Par Jacques Girault
Née et morte à Brignoles (Var) 16 juin 1912-13 janvier 1990 ; institutrice dans le Var ; résistante ; militante socialiste puis communiste ; adjointe au maire de Toulon.
Fille du coiffeur d’opinions socialistes Édouard Sauve* et d’une couturière, Alberte Sauve reçut tous les sacrements catholiques. Après des études à l’école primaire supérieure de Brignoles, elle entra à l’École normale d’institutrices de Draguignan (Var) en octobre 1930. Institutrice à Saint-Julien (Saint-Pierre, 1933-1934), à La Roquebrussanne (1934-1939), à Brignoles (école maternelle, 1939-1944), à Toulon-Siblas (directrice, 1944-1945), à La Farlède (directrice, 1945-1946), elle fut nommée à l’école du Fort-Rouge à Toulon qu’elle dirigea jusqu’à la fin de sa carrière.
Membre de l’Union générale des membres de l’enseignement public, section départementale du Syndicat national des instituteurs, cheftaine des Éclaireuses de France, elle participa à la Résistance dans la région brignolaise en liaison avec Jean Ferrari dans le cadre des MUR et de l’ORA. Elle s’engagea, le 30 septembre 1944, au régiment FFI des Maures. Affectée dans un régiment d’infanterie alpine à Embrun (Hautes-Alpes), elle fut démobilisée le 3 novembre 1945 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
Adhérente du Parti socialiste SFIO à Brignoles à la Libération, Alberte Sauve fut désignée par le congrès de la fédération socialiste SFIO à Saint-Raphaël (Var), le 25 août 1946, comme responsable fédérale des femmes socialistes SFIO et suppléante de la commission féminine nationale en 1950. Elle organisa et dirigea pendant quelques années les colonies des vacances du mouvement de l’Enfance ouvrière à Hyères (La Capte), puis à Taninges et à Samoëns (Haute-Savoie). Elle organisa des échanges d’enfants avec la Belgique et avec le département de la Haute-Savoie. Membre du comité fédéral et du bureau fédéral du Parti socialiste SFIO depuis 1946, candidate aux élections municipales de Toulon sur la liste "d’action républicaine et socialiste", le 19 octobre 1947, élue deux ans plus tard, elle fut réélue le 26 avril 1953 sur la "liste républicaine et socialiste". Déléguée aux œuvres sociales et aux colonies de vacances, elle fut une des signataires de l’accord avec les élus communistes, le 11 février 1955. Après la dissolution du conseil le 29 mars 1955, réélue le 22 mai sur la liste "d’action municipale républicaine et socialiste" avec 11 446 voix et signes préférentiels sur 68 767 inscrits, elle devint huitième adjointe au maire, chargée des œuvres sociales, des colonies de vacances, des garderies et des patronages. Ces secteurs s’accrurent après le retrait des délégations aux adjoints communistes en novembre 1956. Elle devint quatrième adjointe après la démission des adjoints communistes.
Membre de la commission de la presse de la section socialiste SFIO de Toulon, Alberte Sauve devint secrétaire fédérale adjoint en mars 1956. S’étant prononcée pour une réponse négative au référendum lors du congrès fédéral, le 7 septembre 1958, elle démissionna de ses responsabilités fédérales avec quatre autres militants, dont Jean Charlot, la semaine suivante. Elle fut déléguée au congrès national (11-12 septembre 1958) et quitta le Parti socialiste SFIO avec Charlot. Secrétaire fédérale adjointe du Parti socialiste autonome en 1959, elle exerça la même responsabilité au début du Parti socialiste unifié en 1960.
Quelques années après, Alberte Sauve adhéra au Parti communiste français et figura parmi les candidats aux élections municipales de la liste "d’Union républicaine et laïque…" composée de membres du PCF et du Parti socialiste unifié. Le 14 mars 1965, elle obtint 13 644 voix sur 95 789 inscrits et en retrouva 15 907 au deuxième tour.
Retraitée, Alberte Sauve résida alternativement à Toulon ou à Brignoles. Elle n’adhérait plus au PCF. Hémiplégique depuis 1983, elle vivait seulement avec sa sœur à Brignoles.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Com. Toulon. — Arch. J. Charlot (Centre d’histoire sociale du XXe siècle, Université de Paris I). — Presse locale. — Sources orales. — Renseignements fournis par la sœur de l’intéressée. — Notes de Jean-Marie Guillon, de Salvator Liberace et de Gilles Morin.