BOUCHIER Fernand, Lucien, Eugène

Par Roger Pierre, Gilles Vergnon

Né le 31 octobre 1898 à Lus-la-Croix-Haute (Drôme), mort le 12 février 1971 à Valence (Drôme) ; instituteur, puis directeur de la Sécurité sociale de la Drôme ; secrétaire départemental du SNI de la Drôme en 1933-1934 ; secrétaire de la fédération SFIO de la Drôme de 1936 à 1940, puis d’octobre 1944 à novembre 1945 ; vice-président, puis président du CDL de la Drôme (1944-1946).

Fils d’Antoine Bouchier et Marie Roman, un couple d’instituteurs, Fernand Bouchier enseigna à son tour dès sa sortie de l’École normale, en 1916, avant d’effectuer son service militaire de 1918 à 1921, dont il sortit avec le grade de sergent.

Nommé à La Motte-de-Galaure, il milita d’abord dans la section drômoise du Syndicat national des instituteurs, où il appartint à la fraction minoritaire. En 1926, il fut secrétaire du groupe de jeunes instituteurs qu’il fit adhérer au Comité central de tendance révolutionnaire, et il fut l’année suivante élu au conseil syndical sur une liste « d’Action » à laquelle participaient des communistes (voir Théophile Arnoux, Auguste Robert). Secrétaire adjoint de la section, il fut délégué aux congrès du SNI à Rennes, puis à Nîmes (1930) et prit la direction de la section le 20 octobre 1932.

Membre de la commission exécutive de l’Union des syndicats confédérés Drôme-Ardèche, il y défendit le front unique, demandant que soient discutées les propositions des unitaires et la possibilité d’organisation avec eux de réunions communes ; il fut délégué au congrès de la CGT à Paris en septembre 1933. Il quitta en 1934 le secrétariat général de la section du SNI, « pour raisons de santé », mais il continua à participer jusqu’en février 1938 à la commission exécutive de l’UD réunifiée, au Cartel des services publics et à la Fédération des fonctionnaires.

Fernand Bouchier était adhérent au Parti socialiste SFIO. Très actif dans les « journées républicaines » des 9-12 février 1934, quand il fut nommé à Valence, il y devint en 1933 secrétaire de la section socialiste, puis le 25 septembre 1935, secrétaire administratif de la Fédération, secondant Jules Magnan, secrétaire fédéral succédant à Marcel Cartier. Le congrès de Saint-Vallier (Drôme), le 17 mai 1936, le désigna comme secrétaire fédéral et il fut reconduit régulièrement dans ses fonctions jusqu’à la guerre, représentant sa fédération aux congrès de Marseille (1937) et Royan (1938). Au cours de cette période difficile, il s’efforça de trouver des compromis entre les tendances, se heurtant parfois violemment dans une Fédération divisée sur les problèmes de l’action gouvernementale et de la paix ; il se rallia généralement, mais avec moins de vigueur et d’intransigeance que Marcel Cartier*, aux motions de Paul Faure, qui s’opposaient à celles de Léon Blum-, défendues dans la Drôme par Marius Moutet.

Révoqué le 25 novembre 1940 par le gouvernement de Vichy, Fernand Bouchier, qui trouva un emploi en février 1941 aux Assurances sociales, fut vite actif dans la Résistance, dont il fut une figure importante dans le département.
Membre du premier noyau de Combat dans la Drôme, il passa ensuite, fin 1941, à Franc-Tireur, comme la plupart des socialistes de Drôme-Nord (Benjamin Malossane, Louis Ferroul). Il fut poursuivi et condamné à six mois de prison par le tribunal correctionnel de Privas (Ardèche) pour « détention et distribution de journaux et tracts d’inspiration étrangère dans un but de subversion nationale ».

Il joua également un rôle majeur dans la reconstitution de l’UD-CGT avec le lyonnais [Marius Vivier-Merle-<134969], et les drômois Charles Jullian et Louis Saillant.

Membre du premier conseil municipal de Valence libérée, nommé par le préfet le 10 septembre 1944, Fernand Bouchier fut élu adjoint au maire le 16 septembre. Vice-président du CDL de septembre à décembre 1944, il fut élu à l’unanimité le 29 décembre 1944 président du CDL, remplaçant Claude Alphandéry démissionnaire. Il était second sur la liste « d’entente socialiste et démocratique » aux municipales d’avril 1945., mais cette liste fut battue.

Candidat socialiste au conseil général, en septembre, il ne vint qu’en troisième position. Représentant la Drôme à la réunion des présidents de CDL du 4 octobre 1945, c’est lui qui lit la résolution (adoptée par trente-sept présidents contre deux et vingt-neuf abstentions) se prononçant pour « une Assemblée constituante avec pouvoirs souverains » et pour le « Oui-Non » au référendum.

Élu secrétaire fédéral au premier congrès qui suivit la Libération, le 28 octobre 1944, il exerça ses fonctions jusqu’en novembre 1945, où il fut remplacé par Marcel Cartier qui lui reprocha, à mots couverts, sa « faiblesse » vis-à-vis des communistes.

Placé à la direction des services de la Sécurité sociale, il y consacra dès lors son activité. Il continua à siéger au bureau fédéral, chargé des relations avec les mouvements de Résistance, jusqu’en 1947. Il semble avoir cessé toute activité politique publique après cette date et se consacra jusqu’à sa retraite à ses fonctions de directeur de la Sécurité sociale de la Drôme.

Il était marié et père d’une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17418, notice BOUCHIER Fernand, Lucien, Eugène par Roger Pierre, Gilles Vergnon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 août 2021.

Par Roger Pierre, Gilles Vergnon

ŒUVRE : En collaboration : Les Problèmes de la Paix (éditions de La Volonté Socialiste, 1938, 48 p.)

SOURCES : Arch. Dép. Drôme, 35 M 360. — Bulletin du SNI (section Drôme), 1923-1940. — Registre des P.V. de l’Union des syndicats confédérés Drôme-Ardèche. — La Volonté Socialiste (portrait, le 13 mars 1939).

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