ABRAMOVICZ Iser, Roger

Par Daniel Grason

Né le 22 avril 1926 à Paris (Xe arr.), mort en 1944 à Auschwitz (Pologne) ; militant de la Main d’Œuvre Immigrée (M.O.I.) ; agent de liaison.

Fils d’Idel Abramowicz, né le 11 juin 1895 à Odessa (Russie), marchand forrain, et d’Emma Colonomos, née le 12 avril 1899 à Monaster (Serbie), sans profession, Iser Abramowicz demeurait chez ses parents 43 rue des Boulets à Paris (XIe arr.). Militant de la Main d’Œuvre Immigrée, il fut repéré par des inspecteurs de la BS2 avec Ruth Kurchant, ils le nommèrent « Voltaire », il se trouvait probablement sur le boulevard du même nom.

Il fut arrêté le 23 juin 1943 à son domicile lors d’une opération conjointe des policiers des Renseignements généraux, de la BS2 et de la BSi du commissariat de Puteaux (Seine, Hauts-de-Seine). Il était détenteur d’un carnet du Front de solidarité en faveur des victimes du racisme et d’une liste de souscription. Les policiers tabassaient quasi-systématiquement les militantes et militants juifs interrogés à Puteaux et dans les locaux des Brigades spéciales à la Préfecture de police.

Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939, il fut interné comme Juif au camp de Drancy. Il était en juillet 1943 dans l’un des convois à destination d’Auschwitz, Iser Abramowicz y mourut en 1944.

Les 18 et 19 mars 1945 Lucien Bizoire, ex-commissaire principal de Puteaux, puis chef de la 3ème section des Renseignements généraux comparut devant la cour de justice. Il dégagea sa responsabilité sur la BS2, l’un de ses oncles, général, sous-chef d’État-Major certifia que son neveu était « tout ce qu’il y a de plus antiallemand », qu’il avait rendu des services à un réseau de résistance dont lui-même était membre. Humour noir involontaire, un colonel, chef du 2ème bureau assura que Bizoire lui avait « fourni des renseignements sur la police française et allemande en ce qui concerne la répression des patriotes ».

Le Commissaire du gouvernement déclara que l’adjoint à la tête de la BS2, Pierre Gautherie : « Cent fois plus coupable » que Bizoire « a été gracié par le Général de Gaulle que je considère comme le premier Résistant de France ; je ne passerai pas outre, car il y aurait injustice et je demande une peine de travaux forcés à perpétuité ». Puis s’adressant à Bizoire, il lui lança : « Il faut que vous portiez le poids de votre châtiment jusqu’à votre dernier souffle ». Après délibération, la Cour condamna Lucien Bizoire à cette peine et à l’Indignité nationale.

Membre de la Jeunesse communiste, militant de la Main d’Œuvre immigrée, Henri Krasucki déporté à Auschwitz dans le même convoi, fut affecté dans un camp de travail dans les mines de charbon à Jawischowitz, il rentra à Paris le 28 avril 1945. Il témoigna dans le cadre d’une commission rogatoire sur l’activité de Lucien Bizoire. Il le reconnut sur photographie, déclara : « Il m’a brisé un nerf de bœuf sur les reins et a montré une satisfaction évidente en ajoutant même que j’avais les reins solides ». Il porta plainte contre Bizoire et une dizaine de tortionnaires.

La transcription de l’acte de décès de Iser Abramowicz a été effectuée à la mairie du XIe arrondissement, y figure la mention « Mort pour la France ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174052, notice ABRAMOVICZ Iser, Roger par Daniel Grason, version mise en ligne le 31 août 2015, dernière modification le 5 novembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. 77W 5375, KB 10, BA 1849. – Bureau Résistance (pas de dossier). – Stéphane Courtois, Denis Peschanski, Adam Rayski, Le sang de l’étranger. Les immigrés de la M.O.I. dans la Résistance, Fayard, 1989 (filatures la grande traque I page 200). — État civil.

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