RIDEAU André, Gaston, Armand

Par Alain Dalançon

Né le 11 juillet 1922 à Adriers (Vienne), mort le 5 avril 2014 à L’Isle-Jourdain (Vienne) ; agriculteur ; militant communiste, maire d’Adriers de 1947 à 2001, conseiller général de l’Isle-Jourdain de 1970 à 1994.

André Rideau maire d’Adriers
André Rideau maire d’Adriers
photo années 1990

André Rideau fut un acteur majeur de la vie politique du Sud-Est de la Vienne pendant un demi-siècle, représentant un communisme rural et paysan ancré dans la campagne limousine.

Fils et petit-fils de métayer dans ce « pays de moutons, de cailloux et de misère », que les « gars fuyaient par le premier train » quand ils partaient au service militaire sans y revenir, André Rideau obtint son certificat d’études en 1935, puis travailla dans la ferme tenue en métayage par son père, Louis, Henri, revenu gazé des tranchées. Adolescent, il ne sortait que pour les veillées, la messe, les assemblées de pays, les matches de football au club local, et restait sans conscience politique.

Appartenant à la classe 1942, il prit pour la première fois le train pour rejoindre un chantier de jeunesse à Châteauneuf-sur-Cher. Paradoxalement il s’y épanouit, apprit le travail d’équipe, la discipline et la responsabilité, en commandant à des séminaristes et des étudiants. Réfractaire au STO, il entra dans les maquis du Limousin, préférant les coups de main, sabotages et plastiquages, qui lui valurent un galon de sergent-chef, la médaille de la Résistance et ses premiers vrais copains communistes. Il participa à la libération de Limoges au côté de Georges Guinguoin en août 1944, dont il resta l’ami, et adhéra au Parti communiste français en 1945. Il reprit le travail à la ferme de son père devenu invalide, et ne devint fermier qu’en 1951. Il se maria en avril 1948 à Adriers avec Jeanine Duverger ; ils eurent deux fils, Daniel et Bruno.

Ses camarades communistes l’ayant poussé à se présenter aux élections municipales en 1947, il fut élu maire d’Adriers, le plus jeune de France, retrouvant le goût de « faire des choses, de diriger ». Loin des débats idéologiques du parti, il géra avec bon sens sa commune, sans sectarisme. Il devait rester un indéracinable maire durant neuf mandats successifs (54 années), toujours élu au premier tour, jusqu’en 2001. « Un homme intègre qui n’a jamais ménagé son énergie pour aider les gens » disait de lui son successeur, son premier adjoint Jacques Dazas. Il menait ses activités électives de front avec son métier d’agriculteur-éleveur qu’il ne voulut jamais abandonner, avant que son fils cadet Bruno ne reprenne l’exploitation en fermage.

André Rideau commença par faire installer un lavoir, puis goudronner les rues et chemins du village. Il s’impliqua dans les nombreuses structures intercommunales maillant le Sud Vienne à partir des années soixante : SIMER, SIDEM (future communauté de communes), SIGEP (eau), syndicat de voirie, collège de l’Isle-Jourdain. En 1976, il fit installer un centre d’aide par le travail, le premier construit en milieu rural en France, dénommé ESAT à partir de 2005, qui prit son nom en 1993. Au fil de ses mandats, André Rideau équipa Adriers d’une salle polyvalente, de logements sociaux, d’un plan d’eau, d’une maison des associations, d’un stade moderne étant toujours joueur de 1945 à 1955, puis président de 1955 à 1971 de l’ECA (Espérance club d’Adriers). Il favorisa l’implantation de la Poste et obtint l’ouverture d’une classe de maternelle. « Il était président de la société sportive, président de la société de chasse, président du syndicat agricole... Il était président partout, jamais à la maison », regrettait son épouse qui aurait voulu aller vivre en ville. Adriers qui comptait 1500 habitants en 1947, n’en avait plus que 800 en 2001.

Cette figure charismatique put conquérir le siège de conseiller général de l’Isle-Jourdain en 1970 et le rester jusqu’en 1994. Il fut longtemps un des deux seuls conseillers généraux communistes de la Vienne avec Robert Sauvion élu à Châtellerault de 1973 à 1994, avant que Robert Bon ne le devienne en 1994 dans le canton de Lussac-les-châteaux. Il se présenta aux élections législatives dans la circonscription de Montmorillon en 1962, obtint 21,09% des suffrages au 1er tour et fut battu au 2e tour par le Dr Peyret (UNR) avec 36,7% ; dans cette même circonscription, il fut ensuite candidat suppléant de Jean-Pierre David, professeur, un moment conseiller général (1973-1979) puis maire de Chauvigny (1977-1983).

Sa popularité permettait à la section du PCF de l’Isle-Jourdain d’être relativement fournie en adhérents ; il siégeait au comité fédéral de la Vienne avant 1968 et était un ami très proche du secrétaire fédéral, Maxime Dumas, qui lui rendait souvent visite, mais il ne semble guère avoir influencé l’orientation de la fédération ni ses débats. Les articles qu’il écrivait dans La Semaine dans la Vienne, bulletin de la fédération, concernaient en effet essentiellement l’élevage ovin ou la politique sociale qu’il mettait en œuvre dans sa commune, véritable vitrine du Parti dans le département.

Grâce à son action, le PCF, traditionnellement fort dans ce pays du Montmorillonnais, put longtemps conserver des positions : ainsi son fils, Bruno Rideau (décédé en 2012), frôla-t-il les 20 % au premier tour des élections cantonales pour succéder à son père en 1994, mais il dut s’incliner devant le socialiste Jean-Claude Cubaud, qui fut réélu en 2008.

André Rideau décéda dans une maison de retraite à L’Isle-Jourdain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article173973, notice RIDEAU André, Gaston, Armand par Alain Dalançon, version mise en ligne le 15 juin 2015, dernière modification le 5 avril 2022.

Par Alain Dalançon

André Rideau maire d'Adriers
André Rideau maire d’Adriers
photo années 1990
Joueur de football à l'ECA
Joueur de football à l’ECA
A. Rideau, le ballon sous la bras fin des années 40

SOURCES : La Semaine dans la Vienne, bulletin de la fédération de la Vienne du PCF. — Article, interview de Pascale Nivelle, « Quinquagénaire », Libération (9 mars 2001). — Nécrologie dans La Nouvelle République du Centre Ouest. — Maxime Vallée, La Fédération de la Vienne du Parti communiste français, de la mort de Maurice Thorez à la signature du Programme Commun (1964-1972) : essai d’Histoire du communisme local au prisme des archives de la Fédération de la Vienne du PCF, master 2, université Poitiers, 2012. — État civil d’Adriers. — Renseignements fournis par son fils Daniel.

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