MILKOFF Marcelle, Louise

Par Daniel Grason

Née le 1er septembre 1924 à Paris (Ve arr.), morte à Auschwitz (Pologne) ; employée de bureau ; militante de la Main d’œuvre immigrée (M.O.I.) ; adhérente de L’Avenir fraternel.

Marcelle Milkoff
Marcelle Milkoff

Fille de parents russes, d’Henri Moïse Milkoff, chauffeur d’automobile né le 17 novembre 1885 à Piesk (Russie), et de Sophie Debora Epstein, marchande des quatre saisons née le 15 juiçn 1886 à Piesk, Marcelle Milkoff demeurait 20 rue Censier à Paris (Ve arr.), elle exerçait la profession d’employée de bureau. Membre de l’association L’Avenir fraternel, militante de la Main d’Œuvre Immigrée, elle fut arrêtée le 23 juin 1943 lors d’une opération conjointe des policiers des Renseignements généraux et de la BSi du commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine).

Les policiers tabassaient quasi-systématiquement les militantes et militants juifs interrogés à Puteaux et dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police. Au cours de son interrogatoire Marcelle Milkoff reconnut son activité de solidarité en faveur des internés, des déportés et des familles juives.

Livrée aux allemands, elle fut internée au camp de Drancy réservé aux Juifs sous le n° 1534. Marcelle Milkoff était le 18 juillet 1943 dans le convoi n° 57 d’un millier de déportés à destination d’Auschwitz. Dès l’arrivée 440 déportés furent gazés, 369 hommes et 161 femmes étaient sélectionnés à destination de Kommandos de travail. Le 27 janvier 1945 l’armée Soviétique libérait le camp, du convoi n° 57, il ne restait que 43 survivants dont 16 femmes.

Les 18 et 19 mars 1945 Lucien Bizoire, ex-commissaire principal de Puteaux, puis chef de la 3ème section des Renseignements généraux comparut devant la cour de justice. Il dégagea sa responsabilité sur la BS2, l’un de ses oncles, général, sous-chef d’État-Major certifia que son neveu était « tout ce qu’il y a de plus antiallemand », qu’il avait rendu des services à un réseau de résistance dont lui-même était membre. Humour noir involontaire, un colonel, chef du 2ème bureau assura que Bizoire lui avait « fourni des renseignements sur la police française et allemande en ce qui concerne la répression des patriotes ».

Le Commissaire du gouvernement déclara que l’adjoint à la tête de la BS2, Pierre Gautherie : « Cent fois plus coupable » que Bizoire « a été gracié par le Général de Gaulle que je considère comme le premier Résistant de France ; je ne passerai pas outre, car il y aurait injustice et je demande une peine de travaux forcés à perpétuité ». Puis s’adressant à Bizoire, il lui lança : « Il faut que vous portiez le poids de votre châtiment jusqu’à votre dernier souffle ». Après délibération, la Cour condamna Lucien Bizoire à cette peine et à l’Indignité nationale.

Membre de la Jeunesse communiste, militant de la Main d’Œuvre immigrée, Henri Krasucki déporté à Auschwitz dans le même convoi, fut affecté dans un camp de travail dans les mines de charbon à Jawischowitz, il rentra à Paris le 28 avril 1945. Il témoigna dans le cadre d’une commission rogatoire sur l’activité de Lucien Bizoire. Il le reconnut sur photographie, déclara : « Il m’a brisé un nerf de bœuf sur les reins et a montré une satisfaction évidente en ajoutant même que j’avais les reins solides ». Il porta plainte contre Bizoire et une dizaine de tortionnaires.

Le nom de Marcelle Milkoff figure sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.), ainsi que sur le monument commémoratif dans la 23e division du cimetière parisien de Bagneux (Seine, Hauts-de-Seine), « L’Avenir fraternel en souvenir de ses membres et leur famille victimes de la barbarie nazie ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174009, notice MILKOFF Marcelle, Louise par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 juillet 2015, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Daniel Grason

Marcelle Milkoff
Marcelle Milkoff

SOURCES : Arch. PPo. 77W 669, KB 10, BA 1849. – Site internet CDJC. – Site internet GenWeb. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 184

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