SOCIÉ André, Stéphane, Gustave, Joseph

Par Gilles Morin

Né le 30 juillet 1913 à Pontarlier (Doubs), mort le 20 août 1973 à Champagnole (Jura) ; professeur, puis secrétaire général adjoint au Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports ; militant radical puis socialiste du Jura ; secrétaire de la fédération socialiste SFIO (1946-1955) du Jura ; maire de Champagnole (1947-1973).

Fils de Gustave Socié, brigadier des douanes, et d’Agathe Bobillier-Chaumont, sans profession, André Socié se maria le 10 septembre 1938 à Champagnole avec Marie Charlotte Roux.

Licencié ès lettres, Socié fut nommé professeur de lettres à Pontarlier. Il militait avant 1939 au parti radical-socialiste. Mobilisé comme lieutenant de réserve en 1939, il fut fait prisonnier en 1940 à Lille et ne fut rapatrié qu’en 1945. À la Libération, il rejoignit la SFIO et en devint secrétaire fédéral du Jura de mars 1946 à mai 1955. Il participa et intervint au Congrès extraordinaire du 29 mars 1946.

Candidat à la première Assemblée constituante en octobre 1945, puis aux élections législatives de novembre 1946, il représenta encore le Parti socialiste SFIO aux élections législatives de janvier 1956 et enfin aux sénatoriales de 1955 (il obtint 136 voix sur 876 votants). Il devait l’être une dernière fois en 1965, comme indépendant. En juin 1946, il ne fut pas représenté par la fédération socialiste qui indiquait sur le prospectus électoral fédéral qu’il gardait « les traces de sa longue captivité » et de son labeur incessant.

Socié fut élu conseiller général du canton de Champagnole en 1945, siégeant à l’Assemblée départementale jusqu’en 1973, au sein du groupe SFIO jusqu’en 1959. Il battit à deux reprises aux élections cantonales le sénateur MRP du Jura, Giauque. Selon les Renseignements généraux « il s’est révélé immédiatement comme étant une des personnalités les plus marquantes au sein de l’Assemblée départementale ». Il présida la commission des Finances et était rapporteur général du budget en 1945. Il présida la Commission départementale en 1948-1951, en accord avec le RGR. Selon le préfet, après 1951, il faisait « figure de champion de la laïcité et de l’opposition ».

Élu maire de Champagnole en octobre 1947, il fut reconduit dans ce mandat jusqu’à son décès. Il présidait l’Association des maires de son canton en 1954, puis du département en 1962. Il était responsable par ailleurs de l’Association des élus de la SFIO, comptant environ 150 membres en 1954.

Dans les débats intérieurs à la SFIO fédérale, Socié s’opposait à l’ancien député Jean Courtois, présentant régulièrement pour sa part des motions demandant la fin de la participation ministérielle des socialistes. Selon une note de RG, cette opposition était autant personnelle que politique et dégénéra en conflit ouvert à l’occasion du débat sur les candidatures aux élections sénatoriales de 1948. Il aurait été proches des positions du RDR, alors que Courtois était un ardent partisan de Guy Mollet. Il participa à la conférence de la fédération des élus socialistes en juillet 1953. En 1955, il perdit le poste de secrétaire fédéral, au congrès fédéral de mai, au profit de Courtois.

Socié appartint au cabinet de M. Lanet, secrétaire d’État à l’Enseignement technique et aux sports dans le cabinet Mendès-France en 1954-1955 ; mais il ne figurait pas dans les listes officielles de celui-ci.

Toujours en conflit avec Courtois, il se prononça en 1959 contre la direction de Guy Mollet qui, écrivait-il au congrès fédéral du 28 juin 1959, « met en péril la vie du parti ». Il regrettait de l’avoir jusqu’alors suivi sur l’Algérie, prônant une solution « à la Tunisienne ». Il fut délégué au congrès national de 1959. Le préfet attribuait son changement d’attitude politique à une « déception amère », Socié ayant été privé de son poste de secrétaire général adjoint au Haut-Commissariat à la Jeunesse et aux Sports le 1er juin 1959. Membre du PSU, il en était le “leader” fédéral en 1961 selon le préfet.

Réélu socialiste indépendant au conseil général en 1964, Socié était en 1964 et 1968 l’un des cinq présidents de la Fédération nationale des élus républicains municipaux et cantonaux, dominée par le PCF. Responsable départemental de la Convention des institutions républicaines, aux élections sénatoriales de 1965, il avait reçu l’appui de la SFIO et mena une campagne active contre « le régime personnel ». Il fut élu président du Conseil général le 4 octobre 1967, réélu sous l’étiquette du Centre démocratie et progrès de Jacques Duhamel, lors du renouvellement de 1970.

Dans le domaine associatif, Socié fut trésorier en 1960 de la Fédération des villes jumelées au plan national, puis secrétaire général en 1965.

En 1971, alors que se développait une campagne d’opinion, Michel Rocard posa à l’Assemblée une question sur la gestion que Socié exerçait au titre de directeur général de la société de gestion UNICOP-Habitat de Franche-Comté qui connaissait de graves ennuis financiers ; elle groupait trois sociétés HLM, "la Société anonyme jurassienne" et deux coopératives, "la Maison pour tous" et "le Foyer jurassien".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173944, notice SOCIÉ André, Stéphane, Gustave, Joseph par Gilles Morin, version mise en ligne le 14 juin 2015, dernière modification le 14 décembre 2021.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/118/B, 147, 204, 255, 285, 375 ; F/1bI/990 ; F/1cIV/153 ; 19770359/20 et 24 ; 19830172/74 et 87 ; 20060012/7, dossier Courtois. — Archives de l’OURS, dossiers Jura ; 2/APO/2 ; fonds Guy Mollet, AG M 2. — Archives D. Mayer, 3 MA 28. — Arch. PPo. 64288. — État civil.

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