BOUCHAREISSAS Michel

Par Guy Le Néouannic

Né le 10 mars 1932 à Paris (Xe arr.), mort le 13 septembre 2013 aux Cars (Haute-Vienne) ; instituteur puis PEGC ; militant syndicaliste, secrétaire permanent du SNI puis du SNI-PEGC ; secrétaire général du CNAL, membre du bureau national des DDEN ; militant socialiste, délégué général de la fédération de la Haute-Vienne du PS (1998-2001).

Michel Bouchareissas
Michel Bouchareissas

Ses parents, Maria Cuisinier et Jean Bouchareissas, mariés en 1926, appartenaient à une famille nombreuse de petits paysans limousins. Venus à Paris en 1928, ils revinrent en Limousin, comme beaucoup d’autres travailleurs victimes de la crise économique, en 1937, pour exploiter une minuscule propriété, après avoir adopté un neveu, orphelin de six ans. Une fille devait naître en 1940. Michel Bouchareissas fréquenta l’école publique des Cars (Haute-Vienne) où l’instituteur, dans le contexte d’alors, le garda jusqu’à treize ans pour en faire un candidat brillant au certificat d’études. Il entra directement en classe de cinquième au cours complémentaire de Chalus en 1945, puis fut interne de 1946 à 1949 au collège moderne de Saint-Léonard-de-Noblat. Il entra en 1949 à l’École normale d’instituteurs de Limoges. Il fut délégué normalien auprès de la section départementale du Syndicat national des instituteurs. Il fut nommé instituteur adjoint en 1953 à Nexon. Il adhéra au Parti socialiste SFIO en 1950 et ne cessa d’en être membre.

Mobilisé en mai 1954, affecté aux EOR d’un régiment du Train à Tours (Indre-et-Loire), sorti avec le grade d’aspirant, Michel Bouchareissas rejoignit immédiatement le sud tunisien (Meheri Zebeus) où il commanda un peloton de transports. À l’indépendance de la Tunisie en 1955, affecté en Algérie à Khenchela dans les Aurès, il participa au début de la guerre avec le grade de sous-lieutenant. Au cours d’une permission, il se maria en novembre 1955 à Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne) avec Marie-Thérèse Peylet. Ils eurent deux filles née en 1957 et 1967.

Démobilisé en 1956, nommé instituteur adjoint à Aixe-sur-Vienne, Michel Bouchareissas devint professeur d’enseignement général en 1960 et enseigna le français au collège local.

Élu au conseil syndical de la section départementale du SNI en 1957, remarqué par Pierre Desvalois, il fut délégué régulièrement dans les instances nationales. Il rendit compte, en octobre 1959 dans le bulletin départemental du congrès national, et à partir du congrès de Strasbourg, intervint régulièrement, les premières années, sur les questions de laïcité, sur la nécessaire indépendance du syndicalisme visant ce qu’il qualifiait d’ « ingérence communiste » dans la discussion du rapport moral au congrès de juillet 1961 ou demandant l’ouverture d’une chronique sportive dans L’École Libératrice en 1963. Le 25 octobre 1963, il y signa son premier article.
Il devint le secrétaire général de la section de Haute-Vienne du SNI en 1963 et fut candidat, pour l’année 1968 au bureau national sur la « liste de la majorité nationale du SNI pour un syndicalisme dans l’Unité, l’Indépendance et la Démocratie ». Ayant efficacement géré au plan inter-syndical les événements de 1968 à Limoges, il fut, dès 1969, sur proposition d’André Ouliac, simultanément élu membre du bureau national et secrétaire permanent du SNI. Il y assura successivement les responsabilités du secteur « jeunes », puis de la vie interne. Il assuma ensuite la direction de L’École Libératrice, hebdomadaire du SNI qui comptait alors plus de 300 000 adhérents. Il entra aussi en 1969 à la CA de la FEN. Avec Jacques Pommatau, il fut un des éléments du noyau dur d’une nouvelle génération de militants, liés par une grande amitié, qui prirent en charge le développement et l’organisation du courant Unité, indépendance, démocratie dont il fut le responsable pendant quelques années dans le SNI.

