BAHIER Édouard, Albert dit GUIZEAU Albert

Par Daniel Grason

Né le 8 juin 1906 à Paris (Ve arr.), mort le 29 avril 1963 à Tanger (Maroc) ; mécanicien de précision, bistrotier ; dirigeant de la Fédération de la Jeunesse communiste de France et de la Ligue contre l’Oppression Coloniale et l’Impérialisme.

Fiche de police pendant l’Occupation.

Fils de Jean Victor Bahier, garçon marchand de vins, et de Léontine Marie, ménagère, Édouard Bahier grandit dans différents débits de vins et restaurants gérés par ses parents. Il habita au 12 rue de l’Eperon à Paris (VIe arr.), 34 rue Jouffroy (XVIIe arr.). Après l’école primaire, il entra comme apprenti mécanicien de précision à la Maison Nachet 17 rue Saint-Séverin (Ve arr.). Il travailla en novembre 1922 à la Maison Poulenc 53 boulevard Richard-Lenoir (XIe arr.), fut remercié le 22 décembre 1924 pour « propagande communiste » auprès de ses collègues d’atelier. Il trouva du travail dans le quartier de l’Odéon (VIe arr.), ensuite à la Société d’Outillage Mécanique et d’Outillage (SOMUA) 146 boulevard Victor-Hugo à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis) où il était membre de la cellule communiste.

Adhérent de la Fédération des Jeunesses communiste de France (FJCF), il devint en 1925 secrétaire du 9e rayon de la 4e entente, habitait dans une chambre 122 boulevard Saint-Germain (VIe arr.). Appelé sous les drapeaux au 3ème Régiment d’Aviation de Chasse (R.A.C.) à Châteauroux (Indre), il fut nommé caporal.

Une rubrique était publiée régulièrement dans l’Humanité : « Chez les soldats et les marins » ou « À travers les garnisons », la hiérarchie militaire y était mise à mal. Les « G.D.V. » autrement dit les « Gueules de Vaches » étaient dénoncés. En cause l’attitude des gradés et la qualité de la nourriture pour la troupe, au 3ème R.A.C. de Châteauroux, « Soupe avec des biscuits pilés, viande caoutchouc, carottes pourries » (1er mars 1928) ; « Un empoisonnement au mess des sous-offs. Un sergent âgé de 22 ans, de Clamart succombe. Mort à l’hôpital militaire de Châteauroux » (18 avril 1928). Cette nouvelle était annoncée le même jour dans Le Petit Parisien : « Mort de l’une des victimes de l’intoxication alimentaire au camp de la Martinerie ».

Sous le titre : « À bas les parades du 14 juillet ! » une tonalité plus antimilitariste : « Au 3ème aviation, à Châteauroux. Exercices d’embarquement. On a fait singer un embarquement et débarquement en temps de guerre. C’est-à-dire que tout équipé (avec capotes !) On devait obéir au commandement plus au moins intelligibles de la gradaille qui était là au grand complet.

Ces messieurs les G.D.V. croyant sans doute qu’on partait vraiment au front, que c’était le grand jour quoi ! Leur enthousiasme se traduisait en hurlements hystériques. Mais les travailleurs civils intervinrent et étouffèrent sous les huées les commandements des G.D.V. qui sentent déjà l’odeur de la prochaine guerre.
Les soldats remercient les travailleurs d’avoir manifesté. Ils sont avec eux. Avec eux ils lutteront pour leurs revendications et pour la libération du prolétariat ». (12 juillet 1928).

Le 23 octobre 1928 à leur réveil des sous-officiers trouvaient des tracts répandus sur le sol, il était question de l’ordinaire des soldats ainsi que le rôle des G.D.V. Le lieutenant-colonel commandant le régiment mena l’enquête, des soupçons se portèrent sur Édouard Bahier surveillé depuis plusieurs mois. En permission du 5 au 19 octobre 1928, la hiérarchie militaire remarqua que plusieurs militaires avaient reçus des coupures du journal l’Humanité pendant cette période, articles dissimulés dans L’Excelsior.

Le lieutenant-colonel écrivit au général commandant le 9e corps d’armée : « Ces faits se rapportent sans doute à la campagne antimilitariste menée depuis un an et visant plus particulièrement les gradés ». Il faisait part de l’enquête menée et de son résultat. L’appartenance d’Édouard Bahier était connue de l’autorité militaire, entendu, il le reconnut. « Bahier qui paraît avoir reçu des directives sérieuses de son parti ne s’est jamais départi de son aplomb ». Malgré un faisceau de présomption, il nia être à l’origine des jetés dans les chambrées et des informations parues dans l’Humanité. Il argua qu’il était libérable début novembre et n’aurait pas commis semblable « bêtise ». L’affaire en resta là.

Marié le 4 septembre 1928 à Paris (XVIIe arr.) avec Simonne Bienvenu, une fois revenu à la vie civile, il habita 34 rue Jouffroy (XVIIe arr.), devenait permanent de la Jeunesse communiste au siège du 120 rue Lafayette à Paris (Xe arr.). En décembre 1931, il aurait été chargé de constituer une fédération des Jeunesses communistes en Algérie et en Tunisie. Membre du Comité central il prenait la parole dans les réunions, il devint membre du comité directeur de la Ligue contre l’Oppression Coloniale et l’Impérialisme. Il épousa Simone Bienvenu, le couple vivait chez sa mère au 92 rue de Flandre (XIXe arr.). Le 28 janvier 1932 accompagné de sa femme, il partit à Moscou, il y aurait suivi une formation. Le couple revint le 19 septembre 1932, en octobre son épouse devint dactylo des Jeunesses communistes.

Le 1er octobre 1932 alors qu’il rentrait à son domicile, plusieurs jeunes l’agressèrent. L’instigateur aurait été un jeune communiste d’Aubervilliers exclu de l’organisation. Il ne porta pas plainte ne voulant pas mêler la police à cette agression. Édouard Bahier se rendit en 1933 et 1934 en Algérie et en Alsace-Lorraine pour implanter et structurer l’organisation, il assistait à toutes les réunions.

Lassitude, fatigue, divergences politiques… il quitta toute responsabilité au cours de l’année 1934. Son père Jean, marchand de vins déclara le 21 juillet 1933 en qualité de propriétaire un débit de boissons grande licence au 75 avenue des Grésillons à Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine). Édouard Bahier inscrit sur les listes électorales tenait l’établissement, parfois les communistes du quartier y tenaient des réunions.

La police le recherchait, ainsi que sa femme, pendant l’Occupation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174110, notice BAHIER Édouard, Albert dit GUIZEAU Albert par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 juillet 2015, dernière modification le 12 décembre 2019.

Par Daniel Grason

Fiche de police pendant l’Occupation.

SOURCES : Arch. PPo. 1W 1236. – l’Humanité 1er mars 1928, 18 avril 1928, 12 juillet 1928. – Le Petit Parisien, 18 avril 1928. – Arch. Mun. Gennevilliers.

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