SAGER René, Guillaume

Par Jean-Claude Richez, Léon Strauss

Né le 27 mai 1921 à Strasbourg (Bas-Rhin), mort le 26 mars 1987 à Strasbourg ; employé à Strasbourg ; interné en 1942 et emprisonné en 1944-1945 ; syndicaliste CFTC, puis CFDT, militant du RPF, du Mouvement populaire des Familles, de l’UGS, du PSU, du PS ; candidat PSU aux législatives de juin 1968 à Strasbourg ; responsable de l’Action ouvrière RPF du Bas-Rhin de 1947 à 1951 ; fondateur et président de nombreuses associations locales.

Né d’un père alsacien protestant, communiste, ouvrier municipal, et d’une mère d’origine polonaise de Silésie prussienne, née à Strasbourg et catholique, femme de ménage , René Sager, aîné de six enfants, fut élevé dans la foi catholique à laquelle il resta toujours fidèle . La famille habita rue de la Lie dans un quartier insalubre du centre de la ville détruit en 1931, puis déménagea dans les nouveaux HBM de la Cité Louis Loucheur du Port du Rhin. Dialectophone, il ne commença à parler français qu’à l’école primaire dont il sortit en 1935 avec le certificat d’études. Il commença à travailler à 14 ans pour soutenir sa mère, veuve depuis 1932, et l’aider à élever ses cinq frères et soeurs. Après différents emplois de garçon de bureau, il trouva un emploi à la bibliothèque des enseignants gérée par la Société des Amis de l’Université et la Société du Livre français.

En septembre 1939, à la suite de l’évacuation de Strasbourg, la famille trouva refuge à Menesplet - sur -l’Isle (Dordogne), où il assista le secrétaire de mairie pour les affaires concernant les réfugiés. Au cours de l’été 1940, il regagna l’Alsace désormais annexée de fait au Reich nazi. Il trouva du travail outre-Rhin dans une usine à Weinheim (Bade). Revenu à Strasbourg à la fin de 1941, il fut embauché par une caisse d’assurance maladie, mais projeta avec deux amis de s’évader vers la France non annexée. Arrêté dans les Vosges, il fut interné comme Grenzgänger (passeur de frontière) au Sicherungslager (camp de sécurité) de Schirmeck -Vorbrück du 7 avril au 29 juin 1942. À sa sortie du camp, il fut mis en résidence surveillée dans une usine de montage de moteurs à Welzheim (Wurtemberg). Le 21 novembre 1944, il y fut arrêté pour aide à l’évasion d’un prisonnier de guerre et fut emprisonné jusqu’à sa libération par les Américains le 22 avril 1945.

Après son retour à Strasbourg, il travailla dans les services municipaux, puis au ministère de la Reconstruction et se maria avec Marie-Thérèse Ober en 1947 : le couple a eu trois enfants. Il fréquenta les Équipes sociales et la JOC, puis le Mouvement populaire des familles. Il vécut de 1949 à 1964 dans la cité très populaire du Polygone, un ancien terrain militaire où avait été édifié au lendemain de la guerre une partie des sans abris strasbourgeois (12 000 logements avaient été détruits). Il s’y distingua comme activiste du Mouvement Populaire des Familles auquel il adhéra en 1948. Il crée en 1952 avec Henri Bergez, futur dirigeant du PSU strasbourgeois, l’association « Le Toit familial de Cronenbourg » et en 1954 l’association familiale du Polygone dans le quartier populaire du Neuhof. Syndiqué à la CFTC, sa candidature à un poste de permanent fut écartée en décembre 1947 au profit de Charles Dillinger*. Enthousiasmé par le discours du général de Gaulle à Strasbourg en avril 1947, il adhéra au RPF dès sa fondation et y devint permanent en qualité de responsable départemental de l’Action ouvrière tout en travaillant à mi-temps comme magasiner à la fonderie Spiertz où il avait été embauché par le patron Ottawa, son « compagnon « au RPF. Licencié par ce dernier pour avoir créé une section syndicale CFTC, il démissionna en 1951 du RPF. Il devint employé à la Caisse d’Allocations familiales, où il demeura jusqu’à sa retraite anticipée en 1976. Il resta syndiqué à la CFTC et s’y engagea au groupe Reconstruction. Il se syndiqua en 1964 à la CFDT.

Son camarade syndical Eugène Kurtz* le fit adhérer à l’UGS en 1958, puis au PSU. Avec « la droite » du PSU strasbourgeois, il rejoignit en 1974 le PS. En mai 1968, il participa au comité de liaison ouvriers - étudiants au Palais universitaire de Strasbourg. Il se présenta aux élections législatives de juin sous l’étiquette PSU dans la circonscription de Strasbourg 2 et obtint 4% des suffrages exprimés. Il dirigea « Tribune d’Alsace », bimensuel des Fédérations PSU du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. A partir de 1972 il participe à l’aventure de l’hebdomadaire alternatif« Uss’mFollik », »l’hebdomadaire du peuple alsacien » porté par l’Agence alsacienne d’information (AGALSI) créée par Philippe Morinière*. Il dirigea de 1972 à 1984 « L’imprimerie populaire d’Alsace », 10 rue du Bouclier, qui édite l’hebdomadaire. Il était également le locataire officiel du « 101 Grand Rue », où se retrouvaient « soixante-huitards et « alternatifs » strasbourgeois.

Au cours de sa vie militante, il fonda, participa à la fondation ou présida de nombreuses associations : Association populaire des Familles (1948), Association de construction « Toit familial de Cronenbourg » (1952), Association familiale de la Cité du Polygone (1954), Association des résidents de l’Esplanade (1964), Association des jardins populaires de Strasbourg-Sud , Association pour la promotion de l’information et de l’expression locale, Association des anciens du Port du Rhin. Michel Rocard* lui remit en 1982 la croix de chevalier de la Légion d’Honneur. Il fut fait aussi en 1986 chevalier du Mérite agricole. Une place du quartier du Neudorf à Strasbourg porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173868, notice SAGER René, Guillaume par Jean-Claude Richez, Léon Strauss, version mise en ligne le 15 juin 2015, dernière modification le 15 juin 2015.

Par Jean-Claude Richez, Léon Strauss

SOURCES : Mémoires d’un bout à l’autre, établissement du texte, préface et notes historiques de Jean-Claude Richez, Strasbourg, 1991. — Notice par Alphonse Irjud, Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, fascicule n° 32, Strasbourg, 1998, p. 3339-3340.

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