ROUQUETTE Jean, Gérard [Joan ROQUETA en occitan, (pseudonyme littéraire : Joan LARZAC)]

Par Miquèl Ruquet

Né le 13 février 1938 à Sète (Hérault) ; prêtre catholique, professeur d’écriture sainte ; militant occitaniste ; écrivain occitan et critique littéraire, traducteur, historien, directeur de collection.

Jean ROUQUETTE
Jean ROUQUETTE
Photographie tirée du blog de la paroisse de Saint-Georges-d’Orques (Hérault). 2013.

Jean, Gérard Rouquette naquit le 13 février 1938 à Sète de Jean-Louis Rouquette, cheminot à la Compagnie du Midi, né le 9 novembre 1901 à Camarès (Aveyron) et de Marie, Élise, Séraphine, Sidonie, Emma Rouquette née le 12 janvier 1901 à Peux-et-Couffouleux (Aveyron), sans profession. Il vécut, comme son frère Yves Rouquette, au contact de la langue occitane, « dans un bain de langue, en famille et hors de la maison », selon la phrase de Marie Rouanet.

Adhérent à l’Institut d’estudis occitans (IEO) comme son frère, il publia son premier poème dans Oc, la revue de l’IEO, en 1959. Dès 1962 (bien avant les événements auxquels il prit d’ailleurs une part active), il adopta le pseudonyme de Joan Larzac. Après ses études à Sète, Montpellier, Paris, il effectua son service militaire à Beyrouth (Liban) en tant que professeur. Cet occitan passionné est aussi un érudit de langues comme le latin, le grec, l’hébreu, l’araméen …

Son engagement occitaniste a rapidement rejoint sa pratique de croyant dans les poèmes de Contristòria (1967), L’Estranger del dedins (1968), Refus d’entarrar (1970), La boca a la paraula (1971). Son œuvre poétique complète est parue en 1986. Dirigeant le secteur littéraire de l’Institut d’études occitanes, il a donné la parole aux jeunes écrivains d’oc. Il évoqua son engagement éditorial (collection Messatges et Quatre Vertats) dans un courrier à René Nelli du 25 janvier 1968. Son action et celle de son frère furent au centre des critiques de la génération précédente d’occitanistes : ainsi l’écrivain Max Rouquette écrit à René Nelli, le 22 juin 1971 : « On a instauré le terrorisme dans nos lettres. À 98 % tous nos écrivains sont démolis comme la noce massacrée. À une exception familiale près, où le génie est de règle, comme la réciprocité. » Comme son frère, sous l’influence des thèses tiers-mondistes de Frantz Fanon, il stigmatisait un “colonialisme intérieur” et une “aliénation culturelle”. Comme son frère, il adhérait au COEA (Comité occitan d’études et d’action) puis, après leur rupture avec Robert Lafont, à Lutte occitane.

Son engagement a continué et en tant que prêtre, il a pris des positions pro-palestiniennes, comme lors de la messe de Noël 2001, à l’église Saint-Mathieu à Montpellier. Il fut le Fondateur d’Offrejoie (1987), qui œuvra pour l’engagement interreligieux au service de la Paix au Liban. Il fut aussi à l’origine de la création à Montpellier de la chorale Nadalenca par Henri Brunet en 1982. Cette chorale maintint vive la tradition du Noël occitan.

Il traduisit du français à l’occitan Joseph Delteil et consacra quelques années à la première traduction intégrale en occitan de la Bible à partir du grec, du latin, de l’araméen et de l’hébreu. Il fut éditeur scientifique de documents : L’Anthologie de la poésie religieuse occitane, texte en occitan suivi de la traduction française, Toulouse, Privat 1972 ; Dafnís e Alcimadura, Jean-Joseph de Mondonville (1711-1772), Toulouse, IEO, 1981 ; La Margalide gacoue, meslanges de diberses poesies, Béziers, CIDO , 1979.

Il fut ordonné prêtre en 1965, et exercera son ministère presbytéral et une activité professorale dans le diocèse de Montpellier. Théologien et exégète, il a enseigné l’Écriture Sainte aux grands séminaires de Viviers (Ardèche) et de Montpellier (Hérault), puis au Centre théologique interdiocésain de cette dernière ville. Il fut un temps secrétaire régional de l’Association française d’études bibliques et eut un rôle moteur dans le développement de l’exégèse structurale à l’Institut protestant de théologie de Montpellier. Retraité, il resta prêtre du diocèse en tant que curé de Saint-Georges-d’Orques (Hérault).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174016, notice ROUQUETTE Jean, Gérard [Joan ROQUETA en occitan, (pseudonyme littéraire : Joan LARZAC)] par Miquèl Ruquet, version mise en ligne le 16 juin 2015, dernière modification le 22 mai 2021.

Par Miquèl Ruquet

Jean ROUQUETTE
Jean ROUQUETTE
Photographie tirée du blog de la paroisse de Saint-Georges-d’Orques (Hérault). 2013.

ŒUVRES : Contristòria, Toulouse, IEO, 1967 ; L’estrangièr del dedins, Ardouane, Quatre vertats, 1968 ; Breiz Atao, Toulouse, IEO, 1969, avec Henri Espieux (1923-1971) et Yves Rouquette (1936-2015) ; Refus d’entarrar, Ardouane, Quatre vertats, 1970 ; Le Petit livre de l’Occitanie, Paris, François Maspero , 1972 ; Per una lectura politica de la bíblia, Tolosa, IEO, 1973 ; La boca a la paraula, Toulouse, IEO, 1973 ; Larzac per Larzac, Ardouane, Quatre vertats, 1976 ; Traduction de Josèp Delteil, Francés d’Assisi, Tolosa, Institut d’estudis occitans (IEO), 1978 (avec Juli Plancada) ; Descolonisar l’istória occitana, Tolosa, IEO, 1980 ; La littérature d’oc, Que sais-je ? Paris, Presses Universitaires de France, 1980 ; Òbra poëtica, Toulouse, IEO, 1986 ; Istòria de l’art occitan, Tolosa, Institut d’estudis occitans, 1989 ; Dotze taulas per Nòstra Dòna, Montpellier, IEO, 1990 ; La bíblia del dimenge e de las fèstas, Béziers, CIDO, 1997 ; Ai tres òmes a taula, a miègjorn, sonets bibliques, Toulouse, Letras d’òc, 2007 ; La Bíblia - Ancian Testament, Toulouse, Letras d’òc, 2013. — Se rauqueja ma votz, Toulouse, Letras d’Òc, 2019, traduction française :
Si ma voix devient rauque, Limoges, Lambert-Lucas, 2021

SOURCES : Arch. Dép. Aude, 10 JJ 6. — Wikipédia ; site de l’académie du Languedoc. — La Dépêche, 7 octobre 2013. — Data.BNF.fr — Midilibre.fr — Note d’André Balent.

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