SURREL Robert, Ferdinand

Par Alain Dalançon

Né le 5 octobre 1911 à Taulhac (Haute-Loire), mort le 5 novembre 1979 à Antony (Hauts-de-Seine) ; professeur d’éducation physique ; militant syndicaliste, secrétaire général du SNPEP (1945-1952), trésorier de la FEN (1953-1955).

Son père, Théofrède Surrel, était à sa naissance chef cantonnier à Taulhac (près du Puy-en-Velay), âgé de 55 ans, et sa mère, Philomène Granger, sans profession, avait 40 ans.

Robert Surrel fut élève-maître de la promotion 1928-1931 à l’École normale d’instituteurs du Puy (Haute-Loire) où il obtint le certificat d’aptitude de gymnastique en 1930 et le brevet supérieur en 1931. Il enseigna comme instituteur dans son département d’octobre 1931 à décembre 1933, d’abord à l’école de garçons de la rue Mégécoste à Sainte-Florine puis à Blesle, avant d’intégrer la première promotion de l’École normale de l’éducation physique où il fut élève jusqu’à la fin 1935. Il y rencontra de fortes personnalités qui jouèrent tous par la suite un rôle important dans l’histoire de l’éducation physique : Raymond Dessendier, Jean Guimier, André Paganel*… En 1935, lors des examens de fin de deuxième trimestre, ses camarades et lui protestèrent contre les méthodes utilisées dans l’École en refusant de se présenter à certains exercices. Ils refusèrent également de se présenter devant le conseil de discipline et en appelèrent au sous-secrétaire d’État à l’Éducation physique. Ils demandaient que les exercices physiques soient dispensés en alternance avec les cours théoriques pour respecter le principe élémentaire de récupération ; ils réclamaient, en outre, une formation en pédagogie mieux adaptée à l’éducation physique. Les protestataires furent exclus pendant quinze jours et plus longuement pour les trois « meneurs » (Paganel, Dessendier et Guimier). Il rencontra aussi à l’ENEP, Yvonne Gasnot, ancienne normalienne primaire de l’Indre-et-Loire, fille d’un employé de commerce, qu’il épousa le 22 juillet 1939 à Tours (Indre-et-Loire), et avec laquelle il eut deux enfants (un garçon et une fille).

Robert Surrel était chargé d’enseignement d’éducation physique au collège Chaptal de la Ville de Paris durant l’année scolaire 1937-1938. Mobilisé comme sous-officier, il fut fait prisonnier en 1940, et revint en France en 1942 en se faisant passer pour infirmier.

Il revint ensuite enseigner comme professeur dans son établissement jusqu’en avril 1945 puis fut nommé à l’École normale d’instituteurs de la Seine. Après la guerre, il habitait 2, place Voltaire à Châtenay-Malabry (Seine, Hauts-de-Seine), adresse de l’École normale supérieure de l’éducation physique de jeunes filles dont son épouse, Yvonne Surrel*, fut directrice de 1946 à 1967, avant de terminer sa carrière comme inspectrice générale.

Après la Libération, il fut un des principaux réorganisateurs du Syndicat national des professeurs d’éducation physique (affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT transformée en Fédération de l’Éducation nationale en 1946), dont il exerça la responsabilité de secrétaire général de 1945 à 1952. Il succédait à Étienne Orgellet, le secrétaire général d’avant-guerre, réinstallé officiellement à la tête du syndicat en décembre 1944, puis promu inspecteur de la Jeunesse et des Sports. Robert Surrel était aussi, avant de devenir secrétaire général, membre du conseil d’administration de l’Amicale des élèves et anciens élèves de l’ENEP, dont il avait été un des membres fondateurs avant-guerre, et qui décida en 1945 de s’investir activement dans la lutte corporative.

La création du diplôme de maître d’EPS (éducation physique et sportive) en mars 1945, permettant d’intégrer les moniteurs recrutés sous le régime de Vichy, fit échouer l’objectif de réunir dans un même syndicat tout le personnel enseignant d’éducation physique, puisque fut créé dans la FEN au printemps 1946, le Syndicat national des maîtres d’EPS. Robert Surrel représenta donc le seul SNPEP à la commission administrative fédérale de 1945 à 1955.

