national du mérite (archives familiales)

SOURCES : entretien avec André Selva, 11 mai 1999.

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