SOLETCHNIK Jules

Par Jacques Girault

Né le 29 décembre 1927 à Paris (XIIe arr.) ; enseignant puis éditeur scolaire ; secrétaire de rédaction de L’École et la Nation.

Fils d’un étudiant devenu électrotechnicien, né en Pologne, annexée alors par la Russie, et d’une gouvernante née en Roumanie, également en Russie, Jules Soletchnik naquit à l’hôpital Rothschild. Mobilisé au début de la guerre, son père fut affecté dans une usine de Paris fabriquant des téléphones de campagne. Lors de l’offensive allemande du printemps 1940, il reçut l’ordre, le 9 juin 1940, de rejoindre la Poudrerie de Toulouse. Il décida de partir, avec sa famille, et arriva à Toulouse le 14 juin. Dès l’armistice, démobilisé, faute de logement, la famille habita à Revel (Haute-Garonne) de décembre 1940 à décembre 1944. Son père, qui travaillait aux Hauts Fourneaux de la Chiers à Toulouse, légaliste, en règle avec la législation de 1941, se considérant comme « israélite français » sans aucune pratique religieuse, revenait à Revel en fin de semaine.

Au printemps 1944, après un sabotage, auquel son père avait participé, avant de revenir à Revel libéré provisoirement par la Résistance, le 14 juillet. Allant chercher son salaire à Toulouse, dénoncé, il fut arrêté, le 25 juillet 1944 et déporté à Buchenwald. Transféré à Bergen-Belsen, il y disparut à la fin avril 1945. Son épouse était décédée depuis novembre1944.

Recueilli avec son frère dans sa famille à Paris, Jules Soletchnik, après avoir commencé sa scolarité secondaire au lycée Michelet à Vanves, la continua au collège municipal de Revel et la termina au lycée Henri IV par un succès au baccalauréat (série “Mathématiques élémentaires“).

Après avoir travaillé dans une banque, à l’Imprimerie nationale, dans des colonies de vacances, il devint instituteur suppléant à Paris puis titularisé à l’école de garçons de Saint-Louis-en-l’île, après une année à l’Ecole normale d’instituteurs d’Auteuil. Dix ans plus tard, il passa le concours des PEGC (lettres) et enseigna au collège Mazaryk à Châtenay-Malabry (Seine/Hauts-de-Seine), chargé de la classe de 3eme spéciale préparant aux concours administratifs, dont l’école normale.

Jules Soletchnik effectua un service militaire écourté dans la DCA à Provins (Seine-et-Marne) en 1949. Il se maria en février 1950 à Paris (XVe arr.), avec une ancienne résistante dans le Limousin, fille de cultivateurs de la Creuse. Le couple eut deux filles.

Membre du Syndicat national des instituteurs, de la commission des jeunes, et de la FEN-CGT, Jules Soletchnik adhéra au Parti communiste français en 1952. Il devint rédacteur en chef de L’Union du 15eme. Le secrétariat du PCF, le 15 octobre 1954, le désigna comme adjoint d’André Pierrard à la direction de L’École et la Nation. Admis pour suivre le stage pour les instituteurs communistes organisé par la direction du Parti, selon une décision du secrétariat du Parti communiste français, le 20 mai 1955, il devint directeur-adjoint du stage. En 1956, il fut choisi pour assurer les fonctions de secrétaire de rédaction de la revue communiste L’École et la Nation. Le secrétariat du PCF, les 18-20 janvier 1958, fixa l’ordre du jour de la prochaine réunion du bureau politique qui serait consacrée à l’ "Examen de certains aspects du travail du parti parmi les instituteurs". Seraient invités les communistes membres du bureau national du SNI, et cinq autres responsables de ces questions dont Soletchnik. A partir du XXe congrès et de l’intervention soviétique en Hongrie, il exprima de nombreux désaccords avec le PCF. En septembre 1958, le secrétariat décida de le remplacer à la rédaction de L’École et la Nation. Pourtant selon les archives du PCF, il était toujours en poste en novembre 1958 partageant cette responsabilité avec Jacques Brunhes. Selon son témoignage, il quitta le PCF à la fin de septembre 1958. Pourtant, le 14 juin 1960, le secrétariat du PCF décida de ne pas autoriser le militant à aller en URSS en raison de son comportement politique et précisa qu’il fallait en informer Pierrard qui était le vice-président national de France-URSS.

Après s’être rendu dans l’été 1960 en Hongrie avec son épouse, diplômé de Russe à l’École des Langues orientales en 1961, dans l’été 1961, Soletchnik passa trois semaines à Tbilissi (Géorgie) dans le cadre d’un stage avec des enseignants géorgiens organisé par France-URSS et les Langues O.

Son ami, Jacques Dupâquier, qui travaillait alors pour les éditions Bordas, le présenta, en 1965, au directeur de l’entreprise pour participer à trois ouvrages en co-édition avec le Canada. Puis il fut intégré à l’équipe d’auteurs de manuels scolaires dans les collections dirigées par Maurice Le Lannou (géographie) et Dupâquier (Histoire, Instruction civique). Le premier manuel avec sa participation fut édité en 1968. En 1970, il quitta l’Éducation nationale pour devenir directeur pédagogique chez Bordas tout en continuant sa collaboration aux manuels scolaires. Il démissionna de cette responsabilité en juillet 1979 n’acceptant pas l’élimination de Pierre Bordas après le rachat qui lui avait été imposé des éditions Dunod. A partir d’août 1979, il devint directeur pédagogique aux éditions Nathan jusqu’en 1983,ne supportant plus les conditions imposées par les nouveaux investisseurs entrés au capital de l’éditeur. Il créa alors ses propres collections de manuels scolaires pour des éditeurs divers (Vuibert, Magnard, Istra, Pierre Bordas et fils) évoluant souvent vers des ouvrages destinés vers l’enseignement primaire.

Retraité depuis 1998, il habitait Toulouse avec son épouse. Il évoqua sa jeunesse, en 2005, avec Francis Pujol, dans un ouvrage Revel des années noires 1939-1945, dans le cadre de la Société d’histoire de Revel-Saint Ferréol (Editions Anne-Marie Denis).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174432, notice SOLETCHNIK Jules par Jacques Girault, version mise en ligne le 7 juillet 2015, dernière modification le 19 janvier 2022.

Par Jacques Girault

ŒUVRES : Le fichier de la BNF comprend 68 références de manuels de divers niveaux, comprenant des rééditions et mises à jour.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Divers sites Internet. — Renseignements fournis par l’intéressé et par Bertrand Solet.

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