SCHMITZ Robert, Julien, Marie

Par Jean-Marie Conraud

Né le 12 mai 1932 à Hayange (Moselle) ; électromécanicien aux Houillères du Bassin de Lorraine ; permanent de la JOC ; militant syndical CFTC-CFDT ; secrétaire de la section syndicale de Merlebach ; délégué mineur.

Robert Schmitz
Robert Schmitz

Fils de Joseph Schmitz, raboteur au moment de sa naissance qui devint ensuite mineur et militant syndical, et d’Anne, Marguerite Frick, Robert Schmitz eut un parcours scolaire perturbé. Élève de l’école française (1938-1939), puis de l’école allemande (1940-1944), puis de nouveau de l’école française (1945-1947), il réussit néanmoins le certificat d’études et fut embauché aux Houillères du bassin de Lorraine comme trieur de charbon. Muté en 1948 au fond comme chargeur de charbon et conducteur de chevaux, il commença, en même temps, en septembre, la préparation d’un CAP d’électromécanicien qu’il obtint en 1950.

Sollicité pendant l’hiver 1946-1947 pour participer à la vente du calendrier de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), il avait découvert le mouvement à cette occasion. Il eut bientôt la responsabilité d’un groupe « Apprentis de France », puis, en 1948, celle de la section jociste de Freyming (Moselle). Il se syndiqua pendant la grève de 1948 et participa au mouvement des mineurs. En 1949, il créa la section jociste de « La Chapelle » (Freyming-Hombourg-Haut) en appelant les jeunes immigrés à prendre leurs responsabilités. Invité en 1950 à rejoindre l’équipe fédérale du Pays Noir avec la responsabilité des sections « Apprentis », il lança plusieurs sections nouvelles.

Pendant son service militaire à Nancy (Meurthe-et-Moselle) puis à Contrexéville (Vosges), de 1952 à 1953, Robert Schmitz fut responsable d’un groupe de réflexion ACJF (Action catholique de la jeunesse française) dont faisait partie la JOC. À son retour, il fut sollicité pour prendre la présidence de la fédération jociste du Pays noir. Le 20 mai 1955, il fut détaché comme permanent pour la Province Champagne-Ardennes pour remplacer Pierre Hadj-Amar. Il suivit de mai 1955 à septembre 1956 les fédérations des départements de la Somme, des Ardennes et de la Marne. Après la réorganisation territoriale de la JOC, il fut chargé des départements de la Nièvre, de l’Yonne et des Vosges. Au plan national, il fit partie de l’équipe d’animateurs de la branche « Apprentis de France » participant à la rédaction du bulletin Jeune meneur et diffusant le journal La jeunesse ouvrière. Il faisait également partie de l’équipe de préparation du rassemblement mondial de la JOC à Rome en 1957. Au cours de ces diverses activités, il côtoya un certain nombre d’autres permanents : Fredo Krumnow, Eugène Descamps, Lucien Ganter, René Carême, Jean-Marie Conraud, Jacques Bégassat, René Salanne*, René Delecluse, André Demonchaux, Jean Michel, Ernest Sommer, Léon Lerognon. Rappelé sous les drapeaux pendant la guerre d’Algérie, il fut dispensé de ses obligations militaires comme mineur.

Pendant cette période, Robert Schmitz resta en liaison avec le syndicat CFTC du bassin houiller dont il était conseiller et responsable des jeunes. À la fin de son mandat de permanent jociste en 1957, il reprit son travail de mineur de fond. En 1960, il créa avec son épouse une importante section syndicale au siège de Merlebach dont il allait être le secrétaire. Il organisa en 1962 la grève des électromécaniciens qui aboutit à la signature d’une convention collective nationale pour cette profession. En 1964, il fut élu délégué mineur de la circonscription de Merlebach-centre. Il devait être réélu jusqu’en 1982, assumant ainsi six mandats successifs avant sa préretraite en janvier 1983.

Favorable à l’évolution de la CFTC, il participa activement, au cours des années 1964 et 1965, à la reconstitution d’un syndicat des mineurs CFDT. Il fut élu secrétaire général adjoint du syndicat, chargé de la presse, de la propagande et de la formation. La section de Merlebach qui comprenait parmi ses responsables plusieurs anciens jocistes, partisans également de l’évolution, servit de point d’appui permettant à la CFDT de redevenir le syndicat majoritaire dans le Bassin quelques années plus tard.

En 1968-1969, Robert Schmitz fut de ceux qui assurèrent la liaison avec les délégués mineurs Force Ouvrière de Faulquemont qui rallièrent la CFDT. En 1970, il fit une grève de la faim pendant cinq jours poussant la direction des Houillères à mener à bien la révision de la convention collective des mineurs. Lors de la catastrophe de Merlebach de 1976 qui fit seize victimes, il s’opposa à la descente du personnel alors qu’un incendie ravageait un quartier du fond. Il joua un rôle important dans la reconnaissance du métier de mineur et dans le remaniement des circonscriptions minières qui devait soulager les délégués mineurs dans leur fonction.

En 1980, il organisa avec la section syndicale, le congrès régional des mineurs CFDT dans un local du siège des Houillères. Ce congrès était la première manifestation syndicale officielle dans un établissement industriel des Houillères.

Robert Schmitz s’était marié le 2 août 1957 à Freyming (Moselle) avec Barbe Fuchs, couturière, trésorière de la Fédération JOCF du « Pays noir ». Ils eurent sept enfants. Il participa au lancement de l’Association de parents d’élèves de Freyming-Merlebach et Hombourg-Haut et fit également partie de l’association Sarro-lorraine du patrimoine de la région du Warndt.

Médaillé du travail, il reçut également la médaille des mines « Vermeil » pour actes de courage et services rendus à l’entreprise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174482, notice SCHMITZ Robert, Julien, Marie par Jean-Marie Conraud, version mise en ligne le 12 juillet 2015, dernière modification le 21 mai 2016.

Par Jean-Marie Conraud

Robert Schmitz
Robert Schmitz
Carte de la JOC en 1955
Carte de la JOC en 1955
Collection de Robert Schmitz. Fourni par Pierre Schill.
Sur son lit de camp pendant la grève de la faim d’octobre 1970 dans les locaux de la direction générale des HBL à Freyming-Merlebach. Fourni par Pierre Schill.

SOURCES : Archives des Houillères. — Témoignage de l’intéressée recueilli par J.-M. Conraud. — Arch. JOCF (SG), fichier des anciennes permanentes. — Arch. JOCF, livres de paie. — Notes de Pierre Schill et d’Éric Belouet. — État civil (juin 2015).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable