TAZÉ Jean, Victor, André

Par Alain Prigent

Né le 14 mars 1928 à Romorantin (Loir-et-Cher), mort le 23 janvier 2008 à Lannion (Côtes d’Armor) ; ajusteur puis professeur de l’enseignement technique ; résistant ; militant de la CGT et de la JOC et du PCF ; adjoint au maire de Lannion (1977-1983, 1989-2008).

Son parcours personnel fut marqué par plusieurs matrices essentielles. Il fut ouvrier, catholique, résistant, syndicaliste, communiste, élu du suffrage universel. A 14 ans, il travailla dans une filature de Romorantin comme rattacheur. Rapidement il s’engagea au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne afin de lutter contre les semaines de travail dépassant les 60 heures et les faibles salaires.

Dans le même temps, il rejoignit en 1943 le Front uni pour la jeunesse patriotique, branche « jeunesse » du Front National. À la Libération, il fut un des dirigeants dans le Loir-et-Cher de la JOC, de 1946 à 1951. Il fut délégué du personnel et secrétaire du syndicat CGT de l’usine Lavalette à Romorantin en 1950. Après la guerre, il suivit des cours du soir pour obtenir le CAP d’ajusteur. Cette qualification professionnelle lui permit de travailler en usine à Orléans puis à Paris. Il se maria avec Yvonne Goffic, le 11 juin 1955 à Paris (XVe). Comme beaucoup de chrétiens, catholiques ou protestants, il adhéra au Parti communiste français.

Jean Tazé fut victime d’un accident de travail en 1962 qui l’immobilisa pendant une année entière. Lors de sa convalescence, il suivit des cours par correspondance du CNTE à Vanves. Reçu au concours d’entrée à l’École normale nationale d’apprentissage à Paris en 1967, il obtint le certificat d’aptitude à l’enseignement dans les collèges d’enseignement technique en 1969. Il fut alors affecté au CET du Raincy (Seine-Saint-Denis) qui recevait les élèves venant des Bosquets, de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil. En 1970, il fut muté au CET annexé au lycée Félix Le Dantec à Lannion où il enseigna jusqu’à la retraite en 1988. Militant au SNETP-CGT, il siégea au conseil d’administration du lycée pendant près de 15 ans.

Militant de la section du PCF de Lannion, dirigée par Yvon Ollivro, il fut élu en 1977 conseiller municipal du secteur de Servel sur la liste d’union conduite par le socialiste Pierre Jagoret, arrachant pour la première fois la mairie à la droite. Il devint deuxième adjoint, chargé des travaux puis président du syndicat intercommunal pour le traitement des ordures ménagères. En 1983, la mairie fut regagnée par la droite conduite par Yves Nédélec. Il siégea pendant un mandat dans l’opposition. En 1989, avec Alain Gouriou, la gauche unie regagna la mairie. Jean Tazé fut reconduit dans ses fonctions de deuxième adjoint chargé des travaux et vice-président de la commission du cadre de vie, équipement, environnement, travaux, transports, police. Pendant cette période, il fut candidat aux élections cantonales à trois reprises (1982, 1988 et 1994) permettant au PCF de se maintenir au-delà des 10 %. En 1992, il fut candidat aux élections régionales en cinquième position sur une liste conduite par Félix Leyzour. Pendant son mandat il siégea presque sans discontinuité comme administrateur du centre hospitalier de Lannion.

Pendant plus de vingt ans, Jean Tazé anima le comité de défense des gares de Plouaret et de Lannion et de la ligne de Plouaret-Lannion. Dès 1978, le comité de défense se mit en place, afin de faire échec au plan Guillaumat qui menaçait la desserte ferroviaire du Trégor. De nombreux arrêts de trains furent organisés à Plouaret. Cette bataille rassembla 107 fois sur les rails à Plouaret, les défenseurs des gares et des arrêts de trains et provoqua la convocation d’une vingtaine d’élus et de militants trégorrois devant le tribunal d’Angers. Les arrêts de trains furent rétablis et les poursuites abandonnées avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 et la présence de Charles Fiterman au ministère des Transports facilita la prise en compte des revendications trégorroises. En 1989, la « bataille du rail » reprit avec la mise en route des TGV. Le comité de défense fut réactivé et les manifestations sur les rails reprirent, toujours aussi suivies par la population trégorroise. Aidés par Robert Le Hec’h qui avait remplacé Francis Cadoudal à la tête du comité de défense, Roger Rioual, Roland Geffroy, Patrick L’héréec, Jean Le Barzic, François Lancien, et aussi Christian le Fustec, il entama une nouvelle bataille qui dura près de dix années.

En 1993, six élus dont Jean Tazé furent condamnés par le tribunal de Rennes. De 1994 à 1997, les arrêts de trains puis les manifestations se poursuivirent à Plouaret et à Lannion. Finalement, après 168 arrêts de trains et manifestations de plus en plus suivis, la SNCF commença à engager les travaux d’électrification de la ligne de Lannion. Le 30 juin 2000, le premier TGV entra en gare de Lannion et quelques jours plus tard la ligne fut officiellement inaugurée par le ministre des transports, Jean-Claude Gayssot, en présence du président de la SNCF, Jean Gallois.

En 2007, un grave problème de santé affaiblit considérablement Jean Tazé. Mais il suivit jusqu’à sa mort les dossiers municipaux dont il avait la charge. Claudine Féjean, élue communiste, et le maire socialiste Alain Gouriou, firent son éloge funèbre lors de ses obsèques civiles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173948, notice TAZÉ Jean, Victor, André par Alain Prigent, version mise en ligne le 14 juin 2015, dernière modification le 14 décembre 2021.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor 1192W25 (Élections municipales de 1977). —Composition des comités fédéraux et fichier des élus et des candidats de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établis par Gilles Rivière. — Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne (1968-1981). —Roland Geffroy, Des Trains pour le Trégor. Luttes victorieuses de la population pour sa desserte ferroviaire (1968-2000), chez l’auteur, 2011.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable