SCHUBERT Jean, Nicolas

Par Pierre Schill

Né le 14 mars 1896 à Petite-Rosselle (Lorraine annexée), mort le 27 septembre 1972 à Petite-Rosselle (Moselle) ; mineur aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) puis aux Houillères du bassin de Lorraine (HBL) ; syndicaliste CGT ; dirigeant de la section CGT des mineurs de Petite-Rosselle, trésorier de la Fédération régionale des mineurs CGT ; militant communiste ; conseiller municipal de Petite-Rosselle.

Mineur au puits Wendel des Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) à partir de 1910 puis aux HBL, Jean Schubert acheva sa carrière en tant que contrôleur à la Société de secours minière (SSM) de Petite-Rosselle. En 1927, il commença à militer au syndicat des ouvriers mineurs CGT et au Parti communiste. Il devint secrétaire de la section des mineurs CGT de Petite-Rosselle après la Seconde Guerre mondiale et fut également l’un des animateurs de la section communiste de la cité minière. Dans les années 1930, il figurait sur la « liste noire » des Houillères de Petite-Rosselle, propriété de la famille de Wendel, qui recensait l’identité de 223 mineurs membres de la CGT ou de la CGTU. Il se présenta en 1935 aux élections municipales à Petite-Rosselle, sur la « liste unitaire des travailleurs » rassemblant des socialistes et des communistes du « Front unitaire antifasciste ». La liste comptait notamment dans ses rangs l’instituteur Alexandre Hoffmann. Au premier tour, il obtint 1 003 voix sur 1 574 votants pour 1 869 électeurs inscrits et l’ensemble de la liste de gauche fut élue.

Au moment du Front populaire et des grèves de juin 1936, Jean Schubert joua un rôle particulièrement important. Cela lui valut de figurer, dès la fin du mois, sur la liste recensant au total trente-huit « meneurs » envoyée par la direction de la houillère de Wendel au sous-préfet de Forbach. Il fut élu, le 14 février 1937, au poste de premier président du comité de la section de Petite-Rosselle du Syndicat confédéré des mineurs de la Moselle (CGT). Actif dans la lutte antifasciste, il participa au soutien aux militants sarrois réfugiés en Moselle après le référendum et à la campagne de soutien à l’Espagne républicaine animée en Moselle par l’instituteur Jean Burger. Il fut notamment chargé de l’organisation du point de départ de Forbach vers Saint-Etienne puis vers l’Espagne.

En 1939 Jean Schubert fut évacué en Charente puis envoyé dans le Nord-Pas de Calais pour y occuper un emploi de mineur. Il put rentrer en Moselle au moment où le département était une nouvelle fois annexée à l’Allemagne et fut particulièrement surveillé en raison de ses engagements syndicaux et politiques antérieurs. Son nom figurait en effet dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth, arrêté par la Gestapo en octobre 1940. Le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle y décrivait dans le détail les structures de la CGT mosellane. Jean Schubert était présenté comme membre du bureau de la section syndicale de Petite-Rosselle avec une orientation politique « communiste ».

À la Libération, Jean Schubert se présenta aux élections municipales des 23 et 30 septembre 1945 à Petite-Rosselle sur la liste d’Union de la gauche, de la Résistance et de la CGT, à dominante communiste. Il recueillit au premier tour 871 voix sur 2 807 suffrages exprimés et 2 970 votants. Au second tour il totalisa 798 suffrages et ne fut pas élu. La liste fut battue par celle menée par Elfriede Hoffmann, l’épouse de l’ancien maire socialiste Alexandre Hoffmann, mort en déportation.

En juillet 1946, Jean Schubert fut muté au bureau de la prévoyance sociale en tant qu’employé chargé du contrôle des malades pour la SSM. Il fut candidat aux élections municipales d’octobre 1947 à Petite-Rosselle (Moselle) sur la liste d’Union républicaine et résistante qui rassemblait des candidats socialistes, communistes et indépendants de gauche. La liste à dominante communiste rassembla au deuxième tour une moyenne de 602 voix sur 2 636 suffrages exprimés pour 2 671 votants et 4 027 électeurs inscrits. Elle était opposée à une liste d’entente communale et à une liste RPF qui remporta les élections avec une moyenne de 1 286 voix. Il ne fut pas élu.

Jean Schubert fut à nouveau particulièrement actif lors des « grèves rouges » de 1947 et 1948.

Au IVe congrès de la Fédération régionale des mineurs CGT de Lorraine, qui se tint en novembre 1956 à Petite-Rosselle, il fut élu au poste de trésorier.

Jean Schubert était marié et père de deux enfants. Son épouse Catherine était également communiste et militait à l’Union des femmes françaises. Elle avait été particulièrement active au moment du Front populaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173592, notice SCHUBERT Jean, Nicolas par Pierre Schill, version mise en ligne le 3 juin 2015, dernière modification le 3 juin 2015.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle : 301 M 78 ; 310 M 112 ; 1330 W 265 et 266. ─ Arch. HBL : dossier personnel ; Vt323-B20, B26 et B128. ─ Der Kumpel, 15 décembre 1956. ─ Le Républicain Lorrain, 28 septembre et 6 octobre 1945. ─ Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000. ─ Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Editions Serpenoise, 2006. ─ Renseignements fournis par son fils (questionnaire) et par Daniel Deutsch.

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