BOUCHET Omer

Par Jacques Girault

Né le 19 juillet 1893 à Vasles (Deux-Sèvres), mort le 22 février 1977 à Sauvian (Hérault) ; instituteur puis professeur de l’enseignement technique ; militant syndicaliste de la FUE et du SNI dans les Deux-Sèvres puis le Lot-et-Garonne ; militant communiste. ; adjoint au maire d’Agen (Lot-et-Garonne).

Omer Bouchet était le septième enfant d’un couple d’agriculteurs au Frinty, François Bouchet et Marie, Angèle Gourdon, qui lui firent donner les premiers sacrements catholiques.

Élève de l’école primaire supérieure de Parthenay (Deux-Sèvres), il entra à l’École normale d’instituteurs de la ville en 1910. Il fut nommé en 1913 dans les Deux-Sèvres.
Mobilisé, il fut blessé au crâne à Neuville-Saint-Wast, le 20 mai 1915 et réformé en mars 1916. Il se maria à l’église en septembre 1915 à Benassay (Vienne) avec Marie, Rachel Chausseau, née dans cette commune le 31 octobre 1894, fille d’un cultivateur, ancienne élève de l’École normale d’institutrices d’Angoulême (Charente) qui enseignait près de Parthenay. Ils ne firent pas baptiser leurs quatre enfants ; ils en perdirent un en 1934.

Omer Bouchet reprit un poste d’instituteur-délégué à l’EPS de Parthenay puis en octobre 1917 le couple obtint un poste double. En 1919, il remplaça un professeur à l’EPS de Bressuire, fut récompensé par un séjour de deux mois en Angleterre et prépara par correspondance un certificat de licence d’anglais. En mai 1920, il effectua un premier séjour au sanatorium de Sainte-Feyre (Creuse). En congé de maladie pendant trois ans, il en profita pour rassembler une documentation pour un cours de français qui parut dans L’École émancipée. Il retrouva un poste double d’instituteurs en 1923 à Saint-Laurs (Deux-Sèvres).

Omer Bouchet adhéra au Parti socialiste SFIO en 1917, puis milita en 1919-1920 pour l’adhésion à la Troisième Internationale. En 1920, adhèrent à l’Association républicaine des anciens combattants, il diffusa Clarté.

Il fut trésorier en 1920 de la section des Deux-Sèvres du syndicat qui, d’amicale, venait de se transformer en syndicat, qui s’affilia à la CGT. Il rejoignit le Parti communiste et son épouse fit de même au début des années 1920. Militant syndical, délégué au congrès de Lyon en 1924, il fit une intervention sur les revendications qui impressionna. Membre de l’Internationale des travailleurs de l’enseignement, il militait au sein du Syndicat national des instituteurs, tout en étant membre du conseil syndical, puis secrétaire en 1930 de la section départementale de la Fédération unitaire de l’enseignement. Dans Le Travailleur de l’enseignement, organe de l’ITE, on lui demanda en 1931 d’écrire un article contre le traitement unique, qui jusqu’alors était la grande revendication des jeunes. Il fut l’un des fondateurs dans le département du Groupe de Jeunes particulièrement actif, dont le secrétaire était, en 1930, Jean Lauroua.

Omer Bouchet apparaissait aussi comme un des responsables communistes et en 1931 était devenu le secrétaire du rayon communiste.

Puis Bouchet entra dans l’enseignement technique comme professeur adjoint en 1931, sur un « emploi réservé » en raison de son état de santé, à l’École nationale professionnelle de Creil (Oise). Avec son épouse, nommée dans l’Oise, il habitait Montataire. L’essentiel de son activité militante était consacrée au Travailleur de l’enseignement, dont il était l’administrateur. Il assista à Hambourg du 9 au 17 août 1932 au VIIe congrès de l’ITE et présenta, anonymement, une étude sur « Orientation professionnelle et enseignement technique : l’exemple de la France ». Pour le congrès international d’unité du personnel enseignant (1er août 1933), il publia un organe spécial Ralliement. À la suite de ces actions, un comité local se constitua à Creil et le 12 février 1934, la grève fut effective à l’ENP.

Omer Bouchet séjourna pour soigner sa tuberculose aux sanatoriums de Sainte-Feyre (à partir de mars 1934) et de Saint-Jean d’Aulph (1935-1936). Il y anima, notamment avec Madeleine Marzin, un cercle d’études marxistes. Des cours étaient destinés à former des futurs communistes et une cellule fut créée à Saint-Jean d’Aulph.

Il obtint sa mutation pour le Lot-et-Garonne avec son épouse en 1937. Son militantisme se limita à des articles dans la presse et à la solidarité avec l’Espagne républicaine. Puis à la fin de 1938, il reçut la responsabilité de l’hebdomadaire communiste régional, [Le Travailleur du Sud-Ouest]. Il devint le secrétaire de la section d’Agen. Toutefois, l’envoyé du Parti communiste, Marcellin, dans un rapport du 4 juillet 1939, montrait les insuffisances de son action : « homme très malade, tuberculeux et trépané et ayant de plus certains déboires d’ordre privé, risquant d’avoir des répercussions fâcheuses pour le parti et qui rendent préférable son changement à la direction de la section ». Il occupait la responsabilité de secrétaire fédéral lors de l’interdiction du PCF en septembre 1939. Son épouse militait dans le mouvement des femmes contre le fascisme et la guerre.

Bouchet et son épouse furent révoqués le 24 mai 1940 et condamnés à deux ans de prison. Après son pourvoi en appel, la sanction fut ramenée à quinze mois avec sursis. Pour sa femme, la condamnation fut annulée et elle reprit un poste d’institutrice dans le Tarn. Dans une lettre à Georges Cogniot (13 septembre 1973), il affirmait avoir été dénoncé par Louis Aurin.

Pendant la guerre, sollicité par Émile Labrunie, Omer Bouchet participa à la reconstitution à Albi du syndicat enseignant et s’occupa de regrouper pour le Front national des intellectuels du Tarn. Selon la notice nécrologique établie par la Fédération du PCF, il fut responsable du Parti à Agen pendant la guerre. Aux élections municipales d’Agen en 1945, élu premier adjoint, il était le responsable du groupe municipal au conseil. Directeur du journal du Front national, il dirigea l’hebdomadaire communiste, Le Travailleur du Tarn-et-Garonne jusque dans les années 1950. En outre, il animait le cercle d’Agen des intellectuels créé en 1945. Professeur adjoint au collège technique d’Agen, il prit sa retraite en octobre 1950.

Les Bouchet habitèrent Cujan-Mestrac (Gironde), puis Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales), enfin Sauvian (Hérault). Omer Bouchet était paralysé des bras et sa femme écrivait sous sa dictée dans les années 1970. Il composa en 1973 à la demande de Georges Cogniot un texte de souvenirs sous le titre « On ne naît pas communiste » (18 pages manuscrites).

Rachel Bouchet mourut le 10 février 1981 à Montpellier (Hérault).


Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17412, notice BOUCHET Omer par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Notice du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (composée par J. Blanchard). — Arch. Nat. : F7/13039, 13127, / F17/26631. — Arch. comité national du PCF. — Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 11-3A ; état civil ; Arch. Dép. Lot-et-Garonne, cabinet du préfet, dossier n° 91. — RGASPI, 517, 1, 1908. — Presse locale. — Renseignements fournis par l’intéressé.— Sources orales. — Notes d’Alain Dalançon.

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