VEYER Camille

Par Didier Bigorgne

Né le 22 février 1894 à Moussey (Vosges), mort le 29 janvier 1969 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; ouvrier du textile, puis charpentier ; combattant de la guerre 1914-1918 ; militant communiste et membre de l’ARAC ; conseiller municipal de Charleville (1950-1959).

Fils d’un bûcheron et d’une mère au foyer, Camille Veyer travailla à l’usine textile Lederich réputée pour la dureté de ses contremaîtres. Engagé dans l’armée de 1912 à 1914, il accomplit son service militaire au Maroc et participa à la prise de Kenifra. Il écrivait à ce sujet : « Les soldats ont coupé vingt-deux têtes de Marocains, ils les ont exposées près du drapeau français. » Lors de la guerre du Rif en 1925, Camille Veyer envoya la photographie au journal à L’Humanité. Mobilisé sur le front du Nord de la France, puis sur le front d’Orient pendant la Première Guerre mondiale, il s’illustra au combat et obtint la Croix de guerre 1914-1918.
Camille Veyer s’installa dans les Ardennes en 1919. Cheminot aux ateliers de Mohon de la Compagnie des chemins de fer de l’Est ; il fut révoqué pour avoir participé activement aux grandes grèves de février-mars et d’avril 1920. II exerça alors le métier de charpentier à Charleville à partir de 1921.

Camille Veyer milita à l’Association républicaine des anciens combattants et au Parti communiste. Avec les membres de la section de Charleville de l’ARAC, il se livra à des actions spectaculaires : manifestation au chant de l’Internationale lors de l’inauguration du monument aux morts de Mézières par André Tardieu, ministre des Travaux publics, le 9 octobre 1927, dépôt d’une couronne d’immortels avec un ruban rouge portant l’inscription. « Aux victimes du capitalisme » au monument aux morts de Charleville le matin du 11 novembre 1928.

Au Parti communiste, Camille Veyer s’employa à une large diffusion de la presse. Il distribuait régulièrement des numéros de La Caserne, Le Conscrit et Le Libéré à Mézières où était stationné le 91ème régiment d’infanterie. A partir de 1926, date de la création de L’Exploité, organe du Parti communiste pour les départements de la Marne, des Ardennes et de l’Aisne, Camille Veyer se transforma en diffuseur de masse. Il se distingua par son allant, son efficacité et son souci de faire rentrer le plus vite possible l’argent récolté par les différents diffuseurs. Les affiches à cette époque devant être timbrées et coûtant cher, il usait d’astuces pour réaliser des économies ; aussi légalisait-il les affiches de son parti en décollant des timbres sur les affiches voisines.

Camille Veyer participa à de nombreux meetings, en particulier à ceux organisés en faveur de Sacco et Vanzetti. D’une carrure impressionnante et d’un caractère bien trempé, il aimait la bagarre. Il mena ainsi une importante action de rue contre les menaces fascistes à partir de 1934, et fit le coup de poing lors de la venue de Jacques Doriot* à Mézières le 16 octobre 1936.

Enfin, Camille Veyer fut le candidat de son parti aux élections des 18 et 25 octobre 1931 pour le Conseil d’arrondissement dans le canton de Charleville : il obtint 632 voix sur 9278 inscrits et 5820 votants au premier tour, puis 650 voix sur 5827 votants au scrutin de ballottage. Il figura également en troisième position sur la liste communiste qui échoua aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935 à Charleville.

Réfugié dans le département des Deux-Sèvres pendant la Seconde Guerre mondiale, Camille Veyer diffusa la presse clandestine du Parti communiste. Il entretint une correspondance suivie avec des communistes ardennais, dont André Brémont arrêtés et emprisonnés et leur fit parvenir de nombreux colis.

Camille Veyer fut candidat, sans succès, sur la liste PCF qui remporta sept sièges aux élections municipales du 19 octobre 1947 à Charleville. Il devint conseiller municipal le 8 mai 1950, en remplacement du communiste Henri Leclerc démissionnaire. Le 26 avril 1953, il fut réélu avec cinq de ses colistiers communistes et siégea au conseil municipal jusqu’au 8 mars 1959.

Camille Veyer resta membre du Parti communiste jusqu’à la fin de sa vie. La section PCF de Charleville fit part de son décès dans la presse locale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173806, notice VEYER Camille par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 9 juin 2015, dernière modification le 17 octobre 2022.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, 1M 15 ; 3M 6, 7 et 8.— L’Exploité, 1931 à 1935.— Liberté, 1947 à 1950.— Notice DBMOF par Henri Manceau.— Presse locale.— État civil de Moussey et de Charleville-Mézières

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