BOUDAULT Eugénie [née BEAUMONT Eugénie, Victoria, Scolastique]

Par Jean Maitron

Née le 15 septembre 1893 à La Membrolle-sur-Longuenée (Maine-et-Loire), morte le 28 juillet 1990 à Saint-Georges-des-sept-Voies (Maine-et-Loire) ; institutrice ; militante syndicaliste de la FUE et de l’ITE.

Eugénie Beaumont était la fille de Victor, Louis Beaumont, instituteur aux opinions très avancées, et de Scholastique Ménard, sans profession. Elle fut élève de l’École normale d’institutrices (1909-1912) puis exerça à La Ménitre (1912-1924) puis à Marce.

Elle adhéra au syndicat des instituteurs en 1919 et en devint bientôt une militante active après avoir été « convertie au syndicalisme » par l’adjoint de son père, Louis Boutreux, et par la guerre. Elle fut membre du conseil syndical et du comité de rédaction de l’Émancipation, périodique mensuel dont elle rédigea fréquemment la rubrique pédagogique.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le syndicat du Maine-et-Loire prit en charge la gestion de la Fédération des syndicats de l’Enseignement. Louis Bouet en fut le secrétaire général, et Eugénie Beaumont la trésorière fédérale de 1921 à 1922. Elle assuma à nouveau cette fonction de 1924 à 1926 sous la gestion Morbihan-Maine-et-Loire. Son efficacité permit aux finances fédérales de se redresser.

En 1921, Eugénie Beaumont, avec tous ses camarades du bureau fédéral, comparut devant le tribunal correctionnel d’Angers, les syndicats de fonctionnaires n’étant pas reconnus. Elle fut condamnée à 50 F d’amende. En 1922, en appel, la peine fut réduite à 25 F. De 1922 à 1924, elle fut secrétaire pédagogique de l’Internationale des Travailleurs de l’Enseignement (ITE).

Elle se maria le 12 juillet 1924 à Longué (Maine-et-Loire) avec Émile Boudault, instituteur. Au congrès de l’Internationale syndicale de l’Enseignement réuni à Bruxelles du 9 au 11 août 1924, Eugénie Beaumont (selon le rapport, alors qu’elle était mariée depuis un mois avec Émile Boudault) fit le rapport de la section française sur « l’éducation rationnelle et humaine ». Les délégués russes y retrouvèrent « les principes » élaborés par les pédagogues « d’esprit bourgeois » et Dolinko, leur porte parole, estima que seul « un enseignement lutte de classes » pouvait « mener à l’école rationnelle et humaine et non l’inverse ». Dans ses conclusions, Eugénie Beaumont indiqua que seules des divergences de forme séparaient les thèses russes et françaises et la Fédération unitaire de l’Enseignement publia son « plan de causerie » sur « l’éducation rationnelle et humaine » en 1925.

Jusqu’à sa prise de retraite en 1949, Eugénie Boudault resta une militante active. Elle était jugée « très intelligente, très honnête dans ses sentiments, d’une grande conscience professionnelle » et fut « beaucoup regrettée à La Ménitre » (rapport du 13 juillet 1929, Arch. Nat., F7/13749).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article17426, notice BOUDAULT Eugénie [née BEAUMONT Eugénie, Victoria, Scolastique] par Jean Maitron, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 26 août 2022.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat., F7/13743 et F7/13749. — RGASPI, 534, 5, 105. — Anne-Marie Sohn, Féminisme et syndicalisme. Les institutrices de la Fédération unitaire de l’enseignement de 1919 à 1935, thèse de 3e cycle, Nanterre, 1973. — Renseignements fournis par l’intéressée à Maurice Poperen. — Notes de Jacques Girault et de Loïc Le Bars.

ICONOGRAPHIE : L. Bouët, Trente ans de combat, op. cit., p. 302.

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