DUFOUR Millamon

Par Gilles Pichavant

Ouvrier ferblantier ; membre du Comité central républicain de Solidarité du Havre (Seine-inférieure, Seine-Maritime) en 1871.

Millamon Dufour était ouvrier ferblantier au Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime). Il fut l’un des animateurs du club socialiste de la rue Bernardin-de-Saint-Pierre au Havre, avec Eugène Schlosser, employé de commerce, Girard*, menuisier, Prud’homme*, marchand de planches, Navarre*, voilier, Berthaut, cordonnier Yansen, typographe, et dont le président était Albert Detré, correcteur d’imprimerie. Ce club se transforma en « Comité central républicain de Solidarité » en mars 1871. La police dit de lui qu’il était un chaud partisan de la Commune, et qu’il faisait beaucoup de propagande.

Dans une séance tenue le 5 avril 1871, il félicita les assistants de leur calme « en présence de l’infamie des gens de Versailles et de la noble attitude de nos frères de Paris », et ajouta : « Nous voulons la commune ; nous voulons faire entrer au Conseil municipal l’élément ouvrier en grande majorité, afin de vous défendre, afin de soutenir vos intérêts. Comment voulez-vous que le bourgeois qui se prélasse dans des fauteuils, et use ses bottes sur le bitume, connaisse vois besoins ? »

Ce comité présenta une liste aux élections municipales de 1871 au Havre, et obtint une moyenne de 2200 voix, soit environ 22%, ce qui dépassa toutes les espérances de ses promoteurs et inquiéta fortement les autorités. Millamon Dufour fut présenté en 13e position sur cette liste. Le 6 mai 1871, après avoir exprimé que cette minorité avait excédé toutes les prévisions, et que « les meneurs de ce comité y voyaient un succès », le sous-préfet du Havre dit de Millamon Dufour qu’il fut l’orateur de ce comité, et qu’il songerait à fonder un journal.

A peine les émotions causées par la Commune de Paris étaient-elles apaisées, que le Havre dut participer aux élections partielles qui se déroulèrent dans les départements libérés par l’armée prussienne. Les anciens sympathisants de la Commune tentèrent de se faire entendre. Le 24 juin, Millamon Dufour et Jouanne* annoncèrent une réunion pour le soir même, salle Florentino, rue Hélène, près du Cours de la République. Mais celle-ci fut interdite par le procureur de la République, en vertu d’une loi impériale du 10 juin 1868 qui obligeait à faire une déclaration préalable à la sous-préfecture. Une nouvelle réunion fut annoncée, "à la seule fin de choisir des représentants fermes et éprouvés, capable de tenir haut de drapeau de la République une et indivisible, et la revendication des travailleurs. A l’œuvre donc si l’on ne veut pas que, sous la pression réactionnaire, la république sombre". Mais une nouvelle fois la réunion fut interdite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173588, notice DUFOUR Millamon par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 3 juin 2015, dernière modification le 7 juin 2015.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, dossier sur l’enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, cote 2U 2704. — Jean Legoy, Le peuple du Havre et son histoire, tome 1, imprimerie Édip, 1984 (page 85 et page 97, et note 206 page 115 ; et page 97).

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