ROUSSEL Alfred

Par Gilles Pichavant

Né en septembre 1886 à Arc-lès-Gray (Haute-Saône) ; cheminot révoqué en 1910, directeur d’usine en 1920 ; syndicaliste CGT ; socialiste, membre du Comité de la 3e internationale.

Fils de Aubin Roussel et de Berthe Paquet, Alfred Roussel se maria en 1911 à Paris 11e avec Charlotte Mézières. Ils avaient un enfant en 1920.

En 1920 il déclara que de 1902 à 1905, il fut employé de commerce à Paris. De 1905 à 1907, il fut employé des chemins de fer à Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis), jusqu’à son service militaire. De 1907 à 1909, il fit son service militaire à Belfort, puis il retrouva un emploi d’employé de commerce à Paris. Mais une fiche de police dit de lui qu’il fut "un ancien employé de chemin de fer révoqué", sans doute à la suite de la grève de 1910. Mobilisé en 1914, il fut affecté par la suite à l’usine Robbe de Dieppe (Seine-Maritime, Seine-Inférieure) — usine de fabrication d’huiles végétales — comme contremaitre. En mai 1915, il en devint le directeur-gérant. Il habita Martin-Église (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) dans un logement de fonction.

Militant socialiste, et ancien cheminot lui-même, il participa à des réunions de cheminots pour préparer les grèves de 1920 qui visaient à obtenir la nationalisation des chemins de fer. Le 9 avril 1919, il participa à l’une d’elles, au café Davenet à Envermeu (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), avec Gustave Courage, cheminot et secrétaire de la fédération du parti socialiste de la Seine-Inférieure.

Le 7 mai à 4h30 du matin, sous prétexte de réprimer un complot contre la sécurité de l’État, Alfred Roussel fut arrêté par la police, en même temps que Aimable et Eugénie Gaignon (père et fille), Paul Briard, et Sylvain Laffargue. Ils furent incarcéré à la prison du Pollet à Dieppe. Parallèlement la police procédait des perquisitions à leur domicile, ainsi que dans le local des syndicats où le groupe socialiste conservait ses archives. On saisit chez lui un livre d’Émile Amet, vraisemblablement Parler en Public, ainsi qu’une série d’ouvrages d’Espéranto. Le 12 mai la police arrêtait à leur tour les cheminots André Perry, militant dieppois, et Henri Chassin, de passage à Dieppe pour la fédération, dans le cadre de la répression de la grève des cheminots.

Tous étaient socialistes, tous avaient adhéré au Comité de la 3e internationale. Léonie Kauffmann, militante parisienne, fut elle aussi inquiété, et l’on perquisitionna chez elle. En mai 1919, alors qu’elle était en villégiature à Dieppe, elle avait organisée une réunion à Dieppe, au cours de laquelle un grand nombre des arrêtés avaient adhéré au comité et créé une section locale. On rechercha en vain Alexandre Offenberger*, militant d’origine roumaine, que la police qualifia d’anarchiste, alors qu’il était connu par les militants arrêtés comme socialiste. Il était intervenu dans cette réunion.

Le bruit courut à Dieppe que les militants arrêtés voulaient constituer un soviet local, et qu’une liste de personnes, à arrêter en cas de Révolution, avait été saisie chez Paul Briard. En réalité tout était faux. La police ne trouva rien, et l’accusation de complot contre la sûreté de l’État s’effondra.

Le 3 octobre 1920, le procureur prononça un non-lieu sur l’accusation de complot contre la sécurité de l’État, et des menées anarchistes. Mais Paul Briard resta poursuivi pour avoir vendu une brochure de Jacques Sadoul* à l’entrée d’un meeting le 16 avril 1920. (voir Paul Briard)

Mais cette affaire ne fut pas sans conséquence pour Alfred Roussel. Après avoir vainement tenté d’obtenir sa libération provisoire, elle chercha à le remplacer, et demanda à son épouse de libérer le logement de fonction qu’ils occupaient à Martin Église.

En 1920, il avait les cheveux châtains qu’il portait "très long". Il mesurait 1m 79. Il avait les yeux marrons, le teint coloré, le visage ovale, la barbe rasée, la bouche grande, et un menton à fossette.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174296, notice ROUSSEL Alfred par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 29 juin 2015, dernière modification le 30 décembre 2019.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, cotes 10M 355, 2U 1-899 — Fonds ancien de Dieppe : L’Impartial, l’Éclaireur, La Vigie.

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