Son syndicat n’accepta jamais la concurrence dans l’enseignement public des maîtres d’EPS, formés pour les activités péri et postscolaires, qui concouraient selon lui au déclassement des professeurs et à la dévalorisation de la discipline. Il réclama en 1947 l’arrêt du recrutement des maîtres dans l’enseignement, en vain, malgré une entente entre les deux syndicats en 1949 pour demander l’affectation des maîtres uniquement dans le secteur extra-scolaire. Cette lutte s’inscrivait dans celle, plus large, de la revendication d’une formation équivalente aux autres professeurs de l’enseignement secondaire : il évoquait même la création d’une agrégation et revendiquait le rattachement de l’éducation physique au ministère de l’Éducation nationale. Pour Robert Surrel, ce corpus revendicatif devait s’appuyer sur la définition de la valeur formative de sa discipline dans l’enseignement. Il critiquait l’enseignement secondaire traditionnel et la place qu’y occupait le latin (même si ses enfants suivaient un enseignement secondaire classique) ; il demandait l’augmentation de l’horaire de l’éducation physique dans les programmes des classes, ce qui justifiait encore plus la demande de création de postes et de gymnases dans les établissements scolaires.

Il défendit ces positions dans le Conseil de l’Éducation populaire et des Sports et la section permanente du Conseil supérieur de l’Éducation nationale où, représentant des professeurs d’éducation physique, il fut élu en juin 1946 et réélu en 1950.

Robert Surrel était classable parmi les initiateurs des « formalistes didacticiens » et il soutint Philippe Néaumet, devenu secrétaire de la commission pédagogique en novembre 1948, qui traça un plan ambitieux de reconnaissance de la discipline, conditionnée par la qualité de la pédagogie mise en œuvre, émergeant non point de théories mais de « l’éclectisme » des expériences individuelles, afin d’en élaborer une synthèse pour construire une doctrine syndicale. Cette orientation s’opposait à celle de la « sportivisation » défendue par les « cégétistes » puis « ex-cégétistes », notamment Jean Guimier, Robert Mérand et leurs camarades communistes. Sur ce sujet, Robert Surrel pouvait compter sur l’appui de son épouse, très active directrice de l’ENSEP filles, qui refusa toujours d’ajouter à la fin du sigle de son école, un S (Sportive) très symbolique.

Partisan de l’autonomie de la FEN en 1948, Robert Surrel entra au bureau fédéral en 1949. Les luttes de tendances dans le syndicat s’avivèrent alors avec les militants double-affiliés de la FEN-CGT. Pour la première fois en 1953, eurent lieu des élections sur listes à la commission administrative nationale ; la « liste d’Union » présentée par les « unitaires » fut refusée et n’obtint aucun élu. Germain Boutillier venait de lui succéder comme secrétaire général du SNPEP en 1952, car il était devenu trésorier national de la FEN en 1953, responsabilité qu’il exerça jusqu’en 1955. Cependant il n’abandonna pas la direction du SNPEP, puisqu’il fut élu secrétaire général adjoint. Il était toujours membre du secrétariat du syndicat en 1956 mais, après les élections de novembre, il ne fut plus que membre de la CA, Philippe Néaumet étant devenu secrétaire général, et il n’y siégea plus à partir de 1958.

Les relations avec Néaumet et Claude Pineau, secrétaire pédagogique se détériorèrent en 1966 : avec Boutillier, il engagea les syndiqués à voter contre le rapport moral de la direction du SNEP. Les deux anciens secrétaires généraux critiquaient notamment « le manque de démocratie », le caractère unilatéral de l’information transmise par le bulletin et le « bureau ultra autoritaire actuel ». En outre, ils considéraient que leurs « anciens » amis avaient fait preuve d’ostracisme à l’encontre des membres de la tendance du « Manifeste » et de son leader Jacques Personne.

Robert Surrel n’apparut plus ensuite dans les débats syndicaux. Il prit sa retraite en 1971 ; il résidait alors à Sceaux (Hauts-de-Seine).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174445, notice SURREL Robert, Ferdinand par Alain Dalançon, version mise en ligne le 10 juillet 2015, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. Nat., F17/30424/A. — Bulletin du SNEP. — L’enseignement public. — Revue EP&S. — Arch. mun. Châtenay-Malabry (Armelle Bourhis). — État civil en ligne, arch. Départ. Haute-Loire. — Renseignements fournis par ses enfants. — Michaël Attali, Le syndicalisme des enseignants d’éducation physique, L’Harmattan, 2004. — Guilhem Véziers, Histoire du syndicalisme des professeurs d’éducation physique entre 1880 et 2002. Un militantisme corporatif, pédagogique et politique, thèse, 2004.— Denis Abonnen, De l’amicale de l’ENEP à l’AEEPS (1936-1982), Engagement associatif et formation professionnelle continue des enseignants d’EPS, thèse de doctorat, Université de Provence, 2010. — Notes de Jacques Girault.

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