CROS Irénée [alias "Calmette" pseudonyme de Résistance]

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

Né le 15 décembre 1887 à Courniou (Hérault), exécuté le 14 décembre 1943 à Foix (Ariège) ; agent voyer dans l’Ariège puis architecte ; Résistant (Combat, MUR, AS) ; Compagnon de la Libération à titre posthume.

Irénée Cros
Irénée Cros

Fils de Joseph Cros, métayer, et de Rosa Cauquil, sans profession, Irénée Cros orphelin de père, fut élevé par sa mère, commerçante. Sa commune natale, Corniou, située au nord-ouest de l’Hérault, proche du Tarn, est un village montagnard du sud du Massif Central. Élève de l’école primaire de Saint-Amans-Soult (Tarn), il fréquenta ensuite le lycée Soult de Mazamet (Tarn), l’école de commerce et d’industrie de Mazamet (Tarn) où il obtint en 1905 un certificat pratique industriel. En 1906, il entra comme agent voyer au service vicinal de l’Ariège à Pamiers. Il effectua ensuite son service militaire au 2e régiment du Génie à Montpellier (Hérault) d’octobre 1908 à septembre 1910. Il se maria avec Jeanne Segond.

Avant la Première Guerre mondiale, il poursuivit sa carrière de fonctionnaire des Ponts-et-Chaussées. Il fut d’abord agent voyer à Saint-Girons (Ariège) puis, le 1er janvier 1911, agent voyer cantonal auxiliaire au bureau de l’agent voyer de Foix (Ariège). Le 13 décembre 1913, il devint agent voyer à Quérigut (Ariège) et, le 20 mai 1914, agent voyer à Foix. Il était chargé des bâtiments du département et assura en particulier la reconstruction de l’école normale de filles de cette ville.

En 1914, il fut mobilisé au 2e régiment du Génie, puis au 24e régiment d’Infanterie coloniale (un régiment "perpignanais"). En août 1915, il fut muté à la Poudrerie nationale de Bergerac (Dordogne) où il mit en route d’importants travaux, perfectionnant divers procédés techniques. Il fut démobilisé en juillet 1919 avec le grade d’ingénieur des poudreries.

Démobilisé, il reprit sa carrière d’agent voyer. Il suivit des cours à l’école des Travaux publics à Paris et, le 1er février 1923, il s’installa comme architecte à Foix. Ses réalisations furent très nombreuses dans le département de l’Ariège. Avant la Seconde Guerre mondiale, il était directeur technique de Foix. Du point de vue politique, il n’était affilié à aucun parti. Homme de gauche, "laïque", on le disait proche du parti radical-socialiste.

En septembre 1939, il fut mobilisé à la Poudrerie nationale de Bergerac qu’il remit en route. En 1940 il fut chargé de la réhabilitation de la Poudrerie Nationale de Bergerac puis d’un projet de nouvelle usine au Fauga (Haute-Garonne).

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il était domicilié à Foix , 4 cours Bruilhols.

Irénée Cros s’engagea dans la Résistance dès juin 1940 ; il mobilisa autour de lui un groupe de militants qui partageaient ses convictions et il devient d’abord le chef du mouvement Combat dans l’Ariège.

Connu sous son pseudonyme de "Calmette", il devint chef départemental des Mouvements Unis de Résistance (MUR) en Ariège, dès leur création en mars 1943 après que les organisations départementales de Combat et de Franc-Tireur eurent fusionné. Jules Amouroux, chef départemental de Franc-Tireur devint, au sein des MUR, l’adjoint d’Irénée Cros.

Dans les cadre des MUR de l’Ariège et la R4, Irénée Cros déploya une grande activité mettant en place l’AS et le NAP. Il s’’occupait aussi des passages clandestins vers l’Espagne, et, à partir de 1943 de la mise en place des premiers maquis (AS) du département.

Il fut trahi par un agent de renseignements des MUR, Cuillé, qui livra les noms de responsables des MUR de la R4 à Katz de la Sipo-SD. Les Allemands pénétrèrent chez lui, 4 cours Bruilhols à Foix dans la nuit du 13 au 14 décembre 1943 non sans avoir au préalable défoncé la porte d’entrée. Alors qu’il brûlait les papiers susceptibles de compromettre les MUR et les organisations qui leur étaient liés, il fut abattu d’une balle dans la nuque vers 2 heures du matin par un adjudant de la Sipo, Kottek (Autrichien d’origine).

Il fut enterré le 16 décembre à Montgailhard (Ariège), commune de la périphérie de Foix. Un cortège de plus d’un kilomètre de long, filmé par les Allemands, l’accompagna jusqu’au cimetière.

Irénée Cros a été nommé Compagnon de la Libération à titre posthume en 1946.

Le lycée professionnel de Pamiers porte son nom.

Son nom figure sur une plaque commémorative apposée à Courniou, son village natal. Elle porte l’inscription : "Irénée Cros chef des MUR assassiné par les nazis le 16 décembre 1943. Courniou 1887- Foix 1943".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article174563, notice CROS Irénée [alias "Calmette" pseudonyme de Résistance] par André Balent, Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 2 septembre 2015, dernière modification le 13 décembre 2020.

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

Irénée Cros
Irénée Cros

SOURCES : Claude Delpla, "L’assassinat d’Irénée Cros", La Dépêche, 14 décembre 1998. — Site : www.resistance-ariege.fr. — Site des Compagnons de la Libération. — État civil. — MemorialGenWeb, consulté le 4 mars 2016 (André Balent). — Notes d’André Balent et de Jean-Pierre Besse.

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