STUDER Charles, Joseph

Par Alain Dalançon

Né le 21 février 1899 à Hindlingen (Haut-Rhin), mort le 3 juillet 1972 à Colmar (Haut-Rhin) ; professeur ; militant syndicaliste du SNEPS

Fils d’Eugène Studer, instituteur, et de Marie Fruh, Charles Studer effectua sa scolarité selon le système allemand. Pendant la période de présence de l’armée française au début de la Première Guerre mondiale dans cette partie de la Haute-Alsace, parfaitement bilingue, il se mit au service de l’administration militaire française de Dannemarie, bien qu’encore adolescent, de novembre 1914 à février 1916, puis fut évacué jusqu’à la fin de la guerre.

En 1918, il devint élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Belfort, obtint le brevet supérieur en 1921, puis fut instituteur stagiaire en 1922 à Grüssenheim (Haut-Rhin) et à l’école moyenne de Colmar.

Désireux de devenir professeur d’école primaire supérieure, il commença une licence à la Faculté des Lettres de Lille (certificats de philologie et littérature allemandes en 1924 et 1925) puis à celle de Strasbourg (littérature française en 1927), tout en étant maître-surveillant à l’EPS de Haubourdin (Nord) en 1923-1924, puis détaché en 1924-1925 à celle de Colmar où il enseigna comme instituteur délégué à partir de janvier 1926. En 1928, grâce à ses trois certificats de licence, lui donnant l’équivalence de la première partie du professorat, il fut promu sur place professeur adjoint, pour enseigner le Français et l’Allemand.

Il tenta, à plusieurs reprises jusqu’en 1934, de passer le concours de la deuxième partie du professorat. Dans le même temps, il effectua des suppléances de directeur, et parfois d’économe, de l’internat de l’école préparatoire d’instituteurs du quai des Dominicains annexée à l’EPS.

Le 16 août 1929, il épousa à Colmar Marie, Alice Furstoss, fille d’un professeur, commerçante après la naissance de leur fils, Norbert, le 2 juin 1930. Le couple habitait 1, quai des Dominicains, puis 8, rue de la Semme à Colmar.

Charles Studer militait à la fin des années 1920-début des années 1930, dans les Groupes de jeunes professeurs de l’enseignement du second degré (secondaire, primaire supérieur, technique) qui avaient débuté dans l’académie du Nord, notamment sous l’impulsion de René Ringot qui avait été son collègue et son camarade à l’EPS de Haubourdin. Il fut particulièrement actif dans le groupe de « l’Entente des jeunes professeurs du second degré de l’Est » dont il fut l’un des trois secrétaires-fondateurs le 1er mars 1931 aux côtés de Béranger et Lucien Cuénat. Elle comptait 150 adhérents à cette date et en affichait 250 en juillet 1931. L’Entente s’adressa aux parlementaires d’Alsace à la fin de l’année pour leur demander d’examiner favorablement l’amélioration du régime d’avancement des jeunes professeurs dont « la vie pénible » venait de faire l’objet de quatre articles successifs dans L’Œuvre, la documentation ayant été fournie en grande partie par le groupe.

Charles Studer militait en même temps au Syndicat national des EPS et fut élu en 1931 membre de sa commission administrative nationale, ainsi que cinq autres militant(e)s des groupes de jeunes (Henri Maunoury, Henri Marié, Flacon, Ringot, et Marie Laroche) sur la liste d’opposition conduite par Alcée Marseillan, qui fut majoritaire. Il devint également secrétaire de la section départementale du syndicat du Haut-Rhin, fut élu délégué départemental en 1932, et resta membre de la CA nationale du SNEPS jusqu’à la guerre.

Mobilisé le 25 août 1939 avec le grade d’adjudant, il fut démobilisé le 8 août 1940 en Haute-Garonne. Il revint ensuite en Alsace, à nouveau annexée par l’Allemagne, et obtint en 1942 à la Faculté d’Heidelberg deux certificats (fin d’études « Erweiterung » et histoire allemande).

Le 27 juillet 1944, Charles Studer s’engagea dans les Forces françaises de l’Intérieur. Après la Libération, les critiques de ses collègues au sujet de son attitude pendant la guerre entraînèrent l’ouverture d’un dossier par le Conseil supérieur d’enquête. Bien qu’il ait bénéficié d’un non-lieu en janvier 1947, il fut muté au collège de Haubourdin. Il ne put regagner le collège de Colmar qu’à la rentrée suivante. Mais il essuya un refus sans appel à sa demande d’intégration dans le corps des professeurs de Français après avoir obtenu en 1947 le certificat de Lettres modernes à Strasbourg, lui donnant l’équivalence de la licence de Lettres modernes. L’année suivante, il fut cependant intégré normalement dans le cadre des professeurs licenciés et certifiés d’Allemand. Il ajoutait à son service au collège des cours de Français à l’école de la viticulture d’hiver, fondée et dirigée par Fernand Ortlieb, futur député MRP.

Charles Studer prit sa retraite en 1964, alors que le collège était devenu lycée. Il revint habiter Hindlingen. Veuf, il se remaria le 30 août 1968 à Colmar, avec Marie, Rose Spiri, sans profession.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174317, notice STUDER Charles, Joseph par Alain Dalançon, version mise en ligne le 29 juin 2015, dernière modification le 2 octobre 2022.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat., F17/28384. — Arch. mun. Colmar (Émilie Monnin). — Arch. IRHSES (bulletin du SNEPS, fonds Bonin et Guilbert : listes des dossiers d’épuration). — Etienne Camy-Peyret, « Les groupements de jeunes professeurs du second degré au début des années 30 », Points de repères, n°2, janv.-fév. 1990, p. 5-7. — Notes de Jacques Girault.

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