BOUCHAREL Raymond

Par Gilles Morin

Né le 9 mars 1907 à Ayen (Corrèze), mort le 23 janvier 1993 à Périgueux (Dordogne) ; instituteur puis directeur adjoint du collège moderne de Périgueux ; franc-maçon ; résistant ; militant et élu socialiste de Dordogne ; conseiller général de Mareuil-sur-Belle (1945-1958).

Raymond Boucharel naquit dans une famille de modestes travailleurs corréziens comptant cinq enfants dont le père vint s’installer dès son enfance à Cubjac, en Dordogne, comme tailleur et coiffeur. Celui-ci, gazé en 1914, devait décéder en 1933. Raymond Boucharel joua au rugby dans sa jeunesse, comme demi de mêlée du CA de Périgueux en 1925-1926. Lieutenant de réserve du 250 RI de Bergerac depuis 1929, il enseigna successivement à Fossemagne, Rouffignac, Miallet et Champeaux comme instituteur. Il adhéra à la SFIO en 1930. Il était par ailleurs initié à la franc-maçonnerie depuis 1931 aux « Amis persévérants et l’étoile de Vérone réunis », atelier du Grand Orient de France (GOF) à Périgueux.

Raymond Boucharel fit la campagne de 1939-1940 comme lieutenant au 250e RI et fut fait prisonnier alors qu’il commandait la compagnie Hors rang trois jours après l’armistice. Il s’évada, retrouva son poste d’instituteur à Champeaux, mais, dignitaire de sa loge, il fut touché par les mesures antimaçonniques de Vichy. Il continua, malgré les interdictions à réunir ses frères, notamment chez un curé du Nord du département. Il trouva un poste de fondé de pouvoir au sein d’une entreprise sylvicole et entra dans la Résistance dans le Périgord, avec Germinal (Worms) et Bedin. Il employait les pseudonymes de « Bandiat », « Karonine » et « RB4 » (Rebecca). Créateur du mouvement Libération en Dordogne, il reçut [Daniel Mayer->. Nommé chef militaire du nord du département de la Dordogne, zone charnière entre la France « non occupée » et la zone occupée, il organisa la libération de prisonniers politiques de la prison de Nontron, dont deux députés communistes, créa des maquis et organisa des FFI qu’il conduisit au combat. Le 7 juin 1944, il récupéra la mairie de Nontron face aux Allemands et appartint au Comité de Libération de la Dordogne. Il fut homologué membre des FFC (SR Kleber) et des FFI

Redevenu instituteur après la Libération, Boucharel enseigna au lycée Claveille de Périgueux. Il fut sans succès candidat aux élections générales d’octobre 1945, juin 1946 (où il figurait en dernière position sur la liste socialiste), janvier 1956 et novembre 1958. Il fut par contre élu conseiller général du canton de Mareuil-sur-Belle en septembre 1945. Réélu en 1951, il siégea deux mandats, jusqu’en 1958. Il joua au conseil général un rôle important, étant régulièrement nommé secrétaire de l’Assemblée départementale ou de la commission départementale dans les années cinquante.

Il fut par ailleurs membre de la commission exécutive de la fédération socialiste de Dordogne en décembre 1946 et était élu en 1953 conseiller municipal de Périgueux, sur la liste de Pierre Pugnet. Battu au renouvellement des cantonales de 1958, il se retira de la politique active et présida la Ligue des droits de l’homme locale. Il était par ailleurs président de la Fédération de chasse et de la Fédération de pêche de la Dordogne et était un animateur mutualiste.

Boucharel était de ceux qui ont réactivé les loges du GOF de Périgueux, comme vénérable, et de Sarlat dont il assura le redémarrage et à laquelle il fit restituer ses locaux avant de retrouver la loge de Périgueux. Il fut nommé vénérable d’honneur en 1989 et appartint au niveau national au conseil de l’Ordre du GOF.

Décédé le 23 janvier 1993, il eut des obsèques laïques. Il avait été décoré comme officier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17387, notice BOUCHAREL Raymond par Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1a 3214, 3228, 3253. F/1cII 289 et 319. F/1cIV/152. — Arch. OURS, dossiers Dordogne. — Profession de foi, législatives du 2 janvier 1956. — Le Populaire du Centre. — Crouzille Marie-Françoise, La SFIO en Dordogne de 1944 à 1958, TER Histoire, Université de Bordeaux III, 1995-1996. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation, Paris, éditions du Rocher, 2001, p. 220. — Journal de la Dordogne, 29 janvier 1993. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 76636.

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