TALOUARN Jacques, René

Par Alain Dalançon

Né le 20 juin 1911 à Ploneour-Lanvern (Finistère), mort le 11 juillet 1992 à Pont-l’Abbé (Finistère) ; agent de lycée à Paris ; Résistant ; militant syndicaliste, secrétaire général du syndicat des agents de lycée FEN puis de la FEN-CGT ; militant communiste.

Fils d’un scieur de long, Jacques Talouarn était agent (aide-cuisinier au moment de son mariage) au lycée Janson de Sailly à Paris, de novembre 1933 à mars 1937 puis fut affecté au lycée Buffon. Il militait dès cette époque au Parti communiste. Il se maria le 12 février 1935 à la mairie du XVe arrondissement de Paris avec Yvonne Le Blévennec, née le 30 juin 1910 à Belle-lsle-en-Terre (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), fille d’un boulanger, qui travaillait comme infirmière à l’Assistance publique depuis avril 1931. Elle devint aide-concierge au lycée Buffon en juillet 1945 avant d’être promue agent spécialiste dans cet établissement en janvier 1968.

Mobilisé de septembre 1939 à août 1940, Jacques Talouarn revint au lycée Buffon, entra très tôt en résistance et entraîna un professeur, Henri Claude, et des lycéens à la manifestation du 11 novembre 1940 à l’Arc de triomphe. Concierge du lycée, il cacha dans les caves de l’établissement cinq élèves (Lucien Legros, Pierre Benoît, Jean Arthus, Robert Baudry, Pierre Grelot) organisateurs de la protestation contre l’arrestation en avril 1942 de Raymond Burgard, résistant, professeur au lycée, qui furent par la suite arrêtés et fusillés en mars 1943. En 2008, l’association des anciens élèves du lycée Buffon inaugura plusieurs salles dédiées aux lycéens fusillés et une à Jacques Talouarn.

Militant du Front national universitaire, il fut responsable de son groupe de combat à partir de 1942 et organisateur du syndicat clandestin des agents de l’Éducation nationale de la CGT. Il organisa le commando de la prise du ministère de l’Éducation nationale le 21 août 1944, puis de la mairie du XIVe arrondissement. Il reçut pour cela la médaille de la Résistance.

À la Libération il fut désigné par la CGT de la région parisienne pour constituer le syndicat des agents et devint secrétaire général du Syndicat national des agents de lycées de la Fédération générale de l’enseignement transformée en Fédération de l’Éducation nationale au congrès de 1946. Il fut alors élu membre de la commission administrative de la FEN au titre de son syndicat.

En 1948, le syndicat des agents n’organisa pas de référendum comme d’autres syndicats nationaux et décida de rester à la CGT, ainsi que le Syndicat national de l’enseignement technique des centres d’apprentissage dirigé par Charles Artus. Jacques Talouarn demeura secrétaire général du syndicat (s’adressant à tous les agents des établissements du second degré) affilié à la FEN-CGT, et fit partie de sa commission exécutive puis de son bureau. Les majoritaires « autonomes » de la FEN décidèrent de créer un Syndicat national des agents de l’Éducation nationale dont Jean-Baptiste Soleilhavoup fut le premier secrétaire général, les deux syndicats devenant dès lors des concurrents.

Jacques Talouarn, devenu chef des agents du lycée Buffon en 1962, était toujours secrétaire général du syndicat transformé en 1964 en Syndicat général des agents des services économiques et techniques de l’Éducation nationale. En 1972, un congrès unifia trois syndicats nationaux de la CGT, le SGASETEN (agents de service), le SPAMEN (personnels administratifs) et le SNPTL (personnels de laboratoire) en une seule organisation syndicale : le Syndicat général des personnels de l’Éducation nationale (SGPEN-CGT). Ainsi, tous les personnels non enseignants dépendant du ministère de l’Éducation nationale, de la catégorie C à la catégorie A, se trouvaient rassemblés en une même organisation visant à unifier les revendications à tous les niveaux : national, académique, départemental. Jacques Talouarn en fut un temps président.

Il prit sa retraite le 30 septembre 1971 comme son épouse et le couple alla vivre dans sa Bretagne natale, à Pont l’Abbé où il décéda en 1992 et son épouse en août 2002.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174265, notice TALOUARN Jacques, René par Alain Dalançon, version mise en ligne le 26 juin 2015, dernière modification le 17 février 2016.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch.Nat., F17/17776, 30424/B. — Arch. Dép.. Seine Saint-Denis, 353 J 2, dossier sur la Résistance dont entretien avec Henri Claude et Jacques Talouarn relatif à leurs activités pendant l’Occupation ; fonds Henri Claude, FRAD093/353J ; arch. du SGPEN-CGT. — Bulletin spécial de l’ACREN sur les activités du FNU dans les lycées parisiens. — Témoignage de Jacques Talouarn in bulletin de l’UGFF, Fonction publique, n° 100, sept. 2004. — Joël Hedde, De la FEN-CGT à la FERC-CGT : entre recherche et quête d’identité. Repères pour l’histoire (1948-1994), http://sdencgt62.org.~— Notes de Jacques Girault et de Guy Putfin.

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