BOT Salek dit Saül

Par Lynda Khayat

Né le 11 avril 1919 à Lublin (Pologne), mort en fabriquant un engin explosif le 25 avril 1942 à Paris (Ve arr.) ; étudiant en musique, inscrit aux cours de chimie du conservatoire des Arts et Métiers ; militant des Jeunesses communistes avant la guerre ; résistant, combattant du deuxième détachement juif des FTP-MOI sous l’Occupation.

Salek Bot dit Saül.
Salek Bot dit Saül.

Issu d’une famille juive de Lublin, il fit partie en Pologne, dès l’âge de 17 ans, d’une organisation de jeunes antifascistes, connue par la police pour son activité de collecte en faveur de l’Espagne républicaine et pour ses distributions de tracts révolutionnaires. Il arriva en France en 1937 pour poursuivre ses études et s’installa à Paris en plein cœur du quartier Latin, rue Lacépède dans le 5e arrondissement, où il vivait des subsides que sa famille lui envoyait. Militant des Jeunesses communistes, il tenta aussitôt de rejoindre, malgré son jeune âge, les Brigades internationales, au sein desquelles son frère aîné Samuel dit Max, après avoir organisé à Paris le Comité d’accueil des volontaires, centre de recrutement pour l’Espagne, s’était engagé et où il devait trouver la mort sur le champ de bataille en 1938.
Mobilisé en France en décembre 1939 comme volontaire dans l’armée polonaise, il fut fait prisonnier en juin 1940, puis libéré en raison d’une maladie pulmonaire en novembre de la même année. Il rejoignit alors Paris occupé où il poursuivit ses études musicales de violon avec le professeur Darrieu, tout en suivant des cours de Chimie au Conservatoire des Arts et Métiers.
En novembre 1941, Anna Kowalska, artiste peintre, ancienne rédactrice du quotidien communiste d’avant-guerre Naïe Presse le recruta pour participer à des activités de résistance. Il passa alors dans la clandestinité, prenant la fausse identité d’Yves Moulin. Il changea de domicile, s’installant dans une chambre, au 7e étage du 49 rue Geoffroy Saint-Hilaire, transformée par la suite en laboratoire clandestin de fabrication d’explosifs. Débuta pour lui alors la lutte armée : un attentat à la grenade contre une unité allemande à l’exercice, le dépôt d’un engin explosif dans l’immeuble du journal Parizer Zeitung ou un autre placé dans les locaux de l’UGIF...
Il mourut le 25 avril 1942 dans l’explosion de la bombe, qu’il confectionnait à son domicile clandestin, aidé d’Hersz Zimmerman, ingénieur chimiste, ancien combattant des Brigades internationales ; l’engin explosif était prévu à l’origine pour une action du deuxième détachement des FTP-MOI, le 1er mai 1942, contre une caserne occupée par les Allemands. Son corps fut transporté à l’hôpital Cochin, puis à l’Institut médico-légal pour autopsie, avant son inhumation.
Au domicile de son amie, la militante communiste Masza Lew, chargée du T.A. (travail allemand), la police découvrit, lors de son arrestation à la suite de ce dramatique accident, divers papiers d’identité et d’étudiant établis en polonais et en français au nom de Salek Bot, dont sa carte d’identité d’étranger périmée depuis le 5 novembre 1941, ainsi qu’un lot de lettres et des photographies de groupes de miliciens des Brigades internationales que son frère lui avait adressés durant la guerre d’Espagne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17357, notice BOT Salek dit Saül par Lynda Khayat, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 5 novembre 2020.

Par Lynda Khayat

Salek Bot dit Saül.
Salek Bot dit Saül.

SOURCES : Arch. PPo. BS 2 GB 100 Affaire Lew, explosion 49 rue Geoffroy Saint Hilaire (25 avril 1942) — CDJC CDLXXI_115 France Résistance juive ; DLXI(4)_84 Témoignage d’Adam Rayski recueilli après-guerre par Annie Latour - David Diamant, Combattants, héros et martyrs de la résistance, Paris, Éditions Renouveau, 1984, p. 45 - Boris Holban, Testament, Après quarante-cinq ans de silence, le chef militaire des FTP-MOI de Paris parle, Paris, Calmann-Lévy, 1989, p. 290.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 141 cliché d’identité.

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