SPEL Nestor

Par Jacques Girault

Né le 19 novembre 1919 à Raismes (Nord), mort le 19 mars 2013 à Limoges (Haute-Vienne) ; instituteur puis directeur commercial ; résistant ; militant communiste puis ADS en Haute-Vienne.

Fils d’un comptable fondé de pouvoir d’une entreprise de Raismes, Nestor Spel reçut les premiers sacrements catholiques et obtint le brevet supérieur. Il rencontra, pendant sa scolarité, Jean Zay, ami de son correspondant franc-maçon. Il commença à effectuer des suppléances d’instituteur dans le Nord jusqu’en 1939, où il enseignait au Rosult.

Il commença son service militaire dans l’infanterie en juin 1940 à Orléans (Loiret). Démobilisé, pour ne pas rentrer dans le Nord devenu « zone interdite
 », il fut volontaire pour les chantiers de jeunesse à Parnac (Lot), infirmier puis commis à l’hôpital de Savennes (Puy-de-Dôme), et affecté à l’école des cadres de Theix (mars 1941-février 1943). Employé comme vaguemestre, puis comme chef d’atelier jusqu’en décembre 1943, il fut muté au groupe 32 à Bruère-Allichamps (Cher) jusqu’en janvier 1944. Pour ne pas être requis avec l’organisation Todt, il travailla comme charbonnier dans le Lot-et-Garonne près de Damazan, puis en avril 1944 comme ouvrier agricole à Saint-Julien-le-Petit (Haute-Vienne). En contact avec les Francs-tireurs et partisans, membre du service B, chargé de la propagande, des renseignements et de la recherche des infiltrés dans la région de Saint-Léonard-de-Noblat, en juillet 1944, il participa à l’occupation de la préfecture de Limoges le 21 août 1944 et au tri des archives. Il rejoignit une unité de FFI à Périgueux (Dordogne) jusqu’à sa démobilisation, comme aspirant, en octobre 1945 à Metz (Moselle). Il fut homologué FFI.

Proche de Georges Guingouin, Nestor Spel adhéra au Parti communiste français en juillet 1944 et travailla à la mairie de Limoges de la fin 1945 au début de 1948 au service du logement. Il se détacha alors progressivement de l’influence de Guingouin tout en désirant rester proche de lui à Limoges. La direction du PCF chercha à l’éloigner. En 1947, après la victoire des socialistes aux élections municipales, il fut révoqué. Il ne reprit pas le métier d’instituteur alors qu’il avait rejoint le Syndicat national des instituteurs dès 1945. Il devint plus tard rédacteur localier à la société de presse et d’édition du Centre qui publiait le quotidien communiste L’Écho du Centre.

Nestor Spel, se déclarant « employé de mairie », se maria en août 1946 aux Billanges (Haute-Vienne) avec Ginette, Marguerite dite « Simone » Royère, sans profession, militante communiste, fille d’un artisan électricien, maire communiste révoqué en 1940 et remis en place à la Libération. Le couple eut un fils en 1947.

Nestor Spel, en juillet 1952, devint courtier en publicité à la société communiste Inter presse publicité. Il ne voulait pas quitter Limoges. En 1954, il adressa une lettre au secrétariat du PCF sur le fonctionnement de la fédération communiste et de son quotidien L’Echo du Centre. Y eut-il une conséquence heureuse qui se manifesta par la proposition qui lui fit la direction du PCF, en 1957, de devenir directeur de l’agence IPP de Limoges, pour remplacer le directeur passé au groupe concurrent Centre Presse ? Une des raisons de ce choix pouvait être une conséquence de la lettre du secrétaire fédéral qui indiquait : « Il nous a aidé à liquider les séquelles de l’affaire Guingouin ». L’IPP devint sous sa direction l’Office publicitaire du Centre, rayonnant sur plusieurs départements.

Nestor Spel entra au comité de la fédération communiste en 1954 et des consignes furent données par la direction du PCF pour ne pas lui donner de responsabilités, sans doute en raison de ses nombreuses relations avec des milieux non-communistes. En 1963 et en 1968, il fut réélu à la commission fédérale de contrôle financier. Il épaula et participa aux luttes ouvrières de la région (ainsi les actions des cheminots de la gare de Limoges).

Secrétaire départemental de l’association France-URSS en 1946-1947, puis membre de son comité départemental, il était à nouveau le secrétaire départemental à partir de 1965 tout en étant membre de son bureau national. Membre de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance, trésorier puis secrétaire départemental à la fin des années 1950, il participait à son conseil national depuis 1954.

Lors du développement des contestations dans le PCF, Nestor Spel aida les débuts de l’Alternative Démocratie Socialisme, proche de Marcel Rigout. Il quitta l’OPC et travailla dans une agence de publicité parisienne, avec son fils, tout en conservant des relations avec le Limousin. Il fit partie de l’association “Propositions“ de soutien à François Mitterrand créée par Jean Védrines.

Après son décès au Centre hospitalier de Limoges, lors de son incinération, Jacques Jouve, membre fondateur de l’ADS, prononça l’hommage.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174114, notice SPEL Nestor par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 juin 2015, dernière modification le 2 septembre 2022.

Par Jacques Girault

Iconographie :
Nestor Spel salue François Mitterrand lors de son premier mandat (Actualités photographiques parisiennes).
Nestor Spel à la fin des années 1990.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 555447. — Renseignements fournis par son fils.

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