Bouchareissas devint secrétaire général du Comité national d’action laïque en 1980. L’élection en 1981 de François Mitterrand à la présidence de la République et l’arrivée de la gauche au pouvoir en firent le porte-parole et l’animateur des multiples manifestations laïques dans la tourmente politique que déclencha le projet de « grand service public unifié et laïque de l’Éducation Nationale », proposition du programme du candidat à l’élection présidentielle, appuyée par le CNAL. Il fut l’un des organisateurs du meeting du CNAL du Bourget où Pierre Mauroy, premier ministre et Alain Savary, ministre de l’Éducation nationale, prirent la parole avant lui.

Son activité et l’intense médiatisation de sa personne dans cette « guerre scolaire » et ce nouvel affrontement gauche-droite sur le thème de la laïcité, ses talents d’orateurs comme le style de ses écrits firent de lui, aux yeux d’un grand nombre de militants des sections départementales, le favori pour la succession, en 1983, à la tête du SNI (devenu SNI-PEGC à partir de 1976). Une mésentente interne à la direction fit échouer sa candidature et celle de son concurrent Alain Chauvet, soutenu par le secrétaire général sortant Guy Georges, au profit de Jean-Claude Barbarant*.

Dans la période suivante marquée par l’échec du projet laïque qui entraîna la démission du gouvernement Mauroy, Michel Bouchareissas, tout en conservant le secrétariat général du CNAL, reprit, en 1985, la direction de L’École Libératrice jusqu’en 1987, date de son départ à la retraite.

Parallèlement, Bouchareissas militait dans les rangs du Parti socialiste, dans la section de Sceaux (Hauts-de-Seine) où il demeurait. D’autre part, proche du courant animé par Alain Savary, il avait participé au milieu des années 1970, à l’effort de sensibilisation des enseignants socialistes pour que se dégage une analyse commune relayée sur le terrain syndical par le courant Unité, indépendance, démocratie.

En 1988, sollicité par Roger Bambuck, Secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports, Bouchareissas entra dans son cabinet puis fut nommé Inspecteur général de la Jeunesse et des Sports, responsabilité qu’il assura jusqu’en 1997. Il participait aux réunions du groupe de recherches sur l’histoire du syndicalisme enseignant organisé par le Centre H. Aigueperse (FEN puis UNSA-Éducation) et le Centre de recherches d’histoire des mouvements sociaux et du syndicalisme (Université de Paris I). Il y présenta deux témoignages sur son activité au CNAL et sur son itinéraire.

Lors de la scission de la Fédération de l’éducation nationale en 1992, Bouchareissas adhéra au Syndicat des enseignants-FEN, puis UNSA-Éducation.

Revenu en Limousin en 1997, habitant dans son village familial, Les Cars, il reprit la vie militante au sein du Parti socialiste et devint délégué général de la Fédération socialiste de la Haute-Vienne. Il écrivait fréquemment des billets d’humeur à finalité politique et laïque dans Le Populaire du Centre. En outre, il devint délégué départemental de l’Éducation nationale en 2001, puis président de l’union départementale des DDEN et, en 2003, membre du bureau national de la fédération.

Bouchareissas siégeait depuis 1998 au conseil municipal des Cars, élu sur une liste de l’union de la gauche et était le responsable des questions scolaires.

Depuis 2002, il fait partie du jury du prix Maitron, créé à l’initiative de la FEN puis de UNSA-Éducation en partenariat avec le CRHMSS, devenu Centre d’Histoire sociale du XXe siècle (Université de Paris I).

Bouchareissas devait rester un ami et un fidèle soutien de Pierre Desvalois. Il prononça l’oraison funèbre lors des obsèques de l’ancien secrétaire général du SNI à la fin de 2002 à Séreilhac (Haute-Vienne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17386, notice BOUCHAREISSAS Michel par Guy Le Néouannic, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 2 mai 2020.

Par Guy Le Néouannic

Michel Bouchareissas
Michel Bouchareissas

SOURCES : Presse syndicale. — Renseignements fournis par l’intéressé.

